Divagations entre les rayonnages...

Invité

Il aurait été surprenant, sachant que l'on se trouvait dans la bibliothèque, de voir Athalie faire autre chose que lire. Nous ne surprendrons pas le lecteur éventuel en précisant que le livre à la lecture duquel elle s'était attelée n'était pas à mettre entre toutes les mains. Histoire de la torture à travers les siècles, Tome 2, les méthodes gréco-latines, ce n'était pas forcément la lecture la plus saine et la plus appropriée pour une demoiselle de quatorze ans à la bouille angélique. Mais bon, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et manifestement, la Bibliothèque de l'Ecole du Flux n'était pas forcément le meilleur endroit pour se plonger dans Super Picsou Géant et autre Journal des Schtroumpfs... et de plus, même si Athalie n'avait pas encore vraiment compris l'intérêt de faire du mal aux gens (même si elle ne l'avouerait jamais en public tant qu'elle se trouverait dans les locaux de l'école, bien entendu), ça l'intéressait malgré tout de savoir comment on faisait. Simplement par curiosité, bien sûr. Et puis, qui sait, peut-être qu'un jour cela pourrait lui servir....

Cependant, il fallait avouer que la petite demoiselle avait du mal à s'absorber dans sa lecture. Par que la bibliothèque fut bruyante, loin de là. C'était même l'endroit idéal pour être tranquille, d'autant qu'aujourd'hui, elle était presque déserte. On était un samedi après-midi du mois d'octobre, et la plupart des élèves avaient désertés les lieux pour se livrer à des activités plus... ludiques, disons. Mais justement, ce calme, cet absence du moindre souffle dérangeait la blonde. D'autant qu'il n'était guère motivant de travailler lorsque chacun vaquait à des occupations plus intéressantes. Mais après tout, à part retourner aux dortoirs où la plupart de ses condisciples de la Paresse devait être en train de dormir, elle n'avait pas grand chose d'autre à faire... et pas non plus vraiment le courage de chercher, d'ailleurs.

Athalie était souvent en proie à l'ennui. Cela ne la dérangeait pas fondamentalement, d'ailleurs. C'était toujours plus reposant que se démener à trouver des activités qui, en fin de compte, ne servait à rien. "Tuer le temps" était une expression qui la révoltait. Alors, oui, autant se forcer à lire un bouquin chiant comme la pluie plutôt que de courir partout pour trouver quelqu'un avec qui discuter, se disputer, s'insulter, et plus si affinités. Mieux valait rester ici, bien tranquillement. Si elle n'allait pas à l'animation, peut-être que l'animation viendrait à elle, qui sait?

Elle tourna la page, et posa son joli regard bleu sur une description détaillée et explicitées par des schémas très réalistes de la manière dont on pouvait arracher les ongles des gens à la tenaille. Elle jeta un bref coup d'oeil aux doigts de sa main gauche, qui se crispa. Beurk! Elle passait bien trop de temps en manucure pour ne pas penser avec terreur à tout ce travail qui serait gâché si quelqu'un s'avisait de vouloir lui faire subir un truc de ce genre. Répugnant!

Elle ferma le livre d'un claquement sec, rompant volontairement le silence des lieux. Non, décidément, elle avait une âme encore trop douce et trop sensible pour ce genre de chose. Elle avait beau essayer, s'efforcer, ça ne fonctionnait pas, elle n'aimait pas ça. Ça l'intéressait, à la rigueur, mais de loin. Elle pouvait feindre pour les cours, avec cet esprit de bonne élève qui la caractérisait, mais face à elle-même, non c'était impossible.

La demoiselle s'éloigna pour ranger le livre à sa place, soigneusement - on lui avait toujours appris à respecter scupuleusement ce genre d'objets- et parcourut les rayonnages des yeux, frôlant au passage les couvertures plus ou moins usées du bout des doigts. Il devait bien y avoir, quelque part, quelque chose suceptible de l'intéresser?

(Franz?)

Invité

Il y était presque...C'était bientôt fini...

Franz était quelqu'un doué d'un talent inégalable pour investir son temps et son énergie dans des choses totalement inutiles. Mais que voulez-vous, quand on a déjà fini tous les jeux vidéos, lu toutes les bandes dessinées, et vu tous les films avant leur sortie, il faut bien trouver quelque chose pour s'occuper. Surtout quand, comme Franz, on a une sainte horreur de s'ennuyer. Et dieu sait que l'école était calme, en ce moment...Bien trop calme. Et puis il s'était fait tabasser, la semaine dernière, alors il essayait de se faire un peu discret (c'était surtout ça, en fait...).

Bref.
Franz était - chose incroyable - d'un calme olympien, concentré sur un livre. N'allez surtout pas croire qu'il le lisait. Il n'y a pas assez d'images dans tous ces tas de déchets. Non, figurez vous qu'il avait eu une idée de génie : installer sur les couvertures des livres de la bibliothèque un petit mécanisme, semblable à ceux des cartes de vœux musicales, qui permet, une fois le livre ouvert, de déclencher une mélodie parfaitement insupportable. L'astuce étant, bien sûr, de régler le volume au maximum.

Je ne sais pas pour vous, mais en tout cas, pour Franz, l'idée était fabuleuse. Rien qu'imaginer la tête des gens devant un "joÂÂÂyeuzAAAnivËËËrsaaaaaire !" strident, ou ~~pire~~ mieux ! Oligés de lire dans un vacarme épouvantable, il en ricanait déjà bêtement dans son coin. L'abruti. Ah, au fait, si vous vous demandez d'où viennent les mécanismes, ne cherchez pas, papa chéri les a fait passer dans l'école pas plus tard qu'avant-hier.

Aha ! Enfin ! Tout était fin prêt ! Plus de deux cents livres englués de chansons hypocrites et criardes ! Merveilleux ! Dommage qu'il n'en ait pas eu un peu plus...Tant pis, il reviendra une autre fois. Bon. Il était temps de faire un essai !
Après avoir disséminé ses livres piégés un peu partout dans la bibliothèque, il en prit trois au hasard et les balança au dessus de son épaule. Ils retombèrent grand ouverts sur le sol de la bibliothèque et commencèrent à entonner joyeusement trois mélodies pimpantes dans une harmonieuse cacophonie.

Ça ne s'arrangea pas quand le rire malsain et suraigu d'un Franz hilare retentit avec elles. Que voulez-vous. On s'amuse comme on peut.

Invité

Athalie n'avait pas vu Franz préparer sa blague, pour la simple et bonne raison qu'elle se trouvait dans un tout autre secteur de la bibliothèque, plongée dans la lecture des premières pages de Dracula. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

Cependant, cela ne l'empêcha pas de relever la tête lorsqu'une étrange (et horrible!) musique s'éleva dans la pièce, mêlant un « joyeux anniversaire », un « mon beau sapin roi des forêts » et le générique d'une émission pour enfant. Les quelques élèves qui travaillaient dans ce lieu dédié (normalement) au calme et au savoir refluèrent de l'endroit d'où s'élevait la cacophonie. Certains riaient sous cape. La blonde demoiselle quant à elle, chercha des yeux le bibliothécaire, mais apparemment, le responsable des lieux avait du s'absenter, ou du moins demeurait invisible.

Poussée par la curiosité (comme animation, elle aurait sans nul doute proposé quelque chose de plus explosif, mais bon, ce n'était après tout pas elle qui décidait), elle alla contre-courant des quelques élèves qui fuyaient le secteur « infecté », et se retrouva bientôt près de la source de l'étrange bruit. Ce fut à ce moment que le rire de Franz lui déchira ce qui lui restait de tympans.

Bon, au moins, le malfaiteur était identifié. Dire qu'Athalie connaissait Franz de vue aurait certainement été un pléonasme, vu le look de l'élève de l'orgueil. Elle n'avait pas vraiment d'avis sur le personnage. Simplement, elle avait toujours évité de l'approcher de trop près. Et il ne s'en était jamais pris à elle. Elle le trouvait... intéressant... en tant que cas clinique de première catégorie, s'entend.

Elle s'approcha lentement, l'air plus intrigué qu'en colère ou amusé, et attendit que l'attention du (petit, très petit) jeune homme ne se tourne vers elle. La jeune fille aurait pu refermer les trois livres, mais elle ne le fit pas. Pas qu'elle apprécie la musique, simplement, ça représentait une démarche qu'elle n'était pas prête à faire, alors que Franz était plus près des livres et qu'après tout, c'était son idée.

« C'est pas malin », déclara-t-elle simplement.

Mais vu son ton et le regard neutre qu'elle porta vers les livres trafiqués, on aurait tout aussi bien pu croire que ça lui était parfaitement égal.

Invité

L'hilarité de Franz eut beaucoup de mal à s'éteindre, surtout quand il constata que sa blague faisait son effet, que des gens cavalaient de partout, et que d'autres mélodies retentissaient déjà dans d'autres coins de la bibliothèque. Mais bon, quand sa mâchoire et ses côtes commencèrent à coincer, il se calma un petit peu.

C'est à ce moment là que, malgré le vacarme, il distingua un « C'est pas malin ». Ahaaaa ? Un peu d'attention ? Enfin ? Il se retourna et fit face à Athalie. Ahh, oui, la p'tite dernière Weissinsel, oui, oui. Très comme il faut, celle là. Un peu trop, à son goût. Est-ce qu'elle allait enfin sortir de ses gonds ?

Franz prit la pose fièrement (même s'il n'y avait pas de quoi) et lui lança un regard perçant, histoire d'exercer un peu son flux. Voyons ce qu'on peut en tirer...Malheureusement, comme beaucoup de ses congénères paresseux, ces feignants n'ont que trop peu d'adrénaline, et sont donc d'un lassant...Cependant, il constata une légère concentration de dopamine dans les récepteurs D4...Au moins il avait toute son attention, c'était déjà un bon début !

- Au contraire, Fraulein, finit-il par lui répondre, mon plan génial a - et va ! énerver des tas de gens, qui a leur tour vont passer leurs nerfs sur d'autres gens...Quoi de mieux pour rendre l'école plus chaotique et plus excitante ?

Il était si fier de lui qu'il ne se priva pas de montrer son sourire le plus fourbe - qui lui donnait franchement l'air bête. Il fit un ou deux pas vers elle, toujours sur les airs hybrides de joyeuses fêtes et de Bioman.

- Mais ça, bien sûr, c'est quelque chose qu'une gentille petite fille comme vous ne pouvez pas comprendre...

Curieusement il était de bonne humeur. A cause de sa bêtise, bien sûr. Mais il était aussi ravi d'avoir quelque chose de complètement nouveau avec lequel jouer.

Invité

(désolée, problèmes divers et variés, j'essaierais d'être plus régulière, promis^^)

Athalie se permit un haussement de sourcil perplexe et un léger sourire, teinté d'incrédulité, lorsque Franz prit la peine de lui expliquer à quel point son plan était génial, ambitieux, et pourquoi elle aurait du se pâmer d'admiration devant lui. Ce qu'évidemment elle n'était pas vraiment tentée de faire (ça se comprend, non?).

Elle n'avait pas vraiment envie de rendre l'école plus chaotique et plus excitante. Son but était d'y survivre encore pendant quatre ans, pas envie de se faire démolir le portrait avant par des élèves surexcités à cause de quelques bouquins trafiqués. Elle le regarda faire quelques pas vers elle avec un sourire qui ne lui donnait pas vraiment l'air plus intelligent (le problème avec Franz, c'était que vu son allure et sa manière de présenter les choses, la douce Athalie avait un peu de mal à le prendre au sérieux.). Elle l'écouta la traiter de "gentille petite fille". Parce que oui, dans cette école bizarre, c'était une insulte. Elle avait fini par s'y faire, et haussa négligemment les épaules, avant de déclarer tranquillement:

"Vous avez quand même de la chance, mein Herr, d'être tombé sur une gentille petite fille plutôt que sur un élève de la colère. Un sixième année par exemple... Je pense que la situation vous aurait tout de suite paru moins excitante. Elle aurait pu être drôle pourtant... Mais comme toujours, tout dépend du point de vue selon lequel on se place."

Et nul doute que la jeune fille sous-entendait que la situation aurait pu devenir intéressante de son point de vue à elle. Ou de celui dudit élève de la colère.

Elle ne se départit cependant pas de son sourire tranquille, presque rêveur, et continua, en désignant les livres qui couinaient toujours des mélodies de plus en plus horripilantes.

"Mais bon, ce serait quand même dommage de se faire pincer sur les lieux du crime, non?"

En effet, le bibliothécaire pouvait revenir d'un moment à l'autre. Oh, Athalie se fichait bien du sort de Franz. Mais elle avait envie de poursuivre la discussion. Çà la désennuierait certainement. Néanmoins, se faire accuser d'être la complice du garnement ( elle doutait qu'un simple "comment? moi? mais non, voyons!" en ouvrant de grands yeux clairs et innocents pouvait suffire à prouver qu'elle n'avait rien fait") n'était pas vraiment un de ses projets d'avenir. Elle avait même de légers doutes sur le fait d'avoir un avenir après ça, d'ailleurs... mais bon, passons sur ce genre de détails assez peu réjouissants.

"D'ailleurs, la plupart des gens désertent la bibliothèque... peut-être qu'il serait temps d'aller observer la deuxième phase de l'opération, vous savez, le moment où tout le monde va trouver quelqu'un sur lequel passer ses nerfs... mais de loin, bien sûr!"

Pour éviter d'être la personne sur laquelle passer ses nerfs, c'était évident...

Invité

[No problem, je poste avant de plus trop pouvoir, moi non plus]

Pas de doute, Athalie savait s'y prendre avec les sales gosses. Elle aurait fait sûrement une très bonne baby-sitteuse si elle n'était pas prédestinée au Mal. Elle avait touché un point sensible, et la belle assurance de Franz s'évanouit en même temps que la couleur déjà pâle de son visage. Il avait encore du mal à s'asseoir, après sa dernière rencontre avec un élève de la Colère, et s'il comptait bien prendre sa revanche d'une façon ou d'une autre, il préférait éviter que ce soit tout de suite...

Après avoir écouté encore un peu la jeune fille, son sourire en coin revint : il n'avait certainement pas l'intention de moisir ici, non. Alors autant enchaîner avec une des étapes qui lui plaisait aussi : la course poursuite !

- Je suis bien d'accord...C'est quand même moins drôle quand on se fait attraper. Mais, juste au cas où on cherche à me pincer...

Franz regarda autour de lui : des cris indignés retentissaient déjà, il n'avait pas intérêt à traîner. Il se rapprocha un peu d'Athalie, son sourire s'élargissant lentement :

- Il me faut un otage !

Avec plus de force que ce qu'on aurait pu présager, Franz agrippa le bras de la jeune fille et la traîna derrière lui. Ne se préoccupant pas de si elle arrivait à le suivre sans trébucher ou sans se cogner, il se faufila entre les étagères, et parvint à atteindre une des portes de la bibliothèque juste avant l'arrivée de surveillants.

[---> Vers où tu veux ! Smile

]

Invité

=> Prise d'otage

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