Cherche, s'amuse le temps d'un matin.[libre]

Elvira, quant à elle, somnolait. Elle était allongée sur le dos, le nez levée vers le ciel de Novembre. Le temps était doux pour cette période, une légère brise soufflait... Les conditions parfaites pour aller s'étaler dans la cour. La jeune fille avait chaussé d'énormes lunettes noires, lunettes de toute évidence volées, ne serait-ce que parce qu'elles ne correspondaient absolument à son style habituel. Mais, allez savoir pourquoi, Elvira les aimait. C'était rare qu'elle sorte les objets qu'elle volait de leur carton. Elle préférait les regarder de temps en temps, un moment, puis les ranger à nouveau. Mais la voleuse savait faire des exceptions, et elle avait besoin de protéger ses yeux délicats du soleil.

L'avare soupira. L'école lui semblait bien calme. Pourtant, il n'y avait pas si longtemps, un cyborg venu d'on ne sait où pulvérisait gaiement les élèves du Val. C'était comme si l'évènement n'avait pas été si important que ça. On faisait comme si rien ne s'était passé. Pourtant Elvira n'était pas de cet avis. Si quelqu'un cherchait à les détruire, elle aurait aimé savoir qui. Elle était voleuse, donc curieuse. Et elle tenait à sa peau aussi. Enfin, elle faisait confiance aux adultes pour s'occuper du problème. Et après tout, l'école était blindée de membres des F. La jeune fille gigota. Malgré tout, elle ne se sentait plus autant en sécurité ici.

Elle en était là de ses pensées lorsque qu'un froid soudain envahit son visage. Quelqu'un s'était mis entre le soleil et elle, la couvrant d'une ombre désagréable. Elvira poussa un petit grognement destiné à montrer l'étendue de son mécontentement, puis elle leva ses lunettes sur son front. Oui parce qu'en fait, elle ne voyait strictement rien avec. Et donc, elle découvrit un Benedikt qui paraissait bien affairé. Il semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un, étant donné son air réjouit. En attendant il ne trouvait rien et il la privait des rayons salvateurs de ce soleil d'automne. Elvira soupira et s'adressa au peintre:

"On cherche quelque chose?"

Après tout, elle savait où trouver la plupart des trucs que les gens cherchaient. Enfin, s'il attendait une charmante demoiselle, la voleuse serait bien en peine de l'aider.

Benedikt attendait dans le vent quand Elvira se pointa. Il ne la regarda pas vraiment et continuait de sourire. Mais la jeune fille lui posa une question aussi fut contraint de la regarder elle et ses lunettes ridicules et de lui dire sur un ton excédé et comme si ses mots coulaient de sens.

Muse

Benedikt regardait la cours et sentait toujours le souffle du vent. Liz était venue rejoindre Elvira et plus il regardait moins il voyait une muse et Liz se pointa. Elle alla discuter avec Elvira et Benedikt ne prêtait pas d'avantage attention à l'une qu'à l'autre, ni même à leur discussion. Il sentit tout d'un coup ses côtes récemment cassées qui bien que toujours soutenues par son flux sanguin le faisait encore un peu souffrir. Décidément ce n'était pas un si bon jour pour peindre. Non son corps ne supportait plus trop le chevalet aussi décida-t-il de rentrer se reposer sur son lit.

:arrow: Dortoirs de la gourmandise

A la réponse de Benedikt, Elvira leva les yeux aux ciels. Comme si chercher une muse dans cette école tombait sous le sens. Il pouvait chercher longtemps, le peintre. Les filles ici lui faisaient plus penser à d'énormes mantes religieuses qu'aux envoûtantes créatures qui inspiraient les artistes. Elle laissa échappa un soupire méprisant qui se perdit dans la brise d'automne, Benedikt ne faisant pas plus attention à elle qu'au banc sur lequel elle avait posé ses fesses. Elle avait bon dos la Muse, songea l'avare. Si monsieur pensait que sa petite chevauchée avec Aurora Malone était passée inaperçue, il se gourait.

C'est alors que Liz fit son apparition. Un peu surprise, Elvira répondit à son salut par un mouvement de tête. Les jeunes filles ne s'étaient pas croisées depuis l'Assemblée. Liz affichait un sourire amical, plutôt étrange en ces lieux et pour quelqu'un dont la vie était pourrie par un Flux défectueux. Mais maintenant qu'elle y pensait, la voleuse de bouquins était amicale. Durant la bataille de l'Assemblée, elle n'avait pas hésité à lui révéler pas mal d'informations, et Elvira s'en souvenait. Elle se souvenait aussi que la jeune fille avait tué Gilbert Robert et le cyborg sans aucune hésitation, malgré son état. Tout ça lui faisait dire qu'on avait peut-être tendance à la sous-estimer. C'est Valentin qui devait le mieux s'en souvenir... Elle ignorait d'où venait leur haine réciproque, et s'en foutait un peu à vrai dire. Elvira leva un sourcil. 'Lvira, on lui avait jamais encore sorti comme surnom. L'accent campagnard de Liz semblait déplacé dans un endroit pareil. Elle passa sur le nom. Liz venait donc lui demander un cric. Un cric? Ça c'était original. Evidemment, Elvira en avait un. Mais il lui avait peut-être servi une fois, voir deux. Pas le genre d'objet dont elle avait besoin ici. Elle haussa les épaules.

"Bien sûr, pas de problème. Il est dans ma chambre, on va le chercher de suite si tu veux."

*Mouais, en théorie il doit trainer sous mon lit... Ou dans l'armoire... Quelque part quoi.*

Elvira ne posa aucune question. Elle ressentait une certaine camaraderie vis à vis des autres voleurs, tant qu'ils ne louchaient pas vers les mêmes choses. Aucune chance avec Liz. Si cette dernière nourrissait une passion pour la littérature, la jeune fille, en tant que pie, touchait un peu à tout. Elle marchait par coups de coeur, mais tous ses trésors avaient un point commun: ils semblaient avoir de la valeur pour leurs anciens propriétaires. Mais revenons à notre cric. Elvira ne demanda aucune explication complémentaire, laissant Liz libre de lui expliquer ce qu'elle voulait -ou pas. C'était une certaine forme de confiance au final. Très légère hein. Maintenant qu'elle y pensait, est-ce qu'elle n'était pas en train de s'adoucir? Pourquoi est-ce qu'elle avait tendance à aller vers les autres, au lieu d'attendre qu'ils bougent leurs fesses? Pourquoi est-ce qu'elle répondait gentiment, et, horreur des horreurs, trouvait même quelques personnes ici dignes d'intérêt? La jeune fille retint une grimace, et pria pour que personne ne l'ait remarqué. Il n'y avait pas grand danger, la voleuse s'arrangeant toujours pour rester la plus discrète possible. Mais quand même.

*Ce regain de gentillesse vient peut-être du fait qu'un ennemi commun est apparu, avec l'intention très claire de nous exterminer.*

Et voilà, elle repensait à nouveau à l'Assemblée et à ce cyborg étrange. C'est certain qu'on se sentait beaucoup plus proches des gens avec qui on essayait de survivre... Pendant ce temps, Benedikt en profita pour se faire la malle, négligeant les deux avares. Fronçant les sourcils, Elvira lui rendit la politesse en lui tendant un doigt à visée clairement insultante. Il ne le vit pas, mais c'était son but. Elle n'avait pas non plus envie de se battre avec lui. Abruti. Et voilà ce qui arrivait quand on essayait d'être aimable. Faire confiance, c'est se destiner à être trompée, se répéta la jeune fille une fois de plus. Surtout au Val des Ombres.

[HRP] Ouais, je reprends enfin le rp! xD [/HRP]

[HRP] Attends attends, j'essaye aussi XD [/HRP]

Un rire clair franchit les lèvres de la jeune rousse, en voyant le geste d'Elvira. En même temps il le méritait, parce qu'elle connaissait aussi les rumeurs sur ce qu'il se serait passé entre lui et Aurora, et, cela allait sans dire, il avait donc probablement des idées sur des occupations bien particulières avec sa "muse". Pire encore, c'était une connaissance presque intime avec Valentin, et, cela allait aussi de soi, les amis de ses ennemis étaient ses ennemis. Bon, fatalement, dans une Ecole pareille, Liz collectionnait les ennemis. Cela ne la dérangeait pas plus que cela, puisque la plupart du temps, elle était paumée, dans un état légumineux intense, et bien incapable de faire quoi que ce soit contre les autres, voire même de savoir ce qu'on lui faisait.

Bref, Liz n'aimait pas plus que cela le type qui partait d'un air déçu, et tant pis pour sa gueule - expression qui était tout de même un poil plus sympathique que ce que sous-entendait le geste de sa camarade de Péché - . Il y avait quelques temps, la jeune rousse se découvrait des tendances héroïques, ou suicidaires, ou protectrices - barrez la mention inutile - , et s'attaquait à un vieux qui pue - héroïque - et à un cyborg - suicidaire, donc vous savez quoi barrer, je vous mâche le travail - . Désormais, elle avait repris son rôle de souffre-douleur de l'Ecole du Flux, de "tapez-moi, je m'en fous, je suis un légume", et avec le sourire je vous prie. Elle était donc elle-même, et avait laissé de côté ce qu'il s'était passé, pour donner l'occasion aux autres d'oublier, et retrouver calmement ses livres, ses vols, tout ce qui faisait de sa vie quelque chose d'agréable à sentir. Et là, elle avait une idée pour s'amuser.

Elle adressa un regard ravi à la jeune fille à ses côtés, plus qu'heureuse de savoir qu'elle allait avoir l'objet qu'il lui manquait dans sa quête. Décidément, la journée commençait bien - du moins, autant qu'elle le pouvait pour quelqu'un comme elle - et l'Ecossaise en venait à se demander si elle ne pouvait pas se permettre, par un pur hasard, d'oser quelque chose de réellement attrayant. Vous l'aurez compris, elle avait une idée de vol, et cela suffisait à lui donner un visage charmant.

-On peut l'chercher, ouais, mais j'ai une idée.

Proposer à Elvira d'être sa complice, était-ce réellement une bonne idée, ce n'était pas certain. Mais pour ce qu'elle avait en tête, deux voleuses valaient mieux qu'une. Et comme elle ne cherchaient pas la même part du butin, elles devraient y trouver leurs comptes. Chargée de cette certitude très optimiste - mais après tout, elle était spécialiste dans l'optimisme, non ? - , Liz prit un air de conspirateur absolument pas discret, et murmura :

-Tu t'es déjà introduite dans le laboratoire du Directeur ? On devrait y trouver des trucs sympas, non ?

Ca, pour sûr, il y avait certainement des tas de brouillons aux valeurs inestimables. Et puis, l'air de rien, elle voulait essayer de voir s'il n'y avait pas un minimum de recherches de faites pour savoir comment se sortir d'un cas de rejet. Entrer dans ce lieu pourrait peut-être répondre à certaines de ses questions, ce qui n'était pas négligeable. Restait à convaincre Elvira de l'accompagner. Pourquoi Elvira ? Parce que Liz jugeait qu'elle était probablement une des meilleures voleuses de cette Ecole, et parce que se "battre" à ses côtés, pendant l'Assemblée, lui avait paru sympathique. Jamais elle n'avait senti d'animosité venant de cette jeune fille - bon, d'accord, elle ne sentait pas grand chose en général - . Alors elle pensait pouvoir faire confiance à cette Avare.

L'air de rien, au passage, elle songea que cela devait être rare, que de voir deux Avares sur le point de faire un mauvais coup ensemble...

-On peut essayer d'y aller, non ? Tu prends c'que tu veux, moi j'ai b'soin de voir ses brouillons. C'pourrait être intéressant...

[HRP]Eh ben ça tombe bien j'avais envie de rp aussi tiens XD[/HRP]

L'excitation qui parcourait Liz à l'idée de voler les brouillons de Caliban faisait bien évidemment battre son cœur un peu plus vite que la normale aussi sentit-elle -quoi que ce ne soit pas vraiment le terme adapté pour une perte de sensibilité- de moins en moins son pied droit, elle qui commençait à se prendre pour un légume pourrait prendre ça comme les préliminaires à un enracinement en bon et dû forme, non?
En tout cas au fur et à mesure qu'elle expliquait à Elvira elle ne sentit plus rien au bout de sa jambe, comme si celle-ci était lentement happée par le sol qui se trouvait toujours sous ses pieds lui affirmait son autre jambe.

Alors ça, c'était la meilleure. La conversation était partie sur un cric, objet sympathique et inoffensif. Alors comment Liz en était arrivée là? Elvira se posait cette question, idiote certes, mais bon, tandis que son visage devenait aussi expressif que celui d'un mérou hébété. Visiblement, la jeune fille avait été perdue en cours de route, plus précisément au moment ou la rousse avait prononcé les mots "laboratoire du Directeur". Oui, parce que ces mots se trouvaient dans l'une des nombreuses listes mentales qu'Elvira élaborait. A savoir, la liste: lieux à ne voler sous aucun prétexte. La Liste, avec un grand L, celle qui donnait des sueurs froides dans le dos, tout ça quoi... Alors combiner "laboratoire du Directeur" avec "introduire", c'était un très mauvais mélange.

C'est à peu près à ce moment là que la voleuse se rendit compte qu'elle était restée figée avec sa tête d'ahurie. Gênée, elle eut un rire étrangement tendu et étouffé. Agrippant Liz par l'épaule, elle jeta des petits regards aux alentours. Il ne manquerait plus que quelqu'un les ait entendues. Secouant légèrement la tête, Elvira se mit à expliquer à Liz pourquoi piller le Directeur n'était pas une si bonne idée que ça. Tiens, il y avait tellement d'arguments qu'elle pouvait en faire une liste à part entière.

"En effet, débuta la voleuse d'un air cynique, ça pourrait être diablement intéressant. On serait même très heureuses. Du moins les premières heures après avoir visité son labo, parce qu'après, quand il nous démasquera -et crois-moi, il le fera, on le serait beaucoup moins, heureuses. Je suis même sûre qu'en regroupant nos deux imaginations, on n'arrivera pas à prévoir le quart des tortures qu'il nous ferait subir, dans ce même laboratoire probablement."

Oula, la voleuse s'emportait et en devenait bavarde, elle qui ne parlait presque jamais. Lâchant l'épaule de sa camarade, Elvira lui jeta un regard étrange. Fallait-il qu'elle soit naïve pour venir lui parler de ça. Et si elle la dénonçait, tiens? Non, c'était pas du tout son genre, et ça ne lui rapporterait rien... Mais peut-être que c'était Liz qui tentait de la piéger! Allons bon, elle devenait carrément paranoïaque.
Mais son opinion se confortait sur Liz: comme elle n'avait pas hésité à sauter sur le cyborg, elle n'hésiterait pas à mettre son plan à exécution. La brunette se demanda si c'était du courage, ou simplement le rejet du Flux qui était en train de bousiller son cerveau. Pour sa part, elle savait faire la différence entre témérité et suicide. Pendant six ans, sa règle de conduite avait été: Connais tes limites. Jamais elle n'avait fait le pas de trop, celui qui l'aurait envoyé de l'autre côté de la ligne. Elle était discrète et ne se faisait pas remarquer, surtout par l'administration. Mais est-ce qu'on pouvait cadrer un voleur?

Evidemment, Elvira était trop curieuse. Ça la démangeait de savoir ce qu'il se cachait dans ce laboratoire. Et d'en apprendre plus sur le Directeur et ses secrets. Et il y avait aussi une petite part d'orgueil au fond d'elle, qui venait la titiller de temps à autre. Dérober un objet au maître de l'école, c'était fort. La voleuse trouvait ça dommage de partir de cette école sans un coup d'éclat, un coup de maitre voleur. Son ambition grandissait. Mais mieux valait partir méconnue que dans un cercueil. Ça, c'était une bonne priorité.

Et pourtant, une petite voix au fond d'elle lui demanda: "Et pourquoi pas?" Elvira la fit taire, et continua son argumentation face à Liz.

"Tu dois y avoir réfléchi un minimum avant de m'en parler, mais c'est impossible de réussir ce coup. Il doit y avoir des caméras et des pièges un peu partout, et des trucs encore bien plus horribles. Et même si on réussit le coup en lui-même, le Directeur a du repérer les voleurs de l'Ecole. Il suffira qu'il se rende compte du vol pour qu'on soit plus qu'en sursis."

Elvira se tut brusquement, levant un sourcil. Maintenant, Liz devrait trouver quelqu'un d'autre, ou tenter le coup seule... Ou alors... Peut-être qu'elle avait des réponses à ses questions. La voleuse, pour sa part, médita celle-là: Si Liz arrivait à la convaincre qu'elles arriveraient à éviter tous ces obstacles, est-ce qu'elle serait assez folle pour tenter le coup? La jeune fille imagina tous les trésors qu'elles trouveraient dans le laboratoire...

Malheureusement pour son espérance de vie, la réponse à sa question était probablement oui.

[HRP] Allez, c'est r'parti, dans la joie et la bonne humeur! [/HRP]