Et par là, qu'est-ce qu'il y a ?

[10 novembre, 10h47. Venez !]

Etrangement, Camille n’avait pas remis un pied dans la tour est depuis son premier jour à l’école, lorsque le flux lui avait été injecté. Elle avait pourtant visité à peu près tout le reste de l’école – pas question d’avoir l’air bette en ignorant un lieu, elle n’aimait pas passer pour la petite nouvelle même pas au courrant – mais était restée éloignée de cette tour. Pourquoi ? Certainement un peu par crainte de se voir reprocher de n’y avoir rien à faire, parce qu’elle risquait de croiser le directeur sans pouvoir se montrer merveilleuse ou parce qu’elle n’appréciait que bien peu les élèves de l’envie… Quoi qu’il en soit, quand deux jeunes élèves de la colère avaient commencé à rendre la bibliothèque impossible à vivre ce matin là – encore une sombre histoire de fille ou d’argent – la jeune orgueilleuse avait soigneusement rangé cahiers 24x32, double décimètre et livres couverts dans son cartable et avait décidé d’aller un peu voir ce qu’il y avait dans cette tour.

Elle avait rapidement monté les escaliers, ne préférant pas s’attarder près du laboratoire. Ce machin de flux ne le mettait pas très à l’aise, et elle détestait son pouvoir. Ces derniers jours, elle réalisait qu’en tirer quelque chose d’utile sans se faire souffrir elle-même était quasi impossible, et qu’elle aurait finalement mieux fait de se passer de ce pouvoir. Enfin, au moins n’était-elle pas malade ce samedi…

Elle grimaça en arrivant au premier étage. C’était tout ? C’était sombre, froid, moche… Elle pénétra quand même dans le couloir, pour y faire un tour. Diable, que ce pouvait être ennuyeux comme décor. Finalement, elle n’avait rien perdu en l’évitant.

Et en plus voilà qu’elle entendait des pas. Avec de la chance, cette rencontre ne serait pas litigieuse ?…

Margaret referma discrètement la porte des appartements de son mari derrière elle, avec une douceur dont elle n’avait plus l’habitude. Jusqu’à présent, l’ordinaire voulait qu’elle quitte la pièce où se trouvait Caliban en claquant violemment la porte, les nerfs à fleur de peau et les yeux lançant des éclairs. Or, cette fois-ci, elle se sentait plutôt calme… Le fait qu’elle quittait sa fille, et non son mari, aidait peut-être, après tout. Elle ne voulait surtout pas réveiller sa chère Nix, qui dormait du sommeil de l’inno… bref, qui dormait, sur son canapé préféré, épuisée par le trop plein de Flux qui s’écoulait dans ses veines.

Inquiète pour sa fille, comme toute mère qui se respecte, Maggie répugnait à la laisser seule, mais n’aimait guère l’atmosphère pesante qui s’emparait trop souvent des appartements de Caliban, ces derniers temps. Elle était donc sortie sans bruit, avant d’avoir l’impression horrible d’étouffer. Une voleuse aime la liberté. Et rester trop longtemps dans un même endroit la rendait quelque peu claustrophobe. Laissant donc Nix se reposer comme il se devait, la mère se mit à déambuler dans les couloirs de cette Ecole qui ne lui plaisait guère, mais qu’elle s’était juré de protéger, par amour pour sa famille. Les murs avaient un aspect lugubre qui la fit grimacer. Pourquoi donc cette partie de l’Ecole en particulier était-elle aussi peu attractive ? Bon, d’accord… Elle ne demandait certainement pas à ce que cet endroit ressemble à « l’attraction » du domaine, plus lointain, d’Eva Eden, mais tout de même… A se promener au travers de cette sorte de labyrinthe sinistre, on avait presque l’impression que son principal habitant n’avait pas vraiment d’âme.

Et Margaret savait bien que c’était faux. De plus, non seulement la décoration laissait à désirer, mais les couloirs étaient désespérément déserts. Pas étonnant, après tout… Caliban, en maître tout puissant qu’il était, devait effrayer la plupart de ses élèves, qui évitaient avec précaution de s’égarer dans cette partie de l’Ecole. Maggie eut un sourire un peu amer en songeant au Caliban d’autrefois. Celui qu’elle avait connu. Et que personne d’autre ne connaîtrait. Il lui manquait, parfois. Souvent.

Toute à sa rêverie, la voleuse vêtue de son habituelle combinaison noire, ne perçut pas cette présence autre que la sienne, à quelques pas de là. Mis à part ses cheveux ambrés, elle se fondait si bien dans le décor et les ombres des murs, qu’elle aurait tout aussi bien pu passer inaperçue. Ce qui était le propre d’une voleuse, à la base, non ? Sauf qu’elle n’avait pas l’intention d’être discrète, pour l’instant, et ses bottes noires claquaient sur les carreaux en un rythme régulier le long de sa déambulation… qui fut interrompue lorsqu’elle percuta quelque chose de mou.

- Oh…

Quelque chose qui se révéla être quelqu’un, au final. Margaret cligna des yeux, reprenant conscience de la réalité sous le choc, et posa instinctivement une main sur l’épaule de celle qu’elle avait failli faire tomber, pour l’empêcher de perdre l’équilibre.

- Désolée, je ne regardais pas où j’allais. Ca va ?

Autant de politesse était déstabilisant, au Val des Ombres, n’est-ce pas ? Sans doute… Mais Maggie ne réfléchissait guère à ses actes avant de les accomplir. Quand bien même la personne auprès de qui elle s’excusait serait un élève odieux et violent comme il y en a partout dans cette maudite Ecole. Aussi la voleuse fut-elle relativement surprise lorsqu’elle baissa son regard au bleu profond jusqu’au visage presque… innocent ? qui lui faisait face. Devant elle se tenait une petite fille tout ce qu’il y avait de plus modèle. Sage, au sourire angélique, parfaitement bien habillée… tout juste s’il n’y avait pas une auréole au-dessus de sa tête.

Margaret se demanda un instant si elle était toujours dans l’Ecole que dirigeait son mari, où si elle ne s’était pas trompée d’établissement scolaire. A moins que ce ne fut cette jeune fille –orgueilleuse, apparemment – qui avait été relativement mal orientée et qui était tombée par malchance dans cet enfer quotidien.

Bouche entre-ouverte, Maggie observait toujours la jeune fille aux allures de première de la classe, lorsqu’elle lui demanda soudain :

- Et bien… tu as perdu ton chemin ? Que fais-tu donc dans cette partie de l’Ecole ?

La voleuse tenta un sourire rassurant, tout en se demandant si son interlocutrice avait la moindre idée de qui elle était. Après tout, le bruit s’était répandu partout au Val, que la femme du Directeur était de retour. Mais en entendre parler était une chose. La voir et le croire en était une autre.

Bon, pour elle rencontre non-litigieuse, commencer par se faire rentrer dedans n'était pas vraiment ce dont elle aurait rêvé. Quel était l'abruti qui ne regardait même pasoù il aller ?
Pour le savoir, elle releva la tête dès qu'elel se fut unpeu stabilisée. Pas avec un air enervée, ho non ! La petite hypocrite affichait plutot un air surpris et inoffensif. Et heureusement. Car la personne à qui elel fisait face était une adulte. C'était la premièr fois qu'elle la voyait et elle ne savais pas trop de qui il s'agissait mais...

Mais elle s'excusait. Chose extremement surprenante en ces lieux, surtout dans ce sens là.

"Oui, oui, pas de problème, tout va bien"

Pour le prouver, elle afficha un sourire radieux. Et elle était en effet réellement heueuse. Elle avait trouvé quelqu'un qui, au regard qu'elle lui lnçait, semblait entrer dans son jeu de la petite fille modèle. Parfait. Pour l'occasion, elle garda sa pose des gentille petite fille un peu perdue, ce que son interlocatrice ne manqua pas de remarquer. Elel pris sa voix la plus charmante et ragile pour lui répondre :

"Oh... Non, je ne suis pas réellement perdue. C'est certainement un peu étrangeen cette période de l'année, mais je voulais visiter. Depuis la rentrée, je n'était encore pas revenue dans cette tour et il m'a semblé que ce serait bien que je connaisse un peu mieux l'école. Désolée".

Et elle ajouta, d'un air de petite fille en faiant sa bouille spéciale "je ne veux surtout faire de mal à personne" :

"C'est interdit, c'est ça ? Je suis désolée, je ne le savais pas, sinon, bien sur, je ne serais pas venue... Surtout que c'était raiment que pour visiter, alors je pouvais m'en passer."

Pendant ce temps, elle avait réfléchit à l'identité potentielle potentielle de l'inconnue. Soit il s'agissait d'un membre quelconque du personnel qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de croiser, soit c'était la femme du directeur dont on avait récemment entendu parler du retour...