[6e Années]

[HRP : J'aimerais que vous ayez posté dans le sujet qui détermine vos Options, avant de venir ici. Bien sûr, si vous avez été validés après le début du sujet, vous pouvez quand même venir ^^.
Rappel sur les cours...]

Généralement, dans ce cours, seuls les plus motivés parvenaient à rester. Il était rare qu'un élève choisisse l'Option Complot par défaut, simplement histoire d'avoir une deuxième Option. Vous allez me demander pourquoi, et bien, je vous répondrai simplement : Caliban Leviaz était le responsable de ces cours.

Caliban Leviaz... oui, le type immense, probablement le plus grand de cette Ecole, qui faisait office de Directeur et qui voyait ses élèves comme des cobayes - toujours agréable, je sais, mais il avait cette diplomatie si particulière qui faisait en sorte qu'il ne le disait pas, et pour une fois, les élèves ne devraient pas avoir à se plaindre de quelqu'un qui ne parlait pas - . Cet homme était suffisamment agréable avec ses élèves pour en avoir fait craquer un ou deux durant ses cours. Tout d'abord parce qu'il était, en effet, plutôt sec et méchant, puis parce qu'il avait cette habitude de se montrer violent avec ceux qui ne foutaient rien. Les élèves de la Paresse - pas les manipulateurs, ceux qui glandaient rien, surtout - et ceux qui se montraient trop arrogants y avaient donc reçu quelques objets volants identifiés. Identifiés comme étant des stylos, des chiffons pour essuyer le tableau, une règle en fer, une trousse, une paire de ciseaux, et, parfois, quand le Directeur en avait un peu marre, un couteau de lancer.

Il devenait, ainsi, vital de comprendre certaines règles de cette classe : travailler, être à l'heure - et même en avance s'il était de mauvaise humeur - , ne pas bavarder, ne pas s'envoyer des petits mots... bref, des règles habituelles dans une classe normale, sauf qu'ici, la potentialité de voir le professeur sortir en arme était bien plus présente. Et personne n'allait lui reprocher d'avoir descendu un "petit merdeux". Autre chose que les Sixièmes Années devaient avoir intégré : Caliban ne donnait pas son cours, mais celui d'Hypnos et "ras-le-bol à la fin de cette prof qui ne fout rien de sa vie ! ". Il y avait 99% de chances, au début d'un cours, pour que le professeur ait préféré se trouver dans son laboratoire, à faire ses recherches, que le travail de la professeur de la Paresse - qui dormait pendant ce temps-là, partageons donc la douleur du Directeur durant une minute de silence... merci - .

Dans cinq minutes, son cours allait commencer. Il était assis sur son bureau, l'air pensif, les sourcils froncés, un bouquin sur ses genoux. Vêtu de son habituel costard-cravate noir, avec une chemise mauve qui allait parfaitement bien avec ses lunettes, les cheveux plaqués en arrière par du gel, l'homme avait une prestance plutôt unique - ceci dit, tout le monde étant unique, ce que je suis en train d'écrire ne veut rien dire... oui, je sais, je continue mon message... - . Caliban glissa de son bureau, ce qui, vu sa taille, signifiait qu'il prenait juste le soin de mettre les pieds par terre, pour se relever. Problème, un chewing-gum, bête étrange et élastique, avait trouvé cela intéressant de faire un tour par terre, juste sous la chaussure de ville du Directeur.

C'était une très mauvaise idée de la part de ce pauvre chewing-gum. Déjà, cela mettait monsieur Leviaz de fort mauvaise humeur, même si c'était un état presque constant, et cela le fit sortir un poignard de sa veste. Un poignard pour retirer le-dit machin rose fluo immonde qui se trouvait entre le sol et la chaussure, oui. Et si un seul élève trouve intelligent de faire une réflexion sur le Directeur en train de se battre avec un chewing-gum, Caliban prendrait fort probablement la décision de lui faire bouffer la sucrerie sur laquelle il avait marché, avec le poignard qui allait avec.

Elvira marchait assez rapidement en direction de la salle de cours. Avec un peu de chance, elle serait même en avance. Etrange, de voir une élève à l'Ecole du Flux s'effrayer à l'idée d'être en retard? Mais pas du tout, voyons... Etant donné le sale caractère de ses professeurs, la jeune fille suivait à la perfection sa ligne de conduite: ne pas se faire remarquer. Ce qui signifiait, déjà, arriver à l'heure. Surtout pour le cours de Caliban Leviaz. Complot était l'une des options les plus redoutées des élèves. Mais, allez savoir pourquoi, Elvira l'avait choisi. Complot... Quelque chose de fondamental pour tout élève ayant envie de devenir important à la sortie de l'école... A son avis. Elvira pensait souvent au futur, maintenant qu'elle arrivait en fin de parcours. Que devenait-on après cette école? On se fondait dans la masse grouillante des gens anonymes et sans ambitions? Non, la jeune fille ne voulait pas de ça. Elle continuerait à voler, aussi sûrement qu'elle continuerait à respirer. Parce qu'elle ne pouvait pas vivre sans. Mais pourquoi s'arrêter là? Pourquoi ne pas fonder sa propre organisation de voleurs, par exemple? Ceci explique cela. Elle avait besoin d'en savoir plus sur le Complot, avec un grand C, pour pouvoir espérer devenir une personne influente.

Quant à Caliban... Il était effrayant, certes. La voleuse ne voulait surtout pas savoir combien des rumeurs qui couraient sur lui et son laboratoire étaient fondées. Enfin, contrairement à beaucoup d'élèves, Elvira n'éprouvait aucune haine envers leur directeur. De la peur, ça oui, mais pas de haine. Plutôt de l'admiration, et une profonde gratitude. Elle n'était qu'une collégienne en passe de finir sa vie dans un centre de redressement, et Caliban Leviaz l'avait accueilli dans son école. Il lui avait donné un pouvoir incroyable. Elle pouvait voler presque à sa guise, personne ne la jugeait, certaines personnes la trouvaient même utile -et d'autres voulaient la tuer, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie. Enfin bref, le directeur de cette école avait fait pour elle plus que n'importe qui d'autre dans sa courte vie. A la réflexion, tous les élèves ici devaient beaucoup à Caliban Leviaz. Alors, s'il aimait à les voir comme des cobayes, pourquoi pas? Cela convenait à la jeune fille -tant qu'elle ne finissait pas sur la table d'opération...

Elvira soupira. Elle était arrivée devant la salle, avec un peu d'avance. Elle se recoiffa machinalement, tripota son foulard du jour, d'un bleu qui s'accordait à son uniforme. Elle détestait cet uniforme, préférant un pantalon souple à une petite jupe. Mais elle préférait aussi rester en vie... Elle porterait donc cette foutue tenue le temps qu'il faudrait. Se préparant mentalement à affronter le monstre, Elvira poussa la porte et entra. Son premier coup d'oeil, réflexe de survie oblige, fut d'aller repérer l'humeur de son professeur. Pour le trouver dans une position étrange, un couteau à la main et un chewing-gum sous sa chaussure.

*Oups...*

Le cours allait apparemment être assez tendu. Elvira se garda bien de réagir. Elle n'avait pas très envie de se retrouver à l'infirmerie avec un couteau planté dans la gorge. La jeune fille se demanda qui était le con qui avait laissé ses déchets par terre, avec la promesse de le faire souffrir si elle apprenait un jour son identité. Voilà, c'était malin, Caliban allait être d'une humeur atroce.

*Surtout, fais ce que tu sais faire le mieux: reste discrète.*

Tournant la tête, la voleuse repéra une compatriote de l'avarice qui venait de s'asseoir. Elle grimaça. Parce qu'il n'y avait vraiment pas beaucoup de monde, et que l'heure de début de cours approchait. Mais aussi parce que Jessy était ce que la voleuse appelait affectueusement "une pouffe", à savoir: toute jeune fille belle, qui le savait, et qui en profitait. Trois choses qu'Elvira ne supportait pas, étant elle-même totalement quelconque physiquement, et associable en plus. Cela ne l'avait pas empêché de trouver quelques partenaires sexuels, de temps à autres, sauf qu'elle ne s'en vantait pas sur tous les toits. Certes, lesdits partenaires n'étaient pas des meilleurs, mais la voleuse préférait penser qu'elle ne se vantait pas par modestie... Plutôt que par honte.

Négligeant donc de saluer sa camarade, elle prononça un "Bonjour" le plus neutre qu'elle pu, adressé à son professeur en pleine bataille, et fila s'asseoir silencieusement. Troisième rang, pas à côté de la fenêtre, histoire de s'éviter la tentation de regarder ailleurs. En sortant ses affaires, Elvira pensa aux meilleurs moyens de décoller un chewing-gum: glaçon, dissolvant... Y aller comme un bourrin, était-ce la meilleur façon de vaincre le déchet envahissant? Pas sûr. En revanche, ce qui l'était, c'est que jamais elle n'en ferait la remarque à son professeur.