Laboratoire de Caliban

Il exhala la fumée de son unique cigarette de la journée dans un soupire après avoir toqué une bonne vingtaine de minute à la porte de ce maudit labo...
Le professeur en charge de la gourmandise se laissa aller le dos contre la porte en s'asseyant à terre, pour une fois il était vêtu d'un jean qui n'était pas troué, ou qui n'avait pas l'air d'avoir fait la guerre et qui était noir, il avait même mis sa veste et boutonné sa chemise de manière plus ou moins convenable!
Bon évidemment il avait les cheveux dans un désordre pas croyable mais ça... Il s'en fichait éperdument, de même que le reste d'ailleurs mais Cal' n'était pas de bonne humeur lorsqu'il se présentait "ainsi affublé" disait-il, et là il n'avait pas besoin qu'on lui râle dessus juste parce qu'il se fichait comme de sa première chaussette de ce à quoi il pouvait bien ressembler.
Il c'était enfin rappelé -notons que cela fait bien une semaine que le délais est écoulé- que le directeur lui avait demandé de lui ramener un rapport sur l'évolution des pouvoirs et l'amélioration globale qu'avaient les résultats avec le Flux.
Enfin un truc compliqué et chiant à faire qu'il avait finit par faire à la dernière minute -sans pour autant que cela paraisse moins bien fait que si il y avait passé des jours entiers- et qu'il avait oublié sur le fatras incroyable qu'était son bureau et essentiel outil de travail seul un partie était dégagée afin de lui permettre de surfer tranquillement sur le net échappant aux tâches ennuyeuses de bien des façon...
Toujours est-il qu'il était tombé sur ce paquet de feuille en voulant savoir ce qui coinçait le fil de ses enceintes et l'empêchait de les déplacer comme il l'entendait et qu'il c'était dit que si il tenait à son approvisionnement mensuel il ferait peut être mieux de l'apporter.
Alors il c'était préparer sans se presser et c'était diriger vers le laboratoire -l'endroit où il avait le plus de chance de trouver le savant fou- seulement voilà Noïtrid était bien plus qu'à la masse et aussi imperméable aux rumeurs que tenace à les ignorer lorsqu'il en entendait, ce qui faisait qu'il ne savait pas que le Directeur n'était pas là -ni d'ailleurs pourquoi il avait vu des élèves avec des pancartes "Machin à la direction", "Truc s'en sortira" et autres âneries qu'il avait ignoré jusqu'à maintenant.
Maintenant qu'il était coincé et que cet Envieux ambitieux n'était pas là et qu'il se retrouvait à fumer sa clope à l'avance en marmonnant que tout ce bordel l'avait déréglé et que c'était bien la première fois qu'il fumait en dehors de son après-gouter, il avait ressentit des oscillations dans le Flux et ça ne l'avait pas mais alors pas du tout arrangé.
Qu'est-ce que c'était que tout ce boxon? Et ce gros bruit venant de la cours? Il n'y avait vraiment pas moyen d'être tranquille dans cette foutue école...
C'est en se faisant cette réflexion qu'il vit débarquer la gamine et pas n'importe quelle gamine! Une des rare qui pouvait l'informer plus ou moins de l'endroit présumé d'où pouvait être son paternel car oui c'était bien Nix qui se précipitait vers le Labo de son père devant la porte duquel elle trouva une loque fumante et apparemment de mauvaise humeur.
Une chance pour Nix d'ailleurs, car elle venait de dénicher une des armes les plus redoutables que son père avait réussit à créer, même si elle était en temps normale complètement inutile et désobéissante -comme la plupart des véritables inventions mécaniques du même personnage d'ailleurs- il restait un des adultes les plus à même d'affronter une situation du genre catastrophique tout en ayant la flemme de se blesser.
Sauf qu'il faudrait encore le convaincre de la suivre et de régler le compte des assaillants du Val des Ombres, si Margaret eut été là elle aurait surement lâché une réplique du genre "Et c'est pour ça que Samuel est cantonné au Val" sauf que ni elle, ni Samuel, ni même un adulte assez intéressé pour combattre de manière efficace n'était là.
-Eva et Duncan ne comptant pas étant tout deux du genre à ne pas résister si on ne leurs filait pas un coup de main-
Enfin peut être à part Calypso qui était toujours du côté de la fifille à son Directeur il était un des seuls professeurs utiles en cas de coup dur à condition qu'on lui fasse intégrer que c'était un coup suffisamment dur pour qu'il se décroche de son univers.
Seulement un des derniers espoirs de la jeune fille était de bien mauvais poil et l'accueillit d'un voix qui avait l'incroyable propriété d'être à la fois geignarde, dure et désespérée.

On pourrait savoir où est passé ton vieux?

Puis il replongea dans le silence en maugréant dans une barbe qu'il n'avait pas, enfin quand il parlait à Nix de son père c'est toujours "son vieux", vous remarquerez que pour la plupart des gens cela peut paraitre insultant et bien ce n'est en aucun cas cela pour le professeur des pouvoirs, en effet lorsqu'il dit cela on a presque l'impression qu'il reconnait au lien de parenté une certaine importance qui peut paraitre étonnant de la part de quelqu'un qui ne place aucune importance dans tout ce qui a attrait au réel.

Traverser les couloirs dans son état plus maladif qu'elle ne voulait bien le laisser croire avait été une véritable épreuve, pour Nix. Mais si son corps lui faisait un mal fou, cela n'avait décidément que peu d'importance face à la douleur des pensées qui la tiraient. En fait, elle n'arrivait pas à s'arrêter de se renvoyer des réflexions de plus en plus nauséabondes : la première étant, "pourquoi tout arrive en ce moment ?"

Finalement c'était simple. Son père était absent, allé chercher sa mère, soit disant, mais elle lui avait parlé avec un tel détachement, la dernière fois, qu'elle ne pouvait que se poser des questions, désormais. Ses parents ensemble - bordel, si elle avait cru un jour que cela l'emmerderait à ce point, que tout se passe comme elle le désirait ! - , l'Ecole traversait un état de crise. Du genre, personne n'écoutait aucune forme d'autorité. C'était un bordel terrible, et si elle n'en avait rien à foutre qu'on ne s'occupe pas d'elle comme d'une Directrice, le chaos ambiant était impressionnant. Comme si on lui donnait une punition, une preuve qu'elle n'était pas capable d'assumer un poste de responsabilité. Et puis elle pouvait aller plus loin : ce dérèglement de Flux qui brisait chacune de ses veines, son père aurait dû le prévoir, elle l'avait vu faire des tests, sans les comprendre. Alors il avait voulu agir ainsi ? Il avait voulu la tuer ?

Mieux encore : il avait voulu mettre fin à toute cette histoire d'Ecole, avec une nouvelle invention encore plus terrifiante que les autres ? Une partie d'elle lui disait qu'elle était parano, et qu'il fallait bien se calmer, au bout d'un moment, le monde ne tournait pas autour d'elle. Seulement une autre lui rappelait que son père était parfaitement capable de faire tout cela, lui qui ne voyait les élèves de cette Ecole que comme des cobayes. Et sa mère détestait suffisamment les lieux pour pouvoir les détruire.

Parfait : ses parents avaient fait une excellente mise en scène, pour l'amener à la mort. Et il n'y avait rien de pire pour Nix, que de se sentir trahie par eux. Elle en avait le coeur au bord des lèvres, et à chaque pas se demandait comment elle faisait pour ne pas vomir dans un coin des couloirs. La réponse lui vint bien rapidement : elle n'avait rien avalé depuis bien longtemps.

Quand elle fut face à Noïtrid, devant le labo de son père, elle se demanda un instant ce qu'il faisait ici, puis jugea qu'il était probablement en train de quémander de la bouffe, sans se rendre compte que ce salopard de géniteur n'était pas là. Elle haussa les épaules en entendant la question du professeur de la Gourmandise. A vrai dire, elle n'était même pas certaine de savoir où étaient ses parents. Peut-être qu'ils fêtaient sa mort dans un restaurant chic, avec une coupe de champagne. Elle avait eu le temps, en grandissant, de se juger coupable de la fin de ce couple, elle avait voulu le reformer, mais cela lui paraissait bien amer de devoir se sacrifier pour eux. Après tout elle leur devait la vie, elle pouvait bien se permettre de leur devoir la mort.

-Mon père est parti Dieu sait où, et un inconnu cherche à tous nous tuer, à détruire cette Ecole, ses habitants, et le garde-manger.

Joli, c'était un moyen comme un autre d'intéresser le professeur de la Gourmandise. Elle savait bien qu'il avait un pouvoir des plus redoutables, probablement un des plus puissants de cette Ecole. La gamine poussa la porte du labo, pour aller fouiller dans les affaires de son père, et récupérer un stock d'armes et de protection. Elle qui se baladait jusqu'ici en pyjama blanc, portait désormais les mêmes protections que son père, au même moment, sur un autre champ de bataille.

-Je soupçonne que l'inconnu soit mon père, mais ça c'est mon problème. Pour l'instant, on ferait mieux de sauver le pot au feu de ce midi. Vous êtes de la partie, professeur ? Si tout se passe bien, je pense demander aux cuisiniers de préparer un banquet pour ce soir.

Nix tenait des revolvers automatiques, et avait un sourire charmant, celui de la petite fille sage, de la jeune princesse. Ses parents voulaient sa peau, et celle de tous ceux qui étaient dans cette Ecole ? Très bien, par pur esprit de contradiction, elle allait faire face à cette situation, et aider les élèves. Parce qu'ils étaient innocents, et que si sa mort n'était pas un problème, celle de personnes qui n'avaient rien à voir avec les problèmes des Leviaz était trop injustifiée à ses yeux. Et puis elle allait faire cela pour sa soeur, aussi. Elle aurait pu dire qu'elle pensait aussi à ses amis, mais elle n'en avait pas.

Et cette solitude la prit au corps, comme jamais. La nausée lui revint, preuve qu'elle n'était pas aussi forte qu'elle voulait se le faire penser. Elle frotta son visage, où ses veines visibles étaient d'une bien étrange couleur, puis ferma les yeux.

-Dépêchons-nous, professeur.

[HRP : tu me diras si ça suffit à le convaincre. Si oui, tu peux poster à l'Assemblée ^^]

» Caliban Leviaz
» Caliban Leviaz ~ le Directeur
» Description des appartements de Caliban Leviaz...