Le Val des Ombres
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 Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]

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Noïtrid Dièsinam
Gourmandise ~ Professeur

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Noïtrid Dièsinam


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MessageSujet: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptySam 12 Juil - 16:21

Une page qui se tourne lentement dans le silence de la pièce aux apparence de dépotoir organisé, le grondement d'un estomac nullement entendu et négligé au profit d'une lecture avide des lettres imprimées sur le papier du livre qu'il tient entre les mains. Le Professeur de la Gourmandise vêtu d'un de ses habituels jeans usés et d'une chemise indigo est affalé dans un fauteuil on ne peut plus confortable, ses pieds nus posés sur l'étagère d'où il a extrait le livre qui l'aspire à présent au delà de sa faim naissante, de l'école, de ses pensées et de sa personnalité devenant, le temps qu'il parcoure ces lignes, une part du récit s'immergeant dans l'univers artistiquement esquissé par l'auteur et remplit de couleur par sa propre imagination si vaste.
Qu'est-ce qu'il fuyait exactement aujourd'hui là est la question, peut être n'était-ce qu'une habitude trop ancrée pour qu'il n'y échappe, ou encore son addiction pour la lecture qui l'avait soudainement repris, ou bien avait-il vraiment un sujet auquel il ne voulait pas réfléchir, auquel il voulait échapper...
La vraie question serait plutôt est-ce qu'un évènement récent aurait pu le toucher suffisamment pour lui fournir se besoin d'esquiver celui-ci et de disparaître dans l'univers d'un autre? L'attaque du cyborg et la discution qui s'ensuivit entre Salluste, Caliban et lui-même étaient-ils deux évènements successifs suffisamment porteurs d'intérêt qu'il dussent se retranché en dehors de la réalité? Ou alors quelque chose dans cette discution l'avait-il forcé à s'impliquer trop à son goût et devait-il maintenant compensé en s'excluant de tout? Ou encore se sentait-il simplement libéré par la brusque absence de la contrainte que lui imposait la présence diffuse d'une certaine Orgueilleuse qui le laissait enfin tranquille?
Sauf que la réponse à cette question était plus ou moins comme le reste du monde, écarté à tel point de Noïtrid que l'on aurait pu mettre le feu à son lit cela ne lui aurait fait ni chaud -sauf physiquement évidemment- ni froid -là vous admettrez qu'en mettant le feu...- en tout cas ce fut le cas jusqu'au moment où il ferma tranquillement son bouquin après l'avoir dévoré d'un appétit avide jusqu'au point final où il était sortit de celui-ci avec l'impression d'une bulle qui éclate et sentit de suite la pression que la faim mettait sur son corps.
Aussi dut-il se lever, glisser son pied gauche dans une claquette qui se trouvait au dessus du tas d'assiette à sa gauche puis d'avancer dans le sillon laissé par son passage régulier pour dépasser ses armoires et trouver sur la cheminée une autre claquette -vous vous doutez pas de la même paire- qu'il mit à son pied droit, sans absolument aucune considération pour le fait que ce soit la gauche de la paire en question.
Ne voyant rien rôtir dans les flammes il se dirigea vers le frigo et l'ouvrit d'un geste machinal... Vide.
Il grogna sans pouvoir être sûr que ce fut lui ou quelqu'un d'autre qui avait pillé son frigo et se dirigea vers la sortie, les cuisines heureusement n'étaient pas loin et cette fois-ci Cal n'aurait strictement rien à dire, il n'avait plus rien à manger.
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptySam 12 Juil - 20:25

Elle était revenue. Et cette simple pensée, ressassée sans cesse depuis qu'elle avait posé le pied sur le sol de l'école, la faisait bouillir de rage comme peu de choses le pouvaient. C'était toujours la même chose. Caliban, le maître de l'Envie par excellence, qui parvenait à enchaîner l'Orgueil. Oh bien sûr, il ne pouvait pas faire en sorte que Selena lui obéisse réellement, mais ce qu'il avait réussit était déjà bien trop important pour elle. C'était impardonnable. Pour lui... comme pour elle. C'était un échec. Un échec parce qu'elle était toujours vivante et ce dans sa chambre de la Tour Nord. Imperceptiblement, les doigts de la jeune femme se resserrèrent sur ses paumes, rare signe extérieur de la tempête qui l'animait. De sa part, c'était déjà quelque chose d'énorme. Comme d'autres personnes se seraient brusquement mises à casser tout ce qui les entourait ou à hurler. Elle n'était pas connue pour sa maîtrise d'elle-même pour rien. Et pourtant, si quelqu'un l'avait connue suffisamment pour pouvoir lire ce genre de petits gestes, il se serait aisément rendu compte que quelque chose n'allait pas. Qu'un fragile équilibre déjà instable en temps normal s'était brisé avec fracas, au point qu'elle ne puisse plus penser à autre chose, au point que tout ce qui l'entourait lui semblait devenir brusquement hostile. Toutes ces choses... tout ce qu'il avait construit, elle avait envie de le détruire. L'école, ses recherches, ses précieux pantins parmi les élèves et les professeurs... et enfin lui-même. Un instant, Selena baissa les yeux sur ses mains, posées sur l'appui de fenêtre, des pensés déplaisantes lui tournant sans cesse dans l'esprit. Il avait de la chance. De la chance que son pouvoir ne soit pas aussi destructeur que certains autres. Car même si elle le laissait totalement aller... ce n'était que de la peur. C'était très utile dans bien des situations, mais cette fois... ce n'était pas ce qu'elle voulait. Avec un demi-sourire sarcastique à sa propre attention la jeune femme se détourna de la fenêtre qu'elle n'avait pas quitté depuis qu'elle était revenue, la veille au soir. Quelques lumières isolées brillaient encore ici et là dans le reste du château en contrebas, mais la plupart s'étaient éteintes à mesure que la nuit avançait et il n'en restait plus que très peu. Mais ce n'était pas ce qu'elle regardait. Evidemment. Il y avait des choses bien plus intéressantes à voir. Si toutefois on pouvait réellement dire que Selena s'intéressait à ce qu'elle voyait. Ses yeux sombres étaient fixés sur la Tour de l'Envie, au sud-est de la sienne, tandis que son esprit ne pensait qu'à une chose, au-delà des épais murs qui dissimulaient le directeur... Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas perdu son calme ainsi. Cela ne lui était arrivé qu'une seule autre fois... c'était idiot. Il ne le méritait pas. Et peut-être était-ce justement une des choses qui alimentaient le plus sa colère. Personne n'aurait dû être capable de faire cela... et surtout pas lui. Elle ferma un instant les yeux, comme pour tenter vainement de calmer la tempête qui faisait rage dans sa tête. Après tout... cela n'avait rien d'étonnant. Si on lui avait posé la question, elle aurait été capable de prédire ses réactions, de savoir dans quelle état tout cela l'aurait mise. Seulement... elle n'aurait pas pensé perdre. Et pourtant, c'était bien ce qui était arrivé. Gagner ou mourir, tels étaient les choix qu'elle considérait comme acceptable. S'il l'avait tuée, sa fierté aurait été satisfaite. Il n'aurait pas réussi à la ramener. Et en vérité, elle s'y était résolue en quittant le Val des Ombres. Et pourtant, maintenant, malgré tout...

Avec un léger soupire vaguement agacé Selena balaya la pièce du regard. Il n'était pas meilleur qu'elle. Mais il avait des atouts contre lesquels elle ne pouvait que difficilement lutter seule. Elle le savait bien, et pourtant... peut-être n'était-elle pas si prudente que cela, finalement. Ce qu'elle avait fait en quittant l'école n'avait rien était d'autre qu'un défi. Oui, elle avait défié le sort. Etait-elle lasse à ce point ? Ce n'était pas une erreur de jugement. Tout au plus un excès de vanité. Et encore... il était même difficile de parler de cela. Certaines choses lui semblaient simplement brusquement... dénuées de sens. C'était étrange. Ce n'était pas un sentiment duquel elle était coutumière. Mais après tout... elle n'était pas plus habituée à se tromper. Seulement, maintenant, elle devait réparer les choses. Les remettre comme elles auraient dû apparaître depuis toujours. Oui, c'était bien ce qu'elle devait faire... mais ce qu'elle voulait dans le moment présent était le tuer. Oui, le tuer de ses mains pour laver l'affront qu'il lui avait fait. Comme des années plus tôt, avec quelqu'un d'autre, pour une autre raison, mais avec tout autant d'envie... Seulement, elle avait maintenant plus de contrôle. C'était la seule raison expliquant que quelques heures après son retour elle soit encore enfermée dans sa chambre. Oui... mais elle se connaissait trop bien pour pouvoir simplement se dire que cela passerait. Ce genre de haine ne s'effaçait pas. Surtout pas chez elle. Ce n'était qu'une question de temps avant que le vernis se craque réellement. Et les maigres signes extérieurs qu'elle s'autorisait le démontraient très bien. Cela... et la lutte qu'elle menait contre son pouvoir depuis quelques temps déjà. Le laisser enfler autour d'elle au diapason de ce qu'elle ressentait aurait été facile, mais elle s'y refusait. Non pas pour ne pas déranger quelqu'un, mais simplement parce que... c'était un signe trop visible que quelque chose n'allait pas. Et elle n'aimait pas les signes, que quelqu'un soit là pour les voir ou non. La jeune femme soupira intérieurement. Dans tous les cas, il lui fallait prendre une décision. Et pour une fois, mieux valait ne pas écouter ses désirs. Sinon elle serait d'ors et déjà allée trouver Caliban avec une arme à la main. La pensée de la salle de tortures en bas de sa tour ne lui avait jamais parue aussi douce. Oui... mais cette fois elle ne voulait pas se tromper. Et seule... elle n'avait pas autant d'atouts que le directeur en son fief. Elle eut un léger sourire sans joie à cette idée. En terre ennemie, c'était bien ainsi qu'elle se sentait. Et le véritable problème était bel et bien qu'elle voulait faire les choses seule. Pas pour son image vis à vis des autres, mais bien pour elle. C'était seulement entre elle et lui.

Décidément... elle ne se facilitait pas les choses. Cela aussi était idiot. Et en fait... tout lui semblait soudainement bizarrement dénué de sens. Pensivement, Selena écarta une de ses mèches de cheveux de son visage, balayant une fois de plus la pièce du regard. Dénué de sens... Pourquoi ? Parce que cela n'aurait pas dû se produire ainsi ? Ce n'était pas le moment de penser à cela. D'ailleurs, elle avait déjà perdu trop de temps. Pour le moment elle devait juste... s'empêcher de faire quelque chose d'idiot. Et il y avait une façon très simple de réaliser cela. Pour une fois, elle pouvait bien se le permettre. Elle ne savait pas si ce serait réellement efficace, mais... sa décision prise, il n'y avait plus de raison d'attendre. Et l'idée que déranger quelqu'un en plein milieu de la nuit pouvait être mal pris n'attira même pas son attention. Après tout... il était question de Noïtrid. Ce genre de choses n'avaient pas d'importance. Et quand bien même cela en aurait eu pour lui, la jeune femme n'en avait que faire. Après tout, cela ne la regardait pas vraiment. C'était son affaire, et il n'avait qu'à... s'adapter. Le regard de Selena s'attarda un instant sur une de ses armoires. Après tout, pour une fois, elle pouvait faire un petit effort. Ca ne coûtait rien, et cela pouvait l'aider. Tranquillement elle sortit un simple sac de toile noir d'un placard avant de le remplir avec divers victuailles et deux bouteilles d'alcool. Elle le jeta ensuite négligemment sur son épaule avant de sortir de la pièce sans plus de cérémonie, fermant au passage la porte derrière elle. En fait c'était toujours pour le même genre de raisons qu'elle allait voir le professeur de la Gourmandise. Se changer les idées... ou simplement éviter de faire quelque chose d'idiot. Même si elle savait très bien que cela lui était désagréable. Elle se contentait de s'en servir, comme de beaucoup d'autres choses, sans remords, sans se soucier de ce qu'il pouvait en penser. Mais après tout, comme tout le monde dans cette école... il pouvait très bien se prémunir contre cela. Et surtout y trouver son compte. A cette pensée la jeune femme haussa mentalement les épaules, continuant son chemin dans les couloirs déserts de l'école.

Elle n'était pas naïve et ne pensait pas une seule seconde que sous prétexte de l'heure tardive il n'y avait personne dans les couloirs, spécialement à l'étage qui renfermait les dortoirs de la gourmandise et la cuisine, mais elle ne croisa néanmoins pas âme qui vive avant de se retrouver devant la porte des appartements de Noïtrid. Porte qui, justement, s'ouvrit dans un chuintement tandis qu'elle s'immobilisait devant, pour laisser la place au professeur qu'elle était venue voir. Pendant un instant elle resta silencieuse, avant de tendre le sac qu'elle avait amené, élevant légèrement le bras qui le tenait pour le mettre en évidence.

" J'ai apporté de quoi négocier des terres. "

Contrastant avec ses paroles, son visage était de marbre, dénué de toute expression et même de son demi sourire habituel. Quant à son pouvoir... dans le fond, lui aussi était bien plus atténué que ce à quoi Noïtrid était accoutumé. Mais son regard, lui, était fidèle à lui-même. Toujours aussi froid et sombre tandis qu'elle le plantait dans celui du professeur.
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Noïtrid Dièsinam
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptySam 12 Juil - 23:51

Alors qu'il ouvrait la porte et que son esprit cheminait déjà vers la cuisine et se délectant déjà des mets qu'il y trouverait son corps lui fut brusquement arrêté et ses yeux se rivèrent directement sur la cause de ce soudaine arrêt qui l'empêchait d'aller quérir ce dont il avait tant besoin, mais ses narines elles frémirent au fumet que répandait le sac...
L'information arriva enfin au cerveau et l'esprit réintégra soudainement le corps pour entièrement se focaliser sur la nourriture qu'on lui offrait sur un plateau de tissu, il entendit même le léger tintement de bouteilles s'entrechoquant, tout ça c'était passé dans le faible intervalle de temps entre l'ouverture de la porte et le fait que le sac atteigne -presque- la hauteur de son visage,
Aussi entendit-il seulement après la voix de Selena, alors légèrement étonné il sentit effectivement son pouvoir clapoter doucement contre lui, mais ça n'avait rien à voir avec l'oppression à laquelle elle l'avait habitué...
Par contre il ne put pas s'empêcher de sourire lorsqu'il perçut l'humour de la situation, elle venait tel un colon offrir de quoi enchaîner et asservir les indiens qu'il représentait. Par contre il n'était pas réellement dupe et malgré le fait que sa faim lui réclame d'accepter quelle que soit les conditions qu'elle allait y poser, il aurait bien aimé savoir qu'elle anguille Anglaise se glissais sous ses roches d'Apaches.
Aussi ne pouvant s'empêcher de saliver et de tordre ses mains dans son dos, son regard lui se perdait dans celui de celle qui venait négocier, jaugeant qu'il pouvait tout du moins écouter ce qu'elle avait à dire et de toute façon sachant qu'il ne pourrait qu'y céder à cause de son corps réclamant sa pitance.
Il finit par déclarer -en essayant de ne pas (trop) baver en articulant difficilement d'une voix tendue.


Terres a tout hommes, femme au visage pâle demander autre chose et contre quoi? Corbeau halluciné t'accueille pour pow-wow dans son nid.

Puis non sans faire une ébauche d'un geste instinctif pour prendre le sac, il réussit à réintégrer l'intérieur de la pièce sans y toucher laissant la porte ouverte dans le prolongement de son invitation pressée d'entrer et d'exposer celle qu'elle demandait en échange de la nourriture qui le rassasierait pour le moment. Mais surtout il se demanda ce qu'elle faisait là, elle n'était pas du genre à faire ce genre de visite de politesse, surtout que très peu de personne s'aventurait dans son antre encore moins de leurs propres initiatives. Et elle ne faisait pas mine d'augmenter son pouvoir ou de vouloir le mettre mal à l'aise... Que devrait-il faire pour troquer avec elle... C'était une question particulièrement difficile d'autant qu'il ne voulait pas la connaître et que quand il s'agissait d'elle tout tournait autour de Sa personne.
L'Orgueil était le pêché avec lequel il avait le plus de mal à cohabiter, elle le fatiguait et l'interloquait perpétuellement, l'obligeant à revenir à une réalité qu'il ne cessait de vouloir fuir, cela l'agaçait particulièrement.
Ses réflexions se construisaient tranquillement durant le temps qu'il mit à serpenter habilement dans la trace erratique laissé par ses mouvements incessant seul chemin au travers du chaos de la pièce, il ne dépassa pas les armoires mais s'installa dans un fauteuil devant l'âtre -on voyait à la forme tu tas en face de lui qu'il y en avait un second sous un tas d'emballage de tout genres- et tourna alors seulement de nouveau sa tête vers la jeune femme l'observant entrer chez lui et la laissant s'installer à son aise tout en la pressant d'un geste de la tête, un grognement s'élançant de son estomac accentuant "l'urgence" de la situation.
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptyDim 13 Juil - 1:33

Elle avait vu juste. C'est l'évidence qui vint en premier à l'esprit de la jeune femme lorsqu'elle observa avec attention les réactions de Noïtrid à son entrée. Il ne l'avait pas même remarquée lorsque son pouvoir était atténué, se concentrant sur le sac et son contenu en priorité. C'était... amusant. L'Orgueil était-il mécontent de ce manque d'attention apparent ? Agacée d'être reléguée au second plan, derrière la nourriture ? Non, pas le moins du monde. C'était sans importance. Selena était capable de tout ramener à elle très simplement si elle le voulait, ce qui suffisait amplement. Mais elle n'était de toute façon pas là pour cela. Et si elle avait voulut autre chose, elle n'aurait certainement pas diminué l'intensité de son pouvoir comme elle l'avait fait. C'était véritablement quelque chose de rare qu'elle s'en donne la peine. Fallait-il s'en méfier pour autant ? Pour n'importe qui l'ayant un minimum côtoyée, la réponse était probablement évidente. Oui, à vrai dire il valait mieux s'empresser de fuir avant de voir où elle voulait en venir. Mais cela... c'était pour les gens qui l'entouraient. Pour les gens qui étaient incapables de comprendre, ceux qu'elle pouvait tromper sans même prendre le temps d'y réfléchir, ceux qu'elle méprisait. Ceux qui étaient si loin en-dessous d'elle. La jeune femme aurait apporté une réponse bien différente à la question. Non, en l'occurrence, il ne fallait pas s'inquiéter de la baisse de son pouvoir. Elle voulait éviter était qu'il prenne la fuite trop vite. Et cette fois c'était ainsi qu'elle avait décidé de s'y prendre, parce que c'était pratique pour elle. Non pas pour lui être agréable, bien entendu... elle ne faisait pas les choses gratuitement. Ceci était déjà en soit une raison suffisante, mais ce n'était pas la seule. Noïtrid était professeur de pouvoirs. Et même si elle ne connaissait pas toutes ses capacités, c'était d'après elle une raison suffisante pour s'en méfier. Elle préférait qu'il ne se rende pas compte du fait qu'aujourd'hui elle n'était plus aussi en phase avec son don qu'avant, qu'elle devait lutter pour le maintenir à son niveau habituel. Sans savoir si cela entrait dans ses attributs, elle préférait jouer la carte de la prudence. Et pourtant, il était tellement dans son monde qu'il n'était même pas certain qu'il se rende compte de ce genre de choses. La jeune femme soupira intérieurement. C'était ainsi qu'elle se préférait. Quand elle n'était pas aux prises avec des ressentiments idiots, et qu'elle se trouvait en pleine possession de ses moyens. Qu'elle évitait autant que possible de montrer trop de choses, ce qui l'ennuyait réellement... La jeune femme rejeta sans ménagement ces pensés tandis qu'elle observait Noïtrid dans le léger silence qui venait de s'installer. Il était surpris, et c'était totalement compréhensible. Tranquillement, elle abaissa le bras, laissant le sac pendre négligemment à côté de sa jambe. Pas un seul instant son regard n'avait quitté celui du responsable de la Gourmandise tandis qu'elle attendait qu'il réponde passé l'instant de surprise. Et lorsque cela arriva effectivement...

En vérité, elle n'avait pas réellement réfléchis à la réponse qu'il pouvait lui apporter. Et lorsqu'elle l'entendit jouer le jeu à merveille cela la fit sourire intérieurement pendant un court instant, tandis qu'extérieurement Selena se contentait d'un infime mouvement de sourcil. Après tout, on parlait bien là de Noïtrid. Cela n'aurait pas dû l'étonner. Mais elle n'était plus habituée à ce genre de choses depuis... très longtemps. Elle pouvait cependant s'adapter. Ou tout du moins répondre sans mal, elle n'était pas suffisamment étonnée pour que cela y change réellement quelque chose. Mais tout de même, la situation avait quelque chose... d'irréaliste. Pendant un instant la jeune femme s'attarda sur ce mot. Oui, évidemment qu'il en était ainsi. Après tout elle était à la lisière du territoire de la Gourmandise. Si toutefois on pouvait réellement dire que quoi que ce soit appartenait vraiment à quelqu'un d'autre que Caliban ici... A nouveau cette pensée. A nouveau cette lutte. A nouveau ce durcissement dans la volonté de Selena pour chasser toutes ces idées parasites dont elle essayait justement de se débarrasser pour le moment. Se débarrasser de ce genre de choses... n'était-elle pas au bon endroit pour cela ? Ce n'était pas pour rien qu'alors qu'elle se trouvait encore dans sa chambre le nom de Noïtrid lui était naturellement venu à l'esprit. N'était-il pas un spécialiste pour cela ? Oui... mais elle n'était pas comme lui. Et à vrai dire elle préférait se noyer dans ses pensés plutôt que dans un plaisir quelconque. Elle portait réellement bien son péché. Mais pour le moment, ce n'était pas la question. Non, l'important était la réponse qu'elle allait pouvoir apporter à son... hôte. Demander à autre chose. C'était amusant. Que voulait-elle, au juste ? Que voulait-elle de la part d'autrui ? Quelque chose qu'elle ne pouvait pas obtenir sans négocier ainsi ? Brusquement, la jeune femme se sentait légèrement lasse. Tout ce qu'elle voulait pour le moment était tuer Caliban. Mais cela... le regard de Selena se durcit encore davantage. Ce n'était pas la question. Dans ce cas, autant s'amuser un peu. Autant se remettre à jouer, puisqu'elle ne semblait rien savoir faire d'autre. Elle soupira intérieurement tandis que le bien nommé Corbeau halluciné s'écartait de la porte et rentrait dans son nid pour joindre le geste à la parole et l'inviter à rentrer. Au moins sur ce point il semblait lucide sur sa propre identité.

Pendant un instant encore le regard de la jeune femme resta fixé sur Noïtrid tandis qu'elle restait immobile. Elle ne réagit pas plus en apparence à son ébauche de geste pour prendre le sac, notant pourtant chaque mouvement avec attention comme à son habitude. Même pour cela il était rare que quelqu'un s'approche autant d'elle. Intérieurement, dans ce genre de cas, elle était toujours tendue. Elle devait retenir le mouvement de recul qui lui venait instinctivement. Mais malgré tout, elle était loin d'être une novice en terme de contrôle de soi. Cela se faisait sans mal. Puis cet instant de légère tension perceptible par elle seule s'effaça tout naturellement lorsqu'il s'éloigna à l'intérieur de ses appartements, dévoilant du même coup l'intérieur de la pièce à Selena. C'était la première fois qu'elle voyait cet endroit, et elle n'eut aucune réaction. Pas de marque de dégoût, pas de mouvement de recul, seulement son regard froid balayant rapidement la pièce, ne s'arrêtant pas sur les divers monceaux de choses plus ou moins identifiées qui couvraient le sol. Les appartements de quelqu'un qui ne voyait probablement pas l'intérêt de ranger, qui passait sa vie à essayer de s'occuper avec des choses et d'autres, voilà de quoi il s'agissait. Cela ne l'étonnait guère, et ne la gênait pas plus. Elle ne s'était pas attendue à autre chose. Cet endroit était à l'opposée de sa chambre à elle... et c'était tout à fait logique. Car sur bien des points ils étaient précisément à l'opposé l'un de l'autre. Et là où il étalait la plupart de ses centres d'intérêt à la vue de tous l'endroit où vivait Selena était impersonnel au possible. Ne rien montrer... jamais. Pendant un instant la jeune femme observa Noïtrid marcher dans une tranchée semblant traverser le champ de bataille, puis elle lui emboîta le pas le plus naturellement du monde. Comme toujours elle semblait à l'aise partout. Bien évidemment... après tout, rien de tout cela ne pouvait la toucher, n'est-ce pas ? Son regard sombre passa de l'endroit où le responsable de la Gourmandise s'était assis à celui où une vague forme semblait dépasser du chaos environnant. Comprenant qu'il s'agissait là d'un endroit où elle pouvait s'installer sans trop de risques la jeune femme s'en approcha avant d'envoyer au sol d'un seul mouvement la plupart des emballages qui le recouvrait, respectant par là même ce qui semblait être la mode des lieux. Après trois autres passages du même acabit le fauteuil finit par être totalement dégagé et Selena s'y installa sans autre forme de procès, en prenant son temps, comme si elle ne remarquait pas les signes d'impatience de Noïtrid. Elle croisa ensuite négligemment les jambes, avant de poser le sac entre eux deux et de reporter son regard sur celui de son hôte. Ce qu'elle voulait...

" Allons... ce n'est qu'un cadeau pour montrer notre bonne foi à vous et vos frères indiens. "

Un cadeau empoisonné, oui. Il insistait pour qu'elle demande quelque chose, mais elle n'avait pas besoin de le faire. Dans le fond il se dirait probablement de toute façon qu'elle essayait de l'acheter. Elle n'était pas venue pour réellement obtenir quelque chose, mais dans le fond... il était normal qu'il la prenne au mot et qu'il pense vraiment qu'elle voulait quelque chose de particulier. Elle ne risquait pas de lui dire qu'elle avait juste fait cela pour le dédommager, en quelque sorte. Dédommager de quoi ? D'un service qu'il lui rendait sans même s'en rendre compte ? Et qui plus est pour lequel elle n'était même pas certaine qu'il soit à la hauteur ? Non, mieux valait avancer ses pions, comme toujours. Même si ce qu'elle voulait réellement, elle ne pensait pas que qui que ce soit puisse le lui apporter. Et même si c'était le cas... elle n'acceptait pas d'aide extérieure.
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Noïtrid Dièsinam
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptyDim 13 Juil - 2:45

Évidemment il ne pouvait pas s'attendre à mieux de la part de cette jeune femme il aurait du le savoir depuis le début. Elle semblait décidé à garder ses raisons et ce qu'elle désirait pour Elle quoi qu'il arrive. Il soupira bruyamment en rejetant la tête en arrière ça commençait déjà... Enfin au moins n'avait-elle pas fait de chichi et c'était elle installée d'elle-même.
Il se surpris à réfléchir au nom indien que celle-ci aurait pu avoir, puis secoua la tête avec un demi-sourire en sentant sa faim devenir agressive, se redressant brusquement il s'empara du sac et en sortit un jambonneau, un bout de saucisson épais, trois pilon de poulet, un paquet de biscuit, une tablette de chocolat et deux bouteilles. Balayant du bras gauche un monticule plus grand que les autres à leur gauche il découvrit une table basse qu'il tira entre eux et sur laquelle il étendit les victuailles, dans le même mouvement sa main droite avait agrippé le jambonneau et ses dents avaient commencé à attaqué la viande à grand coups rageur témoins -plus ou moins- muets de la faim que le tenaillait.
Il faut dire qu'il avait lu pendant une bonne dizaine d'heure avant de décrocher aussi brutalement que d'habitude, alors son estomac et son corps lui faisaient leurs habituels reproches, ce bouquin sur les shamans l'avait passionné et entraîné dans un monde où les totems régissait la vie de ceux qui les portaient. Cela avait fait tant écho aux péchés qu'ils portaient tous en ces lieux que la douce et subtile ironie de se sentir et se savoir modelé sans rien faire qu'il connaissait si bien il l'avait retrouvé dans les lignes qu'il lisait. Mais nul moyen d'y échapper, là était la "morale" de la fin de l'histoire, une morale vraie et sombre qu'il vivaient et fuyait au quotidien.
Tout en mangeant son jambonneau et après avoir déposé leur "repas" sur la table il se leva et sortit comme par magie un couteau de belle dimension et très affûté, une fourchette et deux verre -un shooter et un verre aux dimensions plus amples digne de recevoir une boisson telle que le whisky- le tout provenant d'un des tas que Selena avait brutalement balayé du fauteuil où elle se tenait. Cela n'avait pas eu l'air de le déranger ou de l'inquiéter, la preuve était que les verres étaient intacts et que la fourchette était à peine pliée.
Puis il planta le couteau dans le saucisson et la fourchette dans un pilon de poulet pour ensuite se laisser choir avec lourdeur sur le fauteuil qui protesta à peine, comme habitué à ce traitement désinvolte, il continua à dévorer son jambonneau en le tenant à deux mains et fit un signe de la tête entre deux bouchées afin d' "inviter" son "invitée" à se servir elle aussi... Comme si elle en eut besoin où qu'il y attachait quoi que ce fut comme importance me direz-vous.
S'écoula alors le temps qu'il fallut pour que sa faim perde de son caractère urgent, que ce plaisir intense de broyer la viande, la déchiqueter, savourer son goût et sa texture que tout ça perde un peu du brillant de l'instant pour passer au terne du répétitif. Les trois quarts du jambonneau était entamé lorsqu'il reporta son regard sur celle qui était venu troubler la "tranquillité" de ces lieux mais qui avait amené ce repas en guise d'échange. Etait-ce tout? Il en doutait fort et pour cela il affirma en lui disant d'une voix qui sonnait comme s'il était perdu dans un songe.


Cadeau? Ce mot ne veut rien dire, la vie est un troc éternel où ceux qui ne s'aperçoivent pas de ce qu'ils échangent sont ceux qui y perdent. Savoir ce que veux l'autre est essentiel dans un troc. Serpent égocentrique sait parfaitement ce que veut Corbeau halluciné mais savoir jusqu'où l'autre peut aller pour troquer est encore plus important et Corbeau halluciné sait les limites de Serpent égocentrique.
Égaux et différents nous sommes. Que viens chercher Serpent égocentrique dans le nid de Corbeau halluciné? Pas sa compagnie j'espère.


Son regard c'était perdu dans les flammes alors qu'il parlait comme si il y voyait une réalité, le monde où l'échange était obligatoire un monde qu'il essayait de fuir et dans lequel pourtant il s'enfermait sans le vouloir. Mais après avoir dit sa première phrase il s'ébroua et son regard revint affronter celui de Selena. Pour finir il esquissa un demi sourire sur ses derniers mots comme si c'était une plaisanterie plus destiné à lui-même qu'à quiconque, il ajouta tout de même un clin d' oeil paillard pour sous-entendre un autre genre de compagnie.
Puis il soupira en posant son morceau de viande sur la table, c'était un soupire de bien être cette fois, il entama néanmoins le saucisson à grands coups de couteau pour le dévorer lentement tout en attendant la réponse, enfin ce qui ressemblerait le plus à une réponse... Il n'en attendait plus vraiment à présent décidé à devoir la supporter pour pouvoir étancher sa faim et son besoin de se sustenter.
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptyDim 13 Juil - 4:34

La jeune femme continuait de fixer Noïtrid d'un visage de marbre tandis que celui-ci manifestait sa lassitude suite à sa réponse. Cela avait quelque chose de vaguement intrigant. Pensait-il réellement qu'elle lui aurait exposé ses raisons ? Qu'elle lui aurait dit ce qu'elle voulait obtenir en venant ici ? Comment pouvait-elle se fier à quelqu'un à ce point ? Cela lui paraissait si irréaliste. S'exprimer vraiment clairement, elle n'était même pas totalement certaine d'encore savoir le faire. Elle était bien trop habituée à biaiser pour cela. Elle ne voulait pas apparaître comme vulnérable. Les signes de faiblesse n'avait pas leur place chez elle. Il aurait dû le savoir. Silencieusement elle continuait de l'observer jusqu'à ce qu'il s'empare du sac, puis comprenant qu'il n'y aurait rien à en tirer avant qu'il n'ait fini elle détourna le regard pour aller se perdre dans les méandres des flammes. De toute façon, que pouvait-il penser au juste qu'elle voulait ? Probablement assez peu de choses dans le fond. Elle avait pour habitude de perdre les gens, c'était devenu comme une seconde nature. Dans ce cas, alors qu'il ne savait pas même ce qu'il s'était passé avec Caliban, comment pouvait-il seulement imaginer... Il ne le pouvait probablement pas. Et ne le souhaitait dans le fond probablement pas. Il devait sans doute se dire que ce qui l'amenait là était... bien moins important que cela. Comme si elle avait besoin d'un service quelconque. Pas comme si, mentalement, elle se sentait par moment partir. Car oui, c'était exactement ce qu'elle ressentait quand quelque chose arrivait suffisamment à échapper à son contrôle pour qu'elle ait absolument besoin de régler le problème d'une façon ou d'une autre. Elle détestait cette sensation. Mais en même temps, quelque part, cela avait un aspect fascinant. Oui, cette distinction entre ce que l'on ressentait, ce que l'on montrait et ce que les gens voulaient bien comprendre avait toujours fait partie de sa vie... car après tout c'était grâce à cela qu'elle avait survécu. Dans ces conditions, comment pouvait-il vouloir qu'elle réponde franchement ? Un instant le regard de Selena se porta à nouveau sur son hôte, lequel était très occupé avec le jambonneau. C'était probablement simplement de la méfiance. Méfiance bien justifiée envers la professeur de manipulation. Pourquoi pas, après tout. C'était normal. Il était prudent. C'était une qualité d'une extrême importance dans cette école. Quelque part, cela avait quelque chose d'amusant. Oui... mais d'un autre côté, obscurément, dans ce genre de cas très rare, c'était également vaguement fatigant. Mais il ne lui serait pas venu à l'idée de se plaindre pour autant. Après tout, il ne s'agissait que de ce à quoi elle avait oeuvré pendant des années. Elle n'avait qu'à agir correctement avec cela. Et au moins, cela avait bel et bien le mérite de l'occuper pendant quelques temps. Même si elle sentait bien que la situation pourrait finir par la lasser... comme au début de l'année. Comme à chaque fois, en vérité. La jeune femme n'avait qu'à tirer sur la corde jusqu'à ce que le filon soit usé.

A nouveau son regard se reporta sur les flammes, faisant danser des lueurs étranges et artificielles dans des yeux d'ordinaire totalement froids. Si elle était là c'était simplement parce qu'elle se méfiait d'elle-même. Dans le fond, la réponse n'avait rien de compliqué. Seulement les habitudes avaient la vie dure. Et elle ne voyait pas pourquoi elle aurait dû parler de ce genre de choses. Parce que la situation n'était guère habituelle ? Ce n'était pas une raison suffisante. D'autant plus qu'il ne semblait pas s'en rendre compte. Apparemment tout ce dont il se rendait compte pour le moment était de l'étrangeté de la présence de quelqu'un d'autre que lui dans cette chambre à ce moment. Il aurait probablement été plus simple pour tous les deux que Selena demande directement et clairement quelque chose en échange de cette nourriture dont elle n'avait pas l'utilité. Mais elle avait décidé d'être franche. Ou du moins... presque. Suffisamment pour ne pas avoir envie de demander quelque chose alors qu'elle ne voulait rien. Mais les temps ne changeaient pas. Tout cela restait suspect. Et après tout, n'aurait-elle pas elle-même trouvé ça étrange dans une situation similaire ? Si, certainement... Mais elle n'était pas la Gourmandise. Elle n'aurait jamais réagit ainsi. Lorsqu'elle voulait vraiment quelque chose... ce n'était pas le genre de moyens qu'elle utilisait. Un bref instant la jeune femme ferma les yeux, relâchement déjà impressionnant pour elle en présence de quelqu'un d'autre. Où avait-elle la tête ? Et que cherchait-elle, exactement ? A se détourner, oui... mais pourquoi pensait-elle qu'il pouvait lui être utile en cela ? C'était difficile à croire. Et elle en demandait de toute façon trop. Mais dans le fond, quelle importance cela pouvait-il avoir ? Décidément... elle avait été bien trop touchée par ce qui s'était passé avec Caliban. Mais en étant telle qu'elle était, il ne pouvait tout simplement pas en être autrement. Et elle n'avait aucune envie de changer. Manifestement, Selena s'était elle-même mise dans une impasse. Mais tant qu'elle se jugeait bien... rien d'autre ne comptait. Car elle était bien le seul juge qui comptât réellement, ainsi que le plus difficile. Que ce soit envers elle-même ou les autres. Mais pour elle... rien ne lui échappait. Et ce qui s'était passé en Antarctique était décidément...

Cette fois ce fut Noïtrid qui la ramena à l'instant présent en reprenant la parole. Calmement la jeune femme rouvrit les yeux et fixa à nouveau son regard sur son interlocuteur, détaillant ses traits et expressions lorsqu'il parlait, écoutant chaque mot avec attention. Visiblement, il se méfiait effectivement d'elle. Comme s'il y avait besoin de confirmer cela. Mais ce n'était pas une raison pour le sous-estimer. Sous-estimer... il n'était pas son ennemi, et pourtant c'était ainsi qu'elle pensait à lui. Un instant son regard se porta sur la table et sur ce qu'il restait de nourriture dessus. Elle n'avait touché à rien. On pouvait s'y attendre. A nouveau elle planta ses yeux dans ceux de Noïtrid tandis qu'il lui disait connaître ses limites. Oh oui... certaines, probablement. Elle ne s'en cachait pas vraiment. Et dans le fond, comment l'aurait-elle pu ? Il y avait bien des choses qu'elle ne pouvait tout simplement pas faire. Mais elle ne réagit pas pour autant à ses paroles, car elle avait accepté cela depuis... bien longtemps déjà. En revanche un demi-sourire passa un instant sur son visage lorsque le professeur de la Gourmandise en arriva à sa conclusion. Egaux et différents. C'était amusant de dire cela à l'Orgueil. Elle ne serait pas allée jusque là, mais... force était de constater que d'une façon ou d'une autre ils étaient pour l'instant arrivé à une sorte d'équilibre. C'était déjà beaucoup, et le fait en lui-même méritait déjà que Selena s'y intéresse un tant soit peu. Cela tombait bien. C'était justement de ce genre de choses dont elle avait besoin. Mais elle pouvait pousser plus loin. Restait à savoir si elle en avait réellement envie. En la voyant ainsi, les jambes croisées, les mains posées sur les genoux, le visage de marbre il était véritablement difficile de savoir ce qu'elle pensait. Difficile, voire impossible, de savoir qu'entre autre elle était curieuse de savoir à quoi tout cela le ramenait lorsqu'il parlait d'une voix lointaine en fixant le feu. Elle ne parlait pas, il ne risquait pas de le faire beaucoup plus qu'elle. Un peu, mais pas beaucoup. Et puisque tout fonctionnait sur la base du troc avec lui... Selena sourit intérieurement. Pour l'instant elle avait réussit à écarter Caliban. C'était déjà cela. Et le surnom Serpent égocentrique... elle semblait à peine le remarquer. Après tout, ce n'était pas faux. Et il pouvait bien s'amuser s'il le voulait. Il était déjà suffisamment difficile à fixer comme cela, elle n'avait pas besoin d'en rajouter maintenant dans le désagréable au risque de le faire fuir.

Après qu'il eut fini de parler elle resta quelques instants silencieuse, ayant semblé laisser glisser sa toute dernière remarque ainsi que son clin d'oeil comme s'ils n'avaient jamais existé. Elle préférait ne pas relever ce genre de choses, évidemment. Ce n'était pas son sujet de prédilection. Mais dans tous les cas... Selena poussa un très léger soupire, souffle très diffus entre ses lèvres, mouvement auquel les gens n'étaient pas nécessairement habitués.

" Je ne risque pas de te demander quoi que ce soit de plus, si c'est ce que tu veux savoir. "

Comme toujours depuis qu'elle avait passé la porte son ton était calme et neutre, assez sérieux. Et pourtant, elle tranchait avec le reste. Peut-être parce c'était la première fois qu'elle tutoyait quelqu'un depuis très longtemps. Comme souvent lorsqu'elle parlait la réponse qu'elle attendait était assez importante, et elle était... curieuse. Simplement. Est-ce que d'une façon assez obscure elle le testait ? Peut-être. Peut-être pas. Elle n'aurait en tout cas pas utilisé ce mot, mais cela ne voulait pas dire grand chose...
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptyLun 14 Juil - 17:20

Coupant le saucisson morceau par morceau, les engloutissant à mesure qu'ils se détachaient du morceau originel, il observait Selena avec une tranquillité qui n'était qu'apparente. Quelqu'un comme lui ne pouvait être à l'aise non loin de quelqu'un qui lui était étranger et de sa vie personne n'avait pu être autre chose pour lui. Habitué à la solitude il la fuyait comme il fuyait ceux qui pouvaient y remédier, ses livres, son pc et ses drogues suffisaient à lui faire oublier à quel point le monde pouvait peser sur ses épaules, à quel point les autres pouvaient paraître dangereux et paradoxalement à quel point il pouvait avoir besoin qu'une personne au moins ne lui soit plus étrangère.
Mais là cette vieille faim se réveilla, peut être était-ce parce qu'il n'avait ni bu, ni fumé depuis un certains temps alors qu'en temps normal il prenait bien soin de ne pas être dans son état normal lorsqu'il savait qu'il allait entrer en relation avec des gens. Seulement, là, c'était elle qui était venue et il n'avait strictement pas eu le temps de se préparer et durant les quelques instants de silence où il finissait le saucisson elle fut plus proche de le faire fuir que toutes les fois où elle l'avait asticoté avec son pouvoir jusqu'à ce qu'il ne le supporte plus.
Réussir à intéresser Noïtrid à autre chose qu'à ses moyens de fuite habituel était déjà un exploit, réalisable à cause du fait qu'elle l'avait pris à jeun, mais l'intéresser au point de l'empêcher de fuir au moment exacte où il était le plus susceptible de s'évanouir et se plongeant dans une issue mentale... C'était quelque chose qui ne c'était jamais vu, pourtant la tension de son corps -qui avait augmenté de seconde en seconde dans le silence qui prenait une texture oppressante entre eux- se relâcha brusquement quand il l'entendit soupirer.
Et un de ses sourcils se levant très haut lorsqu'il entendit ce qu'elle lui répondit, non seulement elle semblait franche mais en plus elle s'adressait à lui en le tutoyant, il en oublia presque le saucisson qu'il tenait entre les mains -presque : c'est à dire qu'il le finit de manière automatique avant de laisser choir le couteau qui se planta entre ses pieds- et se rassit plus confortablement dans son fauteuil en la jaugeant du regard laissant ses paroles flotter quelques instant entre eux, comme un bouclier dont il avait besoin pour se réadapter à la situation. Car si ce qu'elle disait était vrai et si il devait interpréter ce soudain rapprochement induit par le "tu" -qui étrangement ne dépareillait pas dans sa bouche à elle- il devait reconnaître que seul un maître de la manipulation pouvait le forcer à lui prêter attention comme il allait le faire, non en attendant un espoir de fuite mais en considérant cette bulle, cette conversation entre eux comme une fuite elle-même. Il était vrai que la situation avait quelque chose d'irréelle, l'Orgueil venant s'installer chez lui comme l'aurai fait un vieil ami pour simplement discuter...
Aussi sourit-il lorsqu'il répondit d'une voix où l'on sentait que la méfiance n'avait pas disparut mais avait simplement été écarté comme on écarte un mouche qui vrombit sans cesse autour de vous.


Ah, eh bien qui tutoie qui maintenant?

Il laissa de nouveau un léger silence dans lequel il lui rappelait la dernière fois qu'ils c'étaient parlé et les raisons pour lesquels ils l'avait tutoyé à ce moment. Que le contraste de ses propres raisons et de celle de la jeune femme ait de quoi faire sourire ne le gênait nullement, au contraire c'était ce sur quoi il voulait mettre l'accent. Même s'il était persuadé qu'elle ne se considérerait jamais son égale -c'était l'Orgueil après tout- il sentait qu'elle se rehaussait moins qu'à l'accoutumé non seulement dans le fait qu'il ne sentait qu'à peine son pouvoir mais aussi dans la façon dont elle formait son discours.
Enfin il se décida à apporter une vraie réponse à ce qui n'était pas une question, mais qui semblait néanmoins attendre qu'il apporta quelque chose de substantiel à la conversation, peut être était-ce simplement cela qu'elle désirait allez savoir. Son ton précédent, léger et insouciant fit contraste avec le sérieux teinté d'amertume dont il enroba la phrase qu'il ne laissa filer qu'à contrecœur d'entre ses lèvres.


Il y a peut de choses que j'aimerais, et savoir que tu ne me demandera rien n'y entre pas. Savoir ce qui t'a motivé pour venir ici est j'imagine autant impossible qu'important.


Il secoua légèrement la tête et plongea son regard à nouveau au coeur des flammes, sans pour autant que cela paraisse une fuite du regard de Selena, plutôt comme si les flammes l'aidaient à visualiser ses pensées et à ordonner sa parole qui se fit plus pensive tout en gardant l'amertume de celui qui désespère du monde et de ceux qui y vivent.

C'est pas comme si je recevais beaucoup, où que j'encourageai les gens à avoir affaire à moi...

Son attention semblait entièrement allouée à son interlocutrice malgré le fait qu'il eut son visage tourné vers l'âtre, le reste de son corps légèrement tendu vers ce que dirait ou ne dirait pas celle qui était assise en face de lui, dans l'attente de pouvoir continuer à ce plonger dans cette illusion qu'ils pouvaient se parler, qu'ils n'étaient ni la gourmandise ni l'orgueil mais simplement deux personnes se parlant de choses et d'autres. Cela contrastait très fort avec le précédent jeu de l'indien et du colon, et cela avait été déclenché par un "simple" tu, un basculement de l'univers comme seul Noïtrid en était capable, comme si un grain de sable pouvait faire changer de sens la rotation de l'univers... Et c'était parfois le cas.
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptyLun 14 Juil - 23:11

Pourquoi s'était-elle mise à tutoyer Noïtrid à ce moment ? Elle n'y avait pas vraiment réfléchi, s'était contentée de le faire naturellement. Cela serait arrivé de toute façon, et ce bien plus tôt s'ils n'avaient pas d'abord commencé par parler comme de parfaits étrangers venus envahir la terre d'autochtones locaux. Qu'elle le veuille ou non, à partir du moment où elle avait décidé de se rendre dans ses appartements quelque chose avait changé. Non pas à cause du lieu, car elle aurait tout à fait été capable de venir l'y ennuyer auparavant sans le moindre scrupule, mais simplement à cause de l’état dans lequel elle se trouvait. Simplement à cause de ce que cela représentait pour elle de venir vers quelqu’un ainsi, dans cet état d’esprit. Pas pour l’ennuyer, mais parce que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Parce que... d'une manière ou d'une autre, elle avait besoin d'un peu d'aide pour faire passer les choses. A cette pensée elle se tendit très légèrement. Oui, il était bien possible qu'elle soit bien trop dure envers elle-même. Après tout avec ce qui était arrivé elle avait des raisons d'être dans cet état. Seulement... Selena ne tolérait que la perfection pour elle-même. Et elle n'était pas satisfaite. Dans le silence qui s'étendait entre eux, c'était tout ce à quoi la jeune femme pouvait penser. Peut-être aurait-elle mieux fait de ne pas descendre, en fin de compte. De se contenter de surmonter cela seule, comme tant de choses auparavant. Elle en était probablement capable. Probablement... était-ce ce qu'elle voulait penser, la vérité, ou une façon de se cacher les choses ? Elle n'était pas censée pouvoir se dissimuler quoi que ce soit à elle-même. Un instant elle ferma les yeux, comme pour mieux ordonner ses pensés. Elle aurait agit d'une façon ou d'une autre contre Caliban, et cela aurait été vain. Là était la seule vérité. Elle n'aurait pas pu attendre bien sagement dans ses appartements d'avoir une opportunité. Elle n'aurait fait que ressasser encore et encore les mêmes choses jusqu'à ce que c'en soit trop. La jeune femme n'avait pas la même capacité que son interlocuteur à s'échapper de la réalité. Il fallait toujours qu'elle se rappelle à sa propre existence, et c'était très bien ainsi. Mieux valait ne pas risquer de se perdre. Même si tout cela la faisait souffrir. Après tout... elle n'avait jamais demandé à être heureuse. Juste à être elle-même. Et si cela voulait dire se retrouver ici, cela ne devait pas la gêner. Après tout, qu'est-ce que cela voulait dire exactement ? Qu'elle ne pouvait pas se suffire à elle-même ? Non... certainement pas. S'il n'avait pas été là elle se serait occupée autrement, et s'il disparaissait ce serait la même chose. Peut-être. Mais ce serait dommage, car pour le moment il réussissait à l'intéresser. Pas suffisamment pour totalement détourner ses pensés, mais... c'était déjà beaucoup. Elle ne pensait pas que cela dure, comme toujours avec elle dans ce genre de cas, mais pour l'instant c'était ainsi. Il n'y avait rien d'autre, et ce n'était pas une raison pour se poser autant de questions. Selena sentit un mouvement de colère poindre en elle, et elle soupira intérieurement. Caliban n'avait pas le droit de la toucher à ce point. Cet homme qui essayait de jouer à Dieu ne méritait qu'une seule chose... être remis à sa place. De la meilleure façon qu'il soit. A cette pensée le regard de la jeune femme alla se perdre dans les flammes tandis qu'elle ouvrait les paupières. Cette fois la lueur dans ses yeux n'était pas seulement artificielle. Dès qu'elle disposait d'un moment de silence elle revenait au même point. C'était... ennuyeux. Il ne méritait pas qu'elle y pense autant.

A nouveau Selena reporta son attention sur Noïtrid, chassant pendant un instant le reste de son esprit. Visiblement, il avait été surpris par sa réponse. Mais elle avait eut l'effet escompté. Sa voix n'était plus la même, pas plus que son attitude. Ce n'était plus la nourriture puis elle, son centre d'intérêt avait changé. D'ailleurs après avoir fini le saucisson il ne reprit rien d'autre sur la table, laissant choir le couteau sans plus y prêter attention. C'était si facile d'agir sur les gens. Mais pour une fois, ce n'était pas calculé. Du moins, pas ainsi, pas à ce point. Il y avait toujours un peu de réflexion derrière la moindre parole de Selena, mais dans le fond tout dépendait de la situation. Et dans ce cas précis elle voulait juste déterminer jusqu'où elle accepterait de parler, pas accrocher l'attention de son interlocuteur. Elle ne faisait qu'agir naturellement, et c'était bien ce qui l'intéressait dans ce cas précis. Même si cela ne voulait pas nécessairement dire grand chose. A force de jouer, la manipulation devenait une seconde nature. Un apport à chaque parole, sans même avoir besoin d'y penser. Et lorsqu'on se concentrait réellement dessus... on pouvait obtenir des miracles. Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait. Pour le moment elle se contentait d'agir le plus naturellement du monde. Autant que cela était possible pour quelqu'un comme elle. Car la dissimulation et la retenue faisaient désormais partie de sa nature, et tous les mots sortant de sa bouche étaient réfléchis. La spontanéité chez Selena était quelque chose de quasi inexistant. Elle trouvait les choses très bien ainsi. C'était une attitude... prudente. Mais malgré tout un très léger sourire passa un instant sur son visage en réponse à celui de Noïtrid, comme pour admettre ce qu'il sous-entendait en parlant du tutoiement et dire que c'était de bonne guerre. Il n'y avait aucune joie là-dedans, mais... c'était une réaction. C'était déjà cela. Voir le professeur de la Gourmandise comme cela était... amusant. Assez inhabituel, également. Malgré tout, il faisait bien de continuer à se méfier. Même si pour le moment il n'avait rien à craindre d'elle tout pouvait changer extrêmement rapidement. Même le fait de laisser cette méfiance disparaître pouvait faire changer la façon d'agir de la jeune femme à son égard. Oui, cela le pouvait... mais ce n'était pas pour cela que ce serait le cas. Et de toute façon, la question ne se posait pas pour le moment. L'équilibre était là, et c'était l'important. A nouveau un léger silence s'installa entre eux, durant lequel Selena s’abstint de faire la moindre remarque quant à ce qu’il venait de dire. A un autre moment elle aurait probablement répliqué, en profitant pour envoyer une pique quelconque, mais cette fois elle n'en avait pas envie. Elle se contenta d'attendre patiemment, le visage rapidement redevenu aussi froid qu'à l'accoutumée.

La suite ne tarda pas tellement, apprenant ainsi à la jeune femme que c'était visiblement le tutoiement et lui seul qui avait changé l'attitude de Noïtrid. Ou du moins, c’était ce qu’il semblait prétendre. Mais qu’elle ne veuille rien… elle ne pouvait facilement croire que cela n’avait pas joué du tout. Même si, en fait... il ne laissait pas tomber aussi rapidement. Il était bien sûr loin d'être idiot, et pour une fois il semblait décidé à comprendre. Pas seulement ce qu'il risquait, pas seulement ce qui le concernait directement, mais également ce qu'il y avait derrière sa venue ici. Ce qui l'avait décidée. Selena sourit intérieurement. C'était tout ce qu'elle voulait savoir. C'était une bonne réponse. Elle ne l'aidait pas vraiment, mais... elle l’était tout de même. Quelque part, cela rendait la jeune femme mal à l'aise. Le sujet était très personnel, et elle ne laissait d'ordinaire personne s'approcher aussi près. Néanmoins... elle pouvait changer les choses à chaque instant. Rompre cet équilibre, forcer Noïtrid à fuir, à se retrancher dans ses échappatoires habituelles, c'était facile. Elle n'avait pas d'inquiétude à avoir. Et par-dessus tout... elle n'avait pas l'intention de se confier. L'idée même était saugrenue. Ce genre de choses n'amenaient à rien, ne valaient rien. Les gens ne valaient rien. Cette fois, c'est un soupire qui vint à l'esprit de Selena. Si elle pensait à un compliment pour son interlocuteur, il fallait visiblement un contrepoids. Mais c'était sans importance. Il n'en saurait rien. Et déjà il en arrivait à sa conclusion, à laquelle la jeune femme eut un très léger haussement d'épaules. Elle écartait cet argument, signifiant bien par là que le fait qu'il ne reçoive pas beaucoup ne changeait rien pour elle, pas plus que ce qu'il encourageait d'ordinaire les gens à faire. Elle ne faisait pas partie des gens, et cela ne la concernait pas. S'il arrivait à retenir son attention ou non était tout ce qui comptait. Ce mouvement était déjà un infime début de réponse, mais elle savait bien que ce ne serait pas suffisant. Néanmoins, ce fut tout de même à son tour de garder le silence quelques instants. Doucement elle posa son coude sur l'accoudoir du fauteuil, posant son menton dans sa paume, réfléchissant à la réponse à apporter à cela. Ce qu'elle devait dire, ce qu'elle voulait dire, ce qui était vrai... A nouveau elle soupira intérieurement. Un alliage de tout cela, même si le plus important restait ce qu'elle voulait.

" Deux choses. Si je suis descendue, c'est pour... prendre l'air. "

Bel euphémisme. Mais comment pouvait-elle avouer ce qui s'était passé ? Comment pouvait-elle dire que quelqu'un comme Caliban avait réussis à la toucher ? Elle ne mentait pas, se contentait de... passer sous silence l'importance que cette bouffée d'air en question avait pour elle. Son ton était aussi neutre qu'à l'accoutumée, même s'il fallait bien avouer que pour quelqu'un d'extrêmement attentif la pause un peu plus longue que les autres avant d'annoncer la raison qui l'avait poussée à sortir de sa Tour pouvait paraître étrange. Il y avait plus que cela, oui. Mais elle continua néanmoins comme si de rien n'était.

" Mais cette première partie n'est pas très intéressante. Si je suis venue ici et pas ailleurs, c'est simplement parce que j'en avais envie. N'est-ce pas une raison suffisante ? "

A ces mots un très léger froncement de sourcil anima un instant le visage de la jeune femme. Elle disait cela tellement souvent pour expliquer sa présence ici et ailleurs... même si cette fois elle n'était pas venue dans le but de l'ennuyer, la raison pour laquelle elle était assise dans cette pièce restait la même. On ne pouvait pas changer sa nature profonde. Et elle n'avait pas envie de fournir des explications supplémentaires. Répondre à une question même pas formulée était déjà beaucoup. D'autant plus qu'elle ne se sentait pas vraiment à l'aise. Elle n'avait pas envie de s'aventurer plus avant dans cette direction. Elle ne chercha cependant pas pour autant à changer de sujet, se contentant de fixer son interlocuteur d'un visage à nouveau neutre. Même raison, attitude différente...

" Pourquoi est-ce si important pour toi de savoir cela ? "

Il se pouvait qu'elle le sache. Oui, elle avait plusieurs hypothèses à l'esprit. Mais c'était bien moins la réponse elle-même que la façon dont elle viendrait, ou ne viendrait pas, qui l'intriguait tandis qu'elle fixait Noïtrid de ses yeux insondables.
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Noïtrid Dièsinam
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MessageSujet: Re: Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena]   Un caillou dans la chaussure [Privé avec Selena] EmptySam 2 Aoû - 0:26

Prendre l'air, c'était tout de même une raison tout ce qu'il y a de plus pittoresque pour venir chez le professeur en charge de la Gourmandise, surtout au sein même de son antre où les effluves de ce qui les entouraient -et qui n'était pas forcément là depuis peu de temps- devaient abonder et ne sentait pas forcément l'eau de rose.
D'ailleurs le propriétaire des lieux balaya la pièce des yeux en reniflant bruyamment, histoire de sentir quelque chose contrairement à d'habitude, et fronça le nez en haussant les épaules,
Après cela il reporta ses yeux sur son "interlocutrice" même si il savait qu'elle se parlait plus à elle-même qu'elle ne communiquait réellement avec lui et lui dit avec une ébauche de sourire ironique.


J'avoue que l'air est on ne peut plus rafraîchissant au milieu des reliefs de repas et de bouquins vieillissant.
Sans compter l'odeur de clope qui traîne... Un régal pour les nez les plus fin.


Et sur ces derniers mots il pêcha, d'un endroit assez incertain dans le chaos ambiant mais suffisamment proche pour qu'il n'ai qu'à se baisser vers la droite pour le prendre sans se lever, un paquet de cigarette -une de ses marques préférées il va sans dire- et en sortie une pour la mettre en bouche. Il avait l'air particulièrement miteux avec cette clope pliée à moitié affalé sur son fauteuil, cherchant du regard un moyen de l'allumer.
En même temps il soupira de désespoir, évidemment qu'elle avait envie de venir ici, il ne l'avait jamais vu faire autre chose que ce dont elle avait envie à moins d'y être contrainte et il ne l'avait jamais vu non plus changer de façon de faire depuis qu'il la connaissait.
Évidemment elle pouvait être déroutante et avoir l'air insensée mais elle ne déviait en réalité jamais d'une route bien définie, le problème étant que la définition de Selena de ce qui pouvait être une route était forcément radicalement différente de celle des autres donc forcément lorsque l'on essaye de mesurer deux choses qui n'ont rien en commun avec le même outil on ne peut que se planter.
Partant de là et sachant que tout ce qu'elle ramenait à elle était parfait... C'était forcément une raison suffisante pour qu'elle vienne en ces lieux.
Mais c'était sa dernière question qui l'avait fait tiquer, en quoi c'était important pour lui, ça c'était une sacrée énigme à poser à quelqu'un qui passait son temps à éviter de réfléchir, à fuir même ses propres raisons et décisions...
Aussi dût-il prendre le temps de réfléchir à plusieurs choses, d'abord à la possibilité que la réponse ne soit pas remuée à l'intérieur de lui et donc qu'il n'ai pas à se fatiguer à essayer d'y apporter une vrai réponse, ensuite à si cette réponse valait qu'on la divulgue à ce moment précis mais surtout... Si il savait réellement la réponse à cette question.
Ces interrogations tournaient tranquillement dans sa tête alors qu'il se levait difficilement pour se rapprocher du feu et de plonger le bout de sa cigarette dans le feu de la cheminée afin de l'allumer sommairement, puis il tira tranquillement la première bouffée de fumée qui le fit frissonner tout le long de son échine d'une décharge de nicotine mêlé au plaisir de sentir la fumée onduler en lui pour ensuite la recrachée tel un vénérable dragon par ses narines dans la direction du feu.
Ce léger écart, cet éclaircissement bien venu d'une drogue distractive lui remis les idées en place et il réussit à se dire qu'il n'avait ce genre de problème que lorsqu'il avait affaire aux autres humains et que c'était décidément bien fastidieux, enfin ça passait le temps et lui permettait de fuir la réalité d'une autre manière alors autant se plonger dedans à fond n'est-ce pas?
Aussi résolut-il de ne pas touiller au fond de son esprit mais au contraire d'y faire le vide tout en revenant s'avachir en face de Selena et tout en savourant une nouvelle bouffée tirée sur sa brindille de mort il reporta son regard directement au creux des yeux insondables qui l'observaient.
Et il lui répondit spontanément, ce qui lui passa par la tête à ce moment sans même y avoir réfléchit véritablement.


Les actes sans signification apparente ont souvent des raisons intéressantes à approfondir et essentiels à savoir si l'on ne veut pas se méprendre sur la personne qui les fait.

A mesure qu'il parlait la fumée sortait doucement de sa bouche, le faisant ressembler à une mauvais cheminée tirant très mal et par accoue, ponctuant certains de ses mots d'un panache totalement inutile mais qu'il savourait intérieurement.

Aussi tu n'es certainement pas venue ici par hasard, enfin pour reprendre tes mots, tu n'en a certainement pas eu envie par hasard. Ca n'aurait pas pu être ailleurs parce que tu ne fait jamais rien à la légère, même lorsqu'il s'agit de... prendre l'air.

Sa voix grave légèrement altérée par la fumée semblait résolue à ne plus s'évader ailleurs et à rester profondément ancrée dans la discution et ses yeux étaient restés plantés dans ceux de la jeune femme, non pour avoir un espoir quelconque d'y voir quelque chose mais tout simplement pour se perdre dans cette absence de réaction significative.
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