Le Val des Ombres
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 Soirée en famille [Leviaz]

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Nix Leviaz
Orgueil

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MessageSujet: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMar 29 Avr - 12:14

16 octobre, à partir de 20 heures.


Nix Leviaz n'avait plus grand chose à faire de sa vie, depuis le retour de son père à l'Ecole, quelques heures plus tôt. Elle qui avait, une journée durant, tenté de mettre en place les protections de l'Ecole, en oubliant la douleur qui la terrassait, avait appris dernièrement que son père avait effacé tout ce qu'elle avait fait. Sans lui en parler, sans lui expliquer.

La jeune fille n'était pas habituée à être dans une telle situation de faiblesse. Elle n'avait pas su se présenter à temps à l'Assemblée avait tout fait pour que les dégâts soient réparés, et pour qu'aucun autre risque ne soit pris par l'Ecole. Après une nuit horrible, elle avait sombré vers le sommeil, épuisée, chaque heure un peu plus. La veille au soir, elle ne tenait qu'à peine debout, installée dans le fauteuil de son père. Elle avait besoin de calme, elle avait besoin d'être seule. Parce qu'elle ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, et pourquoi elle était devenue un danger pour ses proches : elle avait bien vu sa soeur souffrir à cause d'elle, elle se refusait de le faire de nouveau. Nix s'était purement et simplement mise en quarantaine dans le bureau de son père. Au moins, cela ne l'empêchait pas de diriger l'Ecole. Et si ce n'était qu'un court instant, si elle passait plus de temps à combattre la douleur et le sommeil qu'à donner des ordres, elle avait le sentiment qu'elle avait réussi à monter une protection suffisante pour l'Ecole.

Son père avait demandé, à peine arrivé, de tout enlever. Plus aucun garde, les hélicoptères de nouveau en service, pas de recherches de suspects dans l'immédiat. Son travail jeté aux ordures, elle fut prise d'une immense lassitude, mise à genoux par sa propre inutilité. Alors Nix avait commencé à réfléchir à elle-même - même si certains vous feront la réflexion qu'elle n'arrête pas de penser à elle - , seule dans l'antre de l'Envie. Son père n'était pas venu immédiatement la voir. Et puis, elle avait demandé à quelqu'un de prévenir qu'elle ne voulait voir personne, qu'elle préférait se reposer. Ce n'était pas faux : vexée, sans se l'avouer, blessée sans réellement s'en rendre compte, Nix Leviaz s'était blottie dans le canapé de son père, après l'avoir recouvert d'un drap blanc. Elle s'était retrouvée seule avec elle-même, et elle devait s'avouer qu'elle appréciait une telle situation. Elle avait de quoi réfléchir, en plus. Et si elle ne voulait pas penser à son père, pas penser à ses parents, sa santé fut d'un intérêt assez important pour qu'elle s'y penche.

A la fin de la journée, elle en était arrivée à plusieurs conclusions.

La première, c'était que le pouvoir de son père, celui qu'il lui avait donné avant de partir, était rejeté par son corps. Les solutions étaient simples : soit elle trouvait un moyen de s'en séparer, soit elle se contentait d'attendre sa mort, avec peut-être la philosophie de Liz, ou la folie d'Hansael. Elle était bien incapable de tomber dans l'une et l'autre situation. Elle voulait se battre, même si c'était en vain. Même si le drap qui protégeait le canapé devenait de plus en plus rouge : elle crachait du sang. Elle espérait que cela puisse purger le Flux que son corps ne supportait pas.

La seconde conclusion, c'était qu'il y avait un problème dans son Flux : elle n'avait pas deux pouvoirs qui se battaient en duel, non. Elle en avait au moins trois. Ou quatre, ou cinq, ou six... elle ne savait pas franchement, mais il y avait tant de manifestations de Flux venant de son corps - le dédoublement avait été un bel exemple de pouvoir imprévu, mais il n'était plus le seul - , qu'elle ne pouvait pas se dire uniquement infectée par deux pouvoirs. Cependant, cela soulevait quelques questions : quand avait-elle reçu les autres Flux ? Son père le savait-il ? Comment prévenir les autres pouvoirs ? Etait-ce un rejet aussi ? ... Nix ne pouvait pas répondre à tout cela seule, elle avait besoin de parler à son père pour avoir quelques réponses. Ou au professeur de la Gourmandise, s'il pouvait seulement s'en occuper. Tout ce qu'elle avait pu remarquer, c'était que les nouveaux Flux - et les anciens - se manifestaient de manière imprévisible. Sa peau seule changeait vaguement de couleur, ses veines beaucoup.

Et ces deux remarques se regroupaient en une seule, finale : elle était un danger pour tous, elle devait s'éloigner du reste du monde. Et cela lui était terriblement douloureux. Elle ne voulait pas briser ses connaissances des autres, elle ne voulait pas disparaître, pas perdre son père, ni même sa mère, ni sa soeur. Mais elle devait prendre une décision noble, entre son bien-être et celui des autres. Il suffisait de connaître le Péché de Nix pour savoir à quel point ceci n'était pas simple.

Alors, sans vouloir plus réfléchir, elle s'était accordé le droit de profiter de l'épuisement - elle ne pouvait pas simplement s'endormir, elle souffrait trop pour se calmer - pour sombrer dans un lourd sommeil. Vêtue d'un long t-shirt blanc à manches courtes de son père, dans lequel elle se perdait, et d'un pantalon de survêtement noir, elle n'avait plus rien de princesse, mis à part le teint pâle. Elle se réveillait plus ou moins régulièrement - sensiblement une fois toutes les heures - pour aller vomir du sang, ou simplement pour le cracher en toussant. Elle ne s'accordait que le droit de boire de l'eau, puisqu'elle avait l'appétit sérieusement coupé. Les doigts rouges de son propre sang, les mains tremblantes, elle était prise d'une importante fièvre. On ne l'y reprendrait plus : jamais plus elle ne donnerait d'idées d'expérience sur elle à son père, du moins, pas sans être certaine du résultat.

Vers dix-neuf heures, son sang était devenu gris, signe du Flux qu'elle rejetait. La douleur s'était fait bien plus présente, et l'empêcha de nouveau de s'endormir. Elle s'était donc contentée de garder les yeux ouverts, profitant d'une immobilité de son corps qui lui évitait de ressentir trop de douleurs. Maintenant elle devait attendre le retour de son père, même si elle avait espéré que sa mère arrive avant lui. Simplement parce que c'était d'elle qu'elle avait besoin, de la chaleur de son amour, de la certitude qu'elle était en vie. Elle s'en voulait d'ailleurs de ne pas se sentir la force de se lever.
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Margaret Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMer 30 Avr - 1:22

- Mais bordel, est-ce que quelqu’un va me dire où se trouve ma fille ?!

Qui était la folle furieuse qui hurlait dans les couloirs ? Etait-il nécessaire de poser la question ? Non, pas véritablement… Il suffisait de suivre cette voix, à la fois tremblante, et si forte, si pleine de détermination… et de lassitude. Oui, Margaret était lasse… Epuisée par tout ce qu’il s’était produit elle n’aspirait plus qu’à une seule chose. Au calme… Non, plus précisément, au calme qu’elle pourrait trouver en serrant sa fille dans ses bras. C’était si terrible, de savoir Nix si proche, sans parvenir à la trouver… Comment était-ce possible ? L’était-ce seulement ? Pourquoi, alors qu’elle avait fait le plus vite qu’il lui avait été possible pour sauver sa fille, n’avait-elle pu que l’entre-apercevoir ? Où s’était-elle donc cachée ? Pourquoi s’exilait-elle ? La fuyait-elle ?

Il y avait bien trop de réponse, auxquelles Margaret aurait sans doute préféré ne pas avoir de réponses. Ce qui s’était produit dans cette Ecole l’avait bouleversée plus qu’elle n’avait encore eu le temps d’y songer. Cela remettait en cause beaucoup de choses… Beaucoup de choses concernant Caliban. Pourquoi avait-il levé toutes les mesures de sécurité ? Que faisait-il donc à présent pour protéger sa fille et tous ces jeunes ? Ces jeunes fous, oui… Margaret s’était retrouvée contre sa volonté installée au sein même de ce qu’elle protégeait et détestait tout à la fois. Elle inspira profondément, et se décida à relâcher le pauvre malheureux qu’elle tenait par le col de sa chemise, et qui ne savait visiblement pas où était Nix. En réalité, Margaret n’avait que guère de force, et l’élève ne risquait pas grand-chose… mais la lueur qui brillait dans ses yeux suffisait aisément à dissuader les plus téméraires.

Elle sentait ses jambes trembler de fatigue sous elle, ses pensées s’entrechoquer douloureusement, et son ventre crier famine avec une constance désespérante. Il aurait fallu qu’elle s’allonge, qu’elle dorme… Ces neuf heures de vol et d’attention constante quasiment inhumaine l’avait vidée de toute énergie physique. Le désordre qui avait régné un moment dans l’Ecole n’avait pas arrangé son état, tout comme l’inquiétude qui la tenaillait toujours concernant la santé de son époux… Inquiétude ridicule, d’ailleurs, puisque la pouf qui lui servait de médecin lui avait vraisemblablement sauvé la vie. Il fallait bien lui reconnaître ça… Mais cela ne l’empêchait pas d’être inquiète. Inquiète parce qu’il lui cachait de choses… à elle, comme à tout le monde. Un pressentiment désagréable s’immisçait le long de sa colonne vertébrale. Une intuition qu’il se passait quelque chose de grave… Que Caliban avait fait quelque chose d’irréparable…

Voilà pourquoi elle sillonnait les couloirs de l’Ecole, à la recherche de la chair de sa chair… pour la serrer dans ses bras, simplement. S’assurer qu’elle allait bien… ou découvrir qu’elle allait mal. Le cœur au bord des lèvres, Margaret s’arrêta, prise de vertiges à cette pensée, autant que sous la faim qui la tenaillait. Caliban n’aurait jamais dû laisser Nix seule pour diriger cette… cette chose. C’était une erreur. Une terrible erreur. Voilà pourquoi elle avait refusé qu’il vienne la sauver. Elle avait eu raison… Il s’était passé dans cette Ecole des choses terribles, qui n’auraient jamais dû se produire. Et Margaret savait autre chose…

… si Caliban avait laissé sa fille chérie seule au milieu d’une Ecole de fous impossible à gérer, c’était qu’il avait fait quelque chose, au préalable, pour qu’elle ne court aucun risque… et ce quelque chose effrayait Margaret plus encore que tout le reste. Qu’avait-il fait à sa fille ? La voleuse ferma les yeux, pour rechercher un calme qui l’avait quittée depuis bien longtemps. Elle était dans un tel état de nerfs que le moindre mot de travers aurait pu l’enflammer littéralement de colère… ou la faire fondre en larmes. Dans un geste machinal, elle glissa sa main dans sa poche, et en retira le porte clé qu’elle avait savamment subtilisé à Adam, et qu’elle avait gardé précieusement. Ses doigts se refermèrent sur l’objet, qu’elle fit ensuite tourner autour de son index… cela eut tendance, inexplicablement, à la calmer. Autant qu’elle pouvait être calmée, cela va de soi.

Alors la solution lui parut si simple… Où pouvait donc se terrer Nix autrement que dans l’endroit le mieux gardé de cette Ecole ? Les appartements de son père. Quelle idiote, pourquoi n’avait-elle pas commencé par là ? Parce que son esprit logique l’avait quittée, dès qu’elle s’était retrouvée dans le même endroit que sa fille… Son cœur battit un peu plus vite, d’inquiétude autant que d’appréhension, tandis qu’elle s’approchait de la porte des appartements de Caliban. Elle n’eut pas besoin de frapper pour entrer… Elle était une Leviaz. Tous les dispositifs de sécurité la laissèrent passer. Et elle se retrouva à deux pas de la pièce où se trouvait sa fille… L’idée en elle-même avait quelque chose d’irréel. Elle eut l’impression de marcher littéralement sur des œufs. Ses mouvements étaient ralentis, presque douloureux, et ses pas aussi hésitants que décidés.

Ses yeux d’abysse découvrirent un spectacle qui la laissa sans voix durant de longues et cruelles secondes qui la terrifièrent. Sa fille… sa fille crachait du sang. Sa fille était recroquevillée sur ce canapé qui lui rappelait bien trop de souvenirs. Sa fille était si pâle… Sa fille était plus morte que vive. Et elle était seule. La rage et le chagrin affluèrent tour à tour jusqu’à son cœur. Chagrin de se trouver si impuissante face à la vision qu’elle découvrait, face à cette vérité douloureuse… Rage envers celui qui n’était pas aux chevets de Nix, alors qu’elle le savait responsable de cette absence de lumière dans les yeux de la jeune fille. Et puis… ces deux sentiments disparurent dans une même pulsion qui la fit se précipiter vers le canapé, et tomber à genoux au chevet de sa fille. Il n’y avait plus rien d’autre que l’envie de la prendre dans ses bras. Cette chaleur qu’offre l’amour maternel, si simple, si désuet peut-être… Impuissant, après tout… Mais c’était cette envie de la sauver, de la réchauffer contre son cœur qui brillait dans les yeux doux et profonds de Margaret.


- Oh, ma chérie…

Elle ne reconnut pas cette voix qui était la sienne. Maggie sentit un sanglot s’emparer de sa gorge, et se tut. Les mains tremblantes, elle passa ses doigts frais et tendres sur le front fiévreux de Nix, et réussit, dans un effort qui était digne d’admiration, à lui sourire d’une manière qui sembla presque rassurante. Elle ne comprit pas ce qui arriva ensuite… Tout était flou. Comme dans un rêve… ou peut-être était-ce un cauchemar ? On voulait lui prendre sa fille, alors qu’elle venait juste de la retrouver… Elle ne le permettrait pas.

Elle sentit ses bras entourer Nix dans une étreinte chaleureuse, quoique tremblante, et ses doigts fins vinrent se perdre dans les mèches blondes de la jeune fille, les caressant doucement dans un geste apaisant, tout en la berçant contre elle. Les murmures qui franchirent ses lèvres furent purement instinctifs, et presque inaudibles…


- Je t’aime… Si tu savais comme je t’aime…

Margaret ferma les yeux, sentant le corps si faible de son enfant contre le sien, qui aurait voulu prendre sa place… Tout subir. Tout subir à sa place, pourvu qu’elle aille bien. Quitte à ce qu’elle la déteste, peu importait… du moment qu’elle n’avait plus cette teinte fantomatique et ce regard éteint. Le reste n’avait plus d’importance. Mais la vérité, c’était qu’elle ne pouvait rien d’autre que cette étreinte, si irréelle fût-elle… Maggie se mordit la lèvre, et articula encore, d’une voix tremblante :

- Mon dieu mais que t’a-t-il fait ?

Impossible de savoir s’il s’agissait d’une véritable question ou non. Margaret elle-même l’ignorait… elle ne savait qu’une seule chose : il fallait trouver ce crétin de Caliban, immédiatement. Qu’il guérisse sa fille, tout de suite. Qu’il répare ses erreurs… Mais voilà, elle n’avait plus la force de bouger, ou de seulement tenter d’aller à sa recherche. Elle avait juste la force de ses caresses dans les cheveux de Nix, et son souffle tiède qui effleurait sa joue…
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMer 30 Avr - 13:49

La porte avait laissé entrer quelqu'un. Et Nix savait donc qu'il n'y avait que deux personnes - mis à part elle - , à pouvoir entrer dans ce lieu sans avoir besoin d'aide, ses parents. Tout d'abord, elle n'eut franchement aucune idée de celui qu'elle aurait préféré voir. Sa mère l'aurait aidée, oui, mais son père aurait eu la possibilité de la soigner. Bon, elle ne savait pas. Elle ne voulait pas réfléchir à ce sujet. Elle savait qu'elle avait juste besoin d'une preuve d'affection, de savoir qu'il y avait encore quelqu'un pour la voir, pour s'inquiéter de sa santé. Pour se sentir encore vivante, alors que, quelques instants plus tôt, elle avait pris la résolution de se mettre elle-même en quarantaine. Elle mit cette faiblesse dans ses décisions sur le compte de sa "maladie".

Elle entendit des pas, et tourna son visage vers eux, pour observer sa mère... sa mère qu'elle ne voyait qu'en de très rares occasions, au point, parfois de se demander si elle ne pourrait pas oublier son visage, dans les méandres de ses songes. Mais même cette absence, même cette impression de ne plus savoir laquelle avait rejeté l'autre, ne pouvaient briser cet amour qu'elle avait pour cette femme. Même si elle ne le disait pas, même si elle ne le montrait pas, Nix était attachée à celle qu'elle n'osait pas approcher. Mais c'était Margaret, qui, à cet instant précis, avait franchit les distances que l'enfant n'aurait su contrer, et qui se retrouvait près d'elle. Elle la fixa de son oeil sombre, d'une beauté égale, et de la même couleur que celui de sa mère, bien que la lueur qui y vivait soit bien différente. Nix n'avait presque plus rien dans son regard, aucune curiosité, aucune rage, et la vie semblait s'y être éteinte depuis déjà quelques heures. Cela ne l'empêchait pas de regarder sa mère comme si elle était la seule à la voir, comme si elle voyait là une apparition.

Peut-être qu'elle n'entendait pas, dans la douleur, ce qu'elle lui disait. Peut-être, au contraire, ne comprenait-elle que trop bien ce qu'elle entendait. Sa mère était là, elle lui parlait, et c'était tout ce qui importait. Nix tentait, en même temps, de calmer les pulsions de son propre coeur, qui pourtant s'emballait à une telle vue. Son pouvoir agissait déjà sur la pièce, affaiblissant considérablement, sans qu'elle puisse l'arrêter, celui de sa mère. Elle ne voulait pas que cela se produise, mais elle était dans un tel état physique que tenter de contrôler son pouvoir lui semblait suicidaire, et elle avait bien vu que trop de puissance n'était pas une solution, elle avait bien vu ce que cela avait fait à Calypso. Nix se refusait de blesser ses proches... et surtout de risquer de faire fuir, encore une fois, sa mère.

Et puis, elle se retrouva dans les bras maternel, bercée par une chaleur qu'elle ne connaissait que trop peu et qui, tout d'abord, l'effraya. Les rapports, si faibles, entre Nix et sa mère étaient tels qu'elle se sentait comme un animal sauvage, avec elle, et qu'elle avait des gestes qui montraient bien qu'elle n'était qu'à peine apprivoisée. De plus, tout animal sauvage qu'elle était, elle était aussi blessée, et elle avait aussi ce trait de caractère que partageaient ses parents : celui de mordre quand on est sur la défensive.

Mais elle ne le fit pas. Soudainement, tout contre sa mère, la tension de chacun de ses muscles se relâcha, et elle se permit de se blottir dans cette chaleur si agréable. Et enfin, elle fit ce que jamais Nix Leviaz n'avait fait de sa vie.

Elle sombra en sanglots.

A grandir dans une Ecole comme celle-ci, Nix ne s'était jamais permis cette faiblesse. Simplement parce qu'elle n'était pas faite pour se laisser aller à des sentiments, forts, à la tristesse surtout pas. Mais ici, ce n'était pas la même chose. Jamais elle ne s'était sentie aussi faible, aussi proche d'une mort qui s'était considérablement avancée. Jamais elle n'avait, à son souvenir, senti les bras d'une mère l'entourer. Et toute sa solitude s'étant brisée, elle redevenait ce qu'elle n'avait jamais su réellement être : une enfant. Une simple enfant qui savait qu'elle avait besoin d'amour.

Alors son poing se ferma sur le haut de sa mère, tandis qu'elle se laissait simplement aller, dans ce qu'elle aurait du faire depuis longtemps. Tant pis si elle se perdait dans ces larmes qu'elle ne savait plus gérer, tant pis si sa voix se brisait contre son souffle. Elle en avait besoin, elle voulait demeurer dans ces bras qui lui offraient plus de chaleur qu'elle n'en avait jamais connu, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne. Nix s'abandonnait, s'agrippant toujours plus à la présence rassurante de sa mère.


-Tu... es en vie...

Il lui en fallut, de la concentration, pour murmurer cette timide phrase, qui pourtant lui faisait un bien fou. Elle avait été si inquiète pour sa mère, ces derniers jours, que la sentir contre elle, que l'entendre, c'était devenu presque un miracle. Nix en avait même honte d'être dans un état pareil, plutôt que de s'occuper du bien être de sa mère. Elle tenta d'oublier la douleur, se redressa légèrement, en disant d'une voix qui vibrait entre les sanglots :

-T'as faim... je... te trouver à manger... j'y vais... vite...

Mais son corps ne lui répondait pas assez bien pour trouver la force de se lever. Le désespoir qu'elle ressentit à cette idée lui arracha un gémissement, entre rage et résignation, alors qu'elle levait son regard sur le visage de sa mère.

-Je t'aime... maman... Je t'aime... Je regrette... je t'ai fait du mal... et je m'en suis voulue, quand j'ai enfin compris... Je voudrais ne plus jamais te faire souffrir... Je t'aime trop... et toi... tu as failli mourir sans que... sans que je puisse te le dire... et je m'en veux... J'aurais du te l'avouer... beaucoup plus tôt.

Nix lâcha soudainement le haut de sa mère. La fièvre jouait probablement sur sa panique, la rendant plus acérée encore qu'elle ne l'était à la base, la faisant frémir. Elle ne se rendait pas tout à fait compte de ce qu'elle faisait, elle savait simplement qu'elle devait agir, qu'elle devait se faire pardonner, qu'elle devait aider sa mère, comme celle-ci l'aidait à cet instant précis.

-Tout ça c'est de ma faute... je vais... m'occuper de toi. A manger.

Cependant elle n'avait pas la force de s'extraire de l'étreinte de sa mère, et attendait que celle-ci la laisse partir, le temps de trouver un truc à manger dans l'armoire de son père.
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Margaret Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyVen 2 Mai - 0:08

Quelque chose se passait… Non. Beaucoup trop de choses se passaient soudainement. Des sensations toutes plus contradictoires les unes que les autres envahissaient son corps et son cœur à un degré tel qu’elle se vit un instant prise d’un vertige à la fois effrayant et délicieux. Au milieu d’une confusion qui la rendait autant heureuse que malheureuse, Maggie sentit un détail qui se fraya un passage jusqu’à son cerveau embrumé… Elle se sentait brutalement faible. Oui, faible… ce n’était pas bien surprenant, après tout, vu ce qu’il s’était produit, et ce qu’il se produisait encore. Mais cette faiblesse-là était différente… Elle venait de son corps lui-même. De ses veines, plus exactement… De son sang. L’espace d’une fraction de seconde Margaret comprit qu’il se passait quelque chose avec son Flux… quelque chose qui avait tout à voir avec le teint pâle de sa fille et l’absence de lueur au fond de son regard. Elle eut peur… Terriblement peur. Non pas parce que son Flux semblait s’affaiblir en elle, mais car sa fille lui apparut comme victime d’un phénomène qu’elle ne maîtrisait pas… et qui allait la détruire.

Instinctivement, sous une conclusion froide et logique, que voulait nier résolument la mère retrouvant son enfant, Margaret serra davantage sa fille contre elle, comme si un geste si simple pouvait chasser au loin tous les sévices que les expériences de Caliban avaient faits à Nix. Le pouvait-elle seulement ? Non… La raison voulait qu’elle se détache de sa fille pour courir à son époux, et l’exhorter à faire quelque chose… sauver sa vie. Car c’était sa vie qui était en danger, elle n’avait plus aucun doute. Et cette intuition était d’autant plus douloureuse qu’elle était la seule qui l’étouffait presque entièrement… Mais il y eut quelque chose, qui lui apporta ce petit pincement de cœur délicieux qu’elle avait si longtemps recherché. Peut-être avait-elle tort… mais elle ne put s’empêcher de sourire en sentant le corps froid de sa fille se blottir contre elle, et ses muscles se relâcher… Peut-être avait-elle réussi à aider Nix, après tout ? Elle qui se trouvait si impuissante… se pouvait-il qu’elle ne le fût pas autant ?

Se pouvait-il que sa fille la considère davantage comme cette personne qui la serrait contre elle, qu’une voix déformée, métallique, au téléphone ? Cette simple idée, qui lui parut presque folle, en cet instant, la submergea à tel point que la terreur s’en trouva non pas moins forte, mais moins oppressante… moins paralysante. Elle lui donna une détermination qui la surprit à elle-même, et lui fit quasiment tourner la tête… Elle voulut tenter de se dégager de sa fille, pour aller chercher son époux, mais… mais Nix fondit en sanglots dans ses bras.

Margaret sentit son cœur se briser, et les éclats tomber indéfiniment, de même que les larmes de sa fille mouillaient rapidement son vêtement… Elle se sentit prise de court. Jamais elle n’aurait cru ressentir autant d’émotions contradictoires en un tel moment… Sa fille s’agrippait à elle comme pour rechercher sa chaleur, et cela la rendait si heureuse, de compter dans son cœur, qu’elle aurait pu fondre en larmes, elle aussi, de bonheur… Mais en face, il y avait cette tristesse, cette douleur de Nix qui se répercutait en son cœur, de sorte qu’elle voulut unir ses sanglots aux siens… Pleurer à sa place, souffrir à sa place… La voir sourire… Etait-ce si compliqué ? Elle n’en pouvait plus… comment pouvait-elle seulement supporter de sentir tant de détresse se blottir contre elle, sans pouvoir l’apaiser ?

Elle entre ouvrit les lèvres, sans savoir ce qu’elle avait l’intention de dire… elle n’en eut pas besoin, car elle se rendit compte qu’aucun son ne voulait seulement sortir de sa gorge… Alors elle serra son enfant, elle la berça encore, enveloppé de cette douceur maternelle dont elle n’avait pas conscience… comme si chacun de ces gestes avait une signification profonde qui lui échappait… Et puis Nix parla… Sa voix était si faible, si douloureuse que Margaret aurait voulu lui dire de ne pas parler, de ne pas s’essouffler… se reposer, simplement… dormir contre elle, fermer les yeux… faire fuir la douleur… Elle mit quelques secondes à saisir ce que le murmure de sa fille signifiait…

Oui, elle était en vie… mais à quel prix ? C’était sa faute… Si elle ne s’était pas retrouvée dans une telle situation, si elle n’avait pas risqué tant de vies, Caliban n’aurait pas été contraint de venir la sauver… et sa fille sourirait, en cet instant précis. Au lieu de cela, Nix se redressa… Ce geste eut tendance à sortir momentanément sa mère d’une sorte de transe. La panique succéda à la confusion, et elle resserra son étreinte, comme pour empêcher Nix de s’éloigner. Non… ne surtout pas bouger, dans son état. Margaret eut un mouvement de tête négatif, tout en glissant à nouveau ses doigts dans les cheveux de la jeune fille… Un murmure doux franchit ses lèvres :


- Chut… chut… ma chérie… Reste-là, ne bouge pas… Je vais très bien… Je n’ai besoin de rien… Je suis là…

Oui, elle était là… Il n’y avait que cette vérité qui comptait, rassurante et terrible à la fois… Dans le silence qui suivit, son ventre traître démenti ses paroles en émettant un grognement de protestation, qu’elle ignora royalement. Maggie ouvrit doucement les yeux pour observer à nouveau le visage meurtri de fatigue qui se releva vers le sien. Une lueur éperdue brilla dans son regard si semblable à celui de sa fille, lorsqu’elle reprit la parole… Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, délicieux et cruel… Les paroles de Nix firent cesser un instant les battements de son cœur, et sa respiration même… Durant un moment qui lui parut infiniment long, elle plongea son regard dans celui de son enfant… et sentit des larmes affleurer jusqu’à ses yeux. Des larmes inexplicables… mélange de bonheur et de regret. L’aveu de Nix… la faisait renaître à tel point qu’elle aurait voulu rire. Rire de joie… Mais c’était si douloureux à la fois, de constater jusqu’à quel point elle avait pu se tromper… Jusqu’à quel point elle avait commis une erreur, en abandonnant son enfant. Elle se sentait soudainement si mauvaise mère, qu’elle se trouva indigne de mériter une telle étreinte, et une telle culpabilité de la part de sa fille qui s’excusait d’une souffrance dont elle n’était nullement la cause.

Margaret sentit quelque chose de chaud glisser le long de sa joue. Une larme… Doucement, avec une lenteur irréelle, elle cligna des yeux, comme revenant d’un songe… Dans un geste qu’elle ne maîtrisa pas, le cœur au bord des lèvres, elle retint Nix avec tendresse, et glissa une main le long de sa joue, comme pour tenter d’apaiser une panique qu’elle sentait monter… Instinctivement, elle se pencha, et déposa sur le front de la jeune fille un baiser tiède et hésitant.


- Non ma belle…Ce n’est pas toi qui m’a fait du mal… Ce n’est pas à toi de t’en vouloir… Je ne veux pas, d’accord ?... C’est moi… C’est moi qui ai commis une erreur… Je n’aurais jamais dû te laisser seule… Je ne voulais pas, je te le jure… J’ai eu… peur. Peur de devenir folle… et de te faire encore plus de mal. Je voulais juste te protéger… J’ai échoué… je… tu es si pâle…

Son index continuait de caresser doucement la joue de sa fille, tandis qu’elle prononçait des paroles qui s’écoulaient lentement de ses lèvres comme le cours d’un fleuve sur lequel elle n’avait aucun contrôle… Mais il lui sembla qu’au fil de ses mots, son cœur s’allégeait d’une culpabilité qu’elle ressentait toujours… mais qu’elle venait d’avouer.

- Je… je ne sais pas si je mérite que tu me pardonnes… Alors je ne te le demanderais pas… Mais Nix, crois-moi… Je ne serais pas morte… Parce que j’avais besoin de te revoir… Il n’y a pas que ton père qui m’a sauvé la vie… C’est toi qui l’as fait… C’est en pensant à toi que j’ai réussi à tenir le coup… Maintenant c’est à moi de te sauver la vie… J’ai tellement peur…

C’était la vérité… Et cette vérité faisait trembler la voix de Margaret, à tel point qu’elle s’altéra peu à peu, et laissa place à un silence troublée par leurs deux respirations irrégulières, guidées par des sentiments confus qui s’entrechoquaient dans un chaos complet. Maggie aurait voulu bouger, s’éloigner de Nix, appeler Caliban… Elle n’en trouva ni la force, ni le courage. Tout ce que venait de dire sa fille l’avait plongée dans un tel état de béatitude et de crainte mêlées qu’elle se trouva incapable de penser raisonnablement…

Pourtant, ce fut cet instinct de protéger son enfant qui la poussa à poser ses mains sur les épaules de Nix, pour la forcer à se rallonger convenablement, glissant ses doigts sur son front et ses cheveux… Elle-même, resta assise par terre, à son chevet, le visage presque à hauteur du sien, le regard brillant de larmes de joie et de détresse… Tremblante, elle appuya son front contre celui de Nix, et murmura encore :


- Je veux que tu te reposes, maintenant… Laisse-moi m’occuper de toi… Laisse-moi rattraper tout ce que je n’ai pas pu faire… Je n’ai besoin que de cela… Le reste attendra… Mon ventre en a vu d’autre, tu sais ?

Et sur cet essai timide d’humour, Margaret tenta un petit clin d’œil complice, qui se voulait rassurant… alors qu’elle était tout, sauf rassurée de l’état de santé de son enfant. Elle glissa sa main dans la sienne, et la serra doucement, traçant des petits cercles du bout de son pouce, sur la peau de la jeune fille… Et après un moment de silence qu’elle voulait apaisant, un sursaut de conscience lui fit demander enfin :

- Sais-tu où se trouve ton père ?... Toi comme moi, nous savons qu’il est le seul à pouvoir te guérir…

Il y avait dans cette vérité énoncée comme un arrière-goût de regret et d’impuissance… Oui. Le seul à pouvoir sauver Nix, était précisément l’homme qui l’avait mis dans cet état… ce que Margaret ne supportait pas.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyVen 2 Mai - 15:08

Sa mère montrait plus de force qu'elle, et cela suffisait à l'empêcher de se redresser, alors qu'elle aurait voulu le faire, alors qu'elle aurait du chercher à nourrir celle qu'elle aimait tant. Tant pis, pour une fois, Nix se laissait faire sous l'avis de quelqu'un, et se contentait de se blottit un peu plus dans la chaleur maternelle. Dans ce qui lui avait tant manqué. L'oeil mi-clos, elle se contentait donc de demeurer silencieuse, en partie rassurée par les caresses dans ses cheveux, même si elle ne manqua pas de noter la protestation du ventre de Margaret.

Sa respiration était faible, mais calme. Son regard sombre, lointain, ne fixait pas grand chose au final, ne devenant attentif qu'en se relevant vers celui de sa mère. Il n'y avait plus rien de batailleur en Nix, plus rien qui ne s'oppose à qui que ce soit. Et ce n'était pas seulement une histoire de manque d'énergie. C'était parce qu'elle avait si peur de perdre ce lien avec sa mère, que son unique but était de les préserver, l'une comme l'autre.

Pourtant, si elle avait l'air proche de l'endormissement, si son corps était immobile, cela ne l'empêchait pas d'être des plus attentives aux mots de celle qui la berçait. Même si elle n'était pas tout à fait d'accord, et que des frémissements témoignaient de ce qu'elle pensait, elle demeurait silencieuse. Ce qu'elle entendait la troublait. Alors que dans son souvenir, elle avait rendu la vie impossible à sa mère, en la laissant seule, bien qu'elle ne l'ait pas fait volontairement - son père avait quelque chose d'attirant, d'hypnotique pour elle, et il lui avait fallu ce cas de rejet pour se rendre compte que cela pouvait être négatif - . Elle venait de vivre une solitude qui lui avait fait penser à celle que sa mère avait vécu. Et elle s'en voulait. Si elle avait été plus présente avec elle, peut-être qu'elle ne serait pas partie, peut-être qu'elle n'aurait pas eu "peur".

Ce fut au cours des paroles si fortes de sa mère, qu'elle se rendit compte que les gestes de Margaret parvenaient suffisamment à la calmer, à capter son attention, pour qu'elle cesse de sangloter. Elle ne savait pas réellement à partir de quand elle avait été suffisamment rassurée, mais c'était une quiétude qui, malgré la douleur et l'épuisement, avait pris place en elle. Elle buvait les mots de sa mère, elle frémissait sous ses caresses, laissant de côté la peur et la panique. Bien vite, alors qu'elle apprenait qu'elle avait, en quelque sorte, sauvé Margaret, elle se retrouva allongée, plongeant son regard dans celui de celle qui lui avait donné la vie.

Elle tenta de lui répondre par un sourire, même s'il était bien mince. Nix n'osait pas la quitter du regard, comme si, sans ce contact, sans ces gestes réparateurs qui frôlaient sa peau, elle craignait que sa mère disparaisse soudainement, sans prévenir, sans lui dire au revoir. Elle avait peur de la perdre, encore une fois, elle savait qu'elle tenait trop à elle pour la laisser partir.

Ainsi, elle esquissa une pression sur la main de Margaret, tout en fermant son oeil, le visage tourné vers sa mère. Un instant, on aurait pu penser qu'elle ne comptait pas répondre au sujet de son père, pour une raison inconnue. Qu'elle préférerait dormir. Jusqu'à ce qu'un spasme étrange la traverse, la faisant se redresser, et porter la main à sa bouche. Le sang qui s'écoula entre ses doigts, suite à sa quinte de toux, n'eut rien de rassurant. Et quand elle put reprendre son souffle, son oeil se voila. Elle posa sa main sur son propre t-shirt pour l'essuyer, avant de se servir du tissus pour enlever le sang de ses lèvres.

C'était presque un regard honteux qu'elle porta sur sa mère. Le sang sur son vêtement était bien gris, pour ne pas trahir de présence d'un Flux anormal. La jeune fille s'accorda le droit de frémir, avant de desceller enfin les lèvres :


-Je ne sais pas où il est et... je m'en fous.

Bon, elle devait réellement en vouloir à son père, pour dire une chose pareille. La jeune fille se rallongea, silencieuse, puis soupira doucement. Son autre main s'accrochait sincèrement à celle de Margaret, comme si elle était son dernier repère. Même si elle s'en voulait de se montrer dans un tel état à sa mère.

-Je ne peux pas pardonner quelqu'un qui, d'après moi, n'a fait aucune faute. Désolée. Je t'aime, Maman.

Sa main tremblait doucement. Elle se rapprocha un peu plus de Margaret, posant son autre main sur le visage de sa mère, avant de la redescendre sur son avant-bras, simplement, avec un léger sourire qui tentait de se faire rassurant... mais qui ne l'était pas réellement. Elles étaient aussi douées l'une que l'autre pour rater cette expression. Alors Nix se contenta de se rapprocher du corps de sa mère, pour profiter encore de cette chaleur...
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyVen 2 Mai - 17:08

Caliban était à peine arrivé au Val des Ombres, qu'il avait déjà repris son travail, défaisant comme si Nix n'avait fait que des bêtises, chaque chose que l'enfant avait mise en place. En réalité, elle avait agit avec justesse - trop de justesse, d'ailleurs, aux yeux de l'Envie ? - , mais il jugeait cela inapproprié à la situation, et avait levé toutes les protections, toutes les aides qui avaient été demandées, toutes les interdictions qu'elle avait mis en place. Puis il s'était occupé de l'Ecole, des éventuelles reconstructions, d'apprendre ce qu'il s'était réellement passé pour sa fille fasse cela.

Au final, la situation ne lui plaisait guère, mais il pensait que ce qu'il avait pris comme décision était ce qu'il y avait de mieux. Il lui fallut donc vérifier son laboratoire, dans le doute, puisqu'il avait un peu de temps devant lui. Même si tout son corps lui semblait douloureux, même si l'idée d'avoir frôler la mort le taraudait depuis le début de la journée, il demeurait décidé dans ses gestes, et se servait de la froideur de son âme, pour agir.

A vrai dire, il était arrivé à quelques conclusions : quelqu'un, quelque part, leur avait tendu un piège. S'il avait été le seul à être visé, ce quelqu'un - qui les avait suffisamment manipulés pour les séparer et les affaiblir - aurait agi autrement, et l'aurait rendu à sa solitude. Si les élèves, alors qu'il était loin d'eux, avaient été touchés par la même arme - enfin, la même sorte d'arme - , cela limitait la raison de l'attaque. Soit on en voulait au Flux, soit on en voulait à ces jeunes délinquants en puissance. C'était donc tout aussi possible que ce soit une force d'Etat, une forme de justice, qu'un être aussi cinglé que lui.

Dans tous les cas, il fallait être bien informé pour arriver jusqu'au Val, en sachant ce qu'il s'y trouvait. Il y avait donc, au moins, un traître dans ces murs... ou en dehors, en la présence d'un ancien élève. Il y avait des multitudes de possibilités, et chercher qui serait en lien avec des gens qu'il ne connaissait même pas lui prendrait un temps fou. Quoiqu'il en soit, il avait besoin de vérifier que toutes ses expériences étaient bien à leur place. Et, quelques instants plus tard, il ressortit de son laboratoire, le visage encore plus livide qu'auparavant : certaines de ses inventions manquaient.

Il ressemblait donc bien mieux à une ombre, qu'à un homme, quand il s'avança vers ses appartements, et quand il franchit la porte, en fin de journée, avec trois assiettes sous cloches de fer. Il semblait qu'il ait fait un détour par les cuisines, pour préparer quelque chose aux filles qui se trouvaient maintenant chez lui. Du moins, il avait déduit que Nix serait forcément dans son salon, donc que Margaret l'avait retrouvée là-bas.

Et sa déduction était bonne, puisqu'il arriva dans un salon avec les deux personnes qu'il recherchait dans les couloirs. Lui qui semblait revenir d'on ne savait quel désastre - ses vêtements étaient plus proches des haillons que de vrais vêtements de Directeur, et son visage était très marqué par l'inconscience qu'il avait vécue durant quelques heures - , parut encore plus mal, en voyant l'état de sa fille. Caliban se dépêcha de déposer les assiettes sur la table basse, puis s'avança vers elle. Il dégageait une impression étrange, celle du géant qui s'était brisé sous la scène qu'il pouvait observer.


-Nix... que s'est-il passé ?

Elle n'allait pas lui répondre, bien sûr, c'était son rôle à lui. Mais la panique se lisait dans son unique oeil. Un simple souffle de vent aurait pu le briser, une simple parole pouvait le faire craquer. Ses longs doigts errèrent sur le visage de son enfant, alors qu'il se mordait les lèvres. Il concentra son pouvoir, mais ne ressentit rien de particulier, rien qui puisse lui expliquer ce qui n'allait pas, ce pourquoi sa fille était dans ce qu'il jugeait être un rejet... à moins qu'elle ne soit tombée gravement malade, mais elle ne présentait encore aucun symptôme la veille.

Il soupira doucement, tentant de calmer les battements de son coeur. Normalement, Nix avait un sang exceptionnel, vis-à-vis du Flux, un sang qui devait tout accepter sans problème. Alors où était le problème ? Y avait-il une inconnue qu'il n'avait pas prise en compte. Il prit sa tête entre ses mains. Ce qu'il avait fait était inhumain...


-Que s'est-il passé ?

Caliban semblait en état de choc, incapable de quoi que ce soit. Il tremblait sur ses longues jambes, n'osait même pas regarder dans les yeux les deux filles. Enfin, il s'accorda le droit de s'asseoir sur une chaise qui traînait non loin... enfin, de s'affaler, plus exactement.

-J'ai... préparé à manger, Maggie...

Il avait préparé son plat préféré. Il avait osé penser que cette soirée se passerait bien, sans souci, après ces jours insoutenables... dommage.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptySam 3 Mai - 0:47

Margaret ne savait pas si elle était rassurée ou non de sentir Nix s’apaiser petit à petit contre elle, jusqu’à ce que ses sanglots s’estompent. Peut-être avait-elle réussi à adoucir la douleur de sa fille… ou peut-être était-elle en train de la perdre… Cette seule idée lui parut si invraisemblable, si déchirante, et pourtant aussi proche que réelle, si bien qu’elle ne parvint pas à retenir ce frisson glacé d’horreur qui lui traversa le corps de part en part. Sa fille s’en était sans doute aperçue… et comment ne pas apercevoir la pâleur sur le visage de la voleuse, ses lèvres tremblantes, et ses yeux qui brillaient d’une cruelle impuissance ? Dans des gestes désespérés, elle continuait de bercer Nix contre elle, au creux d’une chaleur protectrice qu’elle aurait voulu bien plus apaisante encore… Est-ce que ses bras suffiraient à sauver son enfant ? Non… Elle ne pouvait rien faire. Et cela lui faisait plus mal encore… La perdre une seconde fois, c’était plus qu’elle ne pouvait seulement envisager.

Pourquoi… pourquoi fallait-il qu’une maladie inconnue sur laquelle elle n’avait aucune prise, arrache Nix à elle, au moment même où elle la retrouvait enfin, où elle la serrait dans ses bras… où elle l’entendait lui dire « je t’aime » ? Je t’aime… Ce n’était que deux mots, qui prenaient naissance sur les lèvres de la jeune fille… Mais quels mots… Margaret aurait pu s’évanouir de bonheur, si elle ne sentait pas déjà son enfant lui échapper à nouveau. Etaient-elles donc maudites ? Y avait-il quelque chose qui, chaque fois, les éloignait l’une de l’autre ? Elle ne la perdrait pas… Pas une seconde fois, elle se l’était juré. Et l’idée seule d’échouer ne lui était pas tolérable, à tel point que sa conscience refusa de l’envisager… pour éloigner toute la force de cette éventualité si proche.

Une éventualité qui s’accentua encore, lorsque Nix, restée jusqu’alors bien silencieuse à la question de sa mère, fut parcourue d’un spasme qui la fit se redresser subitement, et sursauter Margaret, d’une telle manière que son cœur lui parut se retourner complètement dans sa poitrine. Elle avait cru un instant que le sommeil allait emporté sa fille… et elle n’en avait été que plus effrayée de la voir fermer les yeux. Mais l’observer se redresser et se mettre à tousser, jusqu’à cracher ce qui sembla être du sang d’une inquiétante couleur grise, c’était encore pire que ce qu’elle avait pu imaginer… Chaque geste de sa fille lui donnait l’impression qu’elle ne pouvait être plus inquiète qu’elle ne l’était déjà… et pourtant, à chaque seconde qui s’écoulait, elle l’était davantage.

Maggie sentit un malaise la prendre, et un goût métallique subsister sur ses lèvres, tandis que sa fille essuyait les siennes avec son tee-shirt, et semblait honteuse de ce qu’il se passait… Le cœur au bord des lèvres, la voleuse eut une forte envie d’aller vomir toute son inquiétude, mais elle savait aussi qu’elle n’avait pas le droit de se le permettre. Elle se l’était promis… d’être forte. Quoi qu’il arrive… Mais ce qui arrivait, jamais elle n’aurait pu l’envisager… Quelle mère supporterait de voir son enfant souffrir devant ses yeux, sans rien pouvoir y faire ? Elle le fit pourtant, les lèvres presque aussi pâles que le reste de son visage, les yeux cernés de fatigue et d’une panique à peine dissimulée, les mains moites, mais aux gestes rassurants…

Elle fut déstabilisée par la réponse de Nix, à tel point qu’elle entre ouvrit les lèvres, et lui adressa un regard teinté d’incompréhension… Tout se bouscula dans son esprit, la logique se mêlant à la confusion… Son côté analytique commençait à mettre un peu d’ordre, en arrière-fond… Du sang gris, son Flux qui s’affaiblissait, ce phénomène semblant lié à l’état de Nix, Caliban qui aurait voulu lui donner les moyens de diriger cette Ecole… La conclusion était… si limpide qu’elle en devenait douloureuse. Caliban avait toujours considéré Nix, en un sens, comme une de ses plus belles expériences… Pourquoi donc n’aurait-il pas été tenté d’expérimenter autre chose ?... Nix possédait un Flux qu’elle n’avait pas rejeté. Pourtant, cette maladie ressemblait à cette chose que faisait le Flux lorsque le corps de l’infecté le refusait… Se pouvait-il donc que Caliban ait osé essayer d’injecter à son propre enfant un autre Flux, en plus du premier ?

Margaret eut l’impression de recevoir une douche glacée, qui la réveilla brutalement… Elle savait qu’elle avait raison. Et elle n’en souffrait que davantage… Car face à une telle chose… elle ne pouvait rien. Elle aurait dû être révoltée, en colère, furieuse même… Elle l’était, au fond. Mais elle n’en avait pas la force… Toute sa volonté s’était bornée à se rapprocher de sa fille qui lui murmurait qu’elle n’avait rien fait de mal. La serrer encore un peu contre elle, la rassurer comme elle pouvait… C’était si peu, ce qu’elle faisait… Et pourtant, elle sentait que cela lui faisait autant de bien à elle qu’à sa fille. Elles se guérissaient l’une l’autre… Mais pas suffisamment au goût de Margaret.

Nix sembla réclamer un nouveau câlin, et sa mère n’eut pas besoin de plus d’explication pour serrer tendrement sa main, déposer un baiser sur sa joue, et lui caresser légèrement le front du bout de ses doigts, en un geste lent et doux, si calme qu’il aurait pu l’endormir… Elle ferma les yeux, et murmura doucement en retour :


- Moi aussi je t’aime…

Elle inspira profondément, et son propre souffle saccadé sembla se calmer progressivement, sous l’étreinte qu’elle offrait encore à sa fille. Cette présence-là, même si c’était un corps faible et malade, lui donnait pour la première fois depuis qu’elle avait quitté le Val, l’impression d’être en vie, d’être presque entière… Presque. Parce qu’il n’y avait qu’une seule autre personne pour combler ce qui lui manquait encore. Caliban… Caliban, celui à qui elle en voulait à présent à tel point qu’elle ignorait ce qu’elle serait capable de faire, si elle se retrouvait devant lui… Il fallait pourtant bien qu’elle le soit… Car pour elle, seule Caliban était capable de réparer l’erreur qu’il avait commise. Ou l’une de ses erreurs… Cette intuition lui retourna l’estomac, et elle pinça les lèvres.

La façon dont Nix avait dénigré son père l’avait choquée, et intriguée à la fois… Il fallait que sa fille aille très mal, pour qu’elle en vienne à ne pas se soucier de l’endroit où de la santé de son paternel. Peut-être savait-elle des choses que Margaret ignorait encore… Mais ce n’était pas le moment de se poser ce genre de questions. Il fallait agir… Elle aurait voulu continuer à bercer son enfant indéfiniment, mais elle savait que cela ne serait pas utile… Et il n’y avait qu’une seule autre chose à faire : retrouver Caliban. Et se retenir de lui cracher toute sa détresse et sa rage à la figure.

Alors qu’elle en arrivait à cette résolution, bien délicate cependant, puisqu’elle ne voulait nullement se séparer de sa fille, Caliban en personne lui épargna la douleur de s’éloigner de Nix, en pénétrant lui-même dans la pièce. Trop plongée dans son inquiétude, ses pensées tortueuses et cette bulle qui s’était formée autour d’elle et de son enfant, elle ne l’avait pas entendu arriver. Elle releva lentement la tête dans sa direction…

… son regard profond, à la fois terrorisé et plein de rancœur, se posa sur le visage de son époux qui découvrait la scène… et se brisait sous le choc. Margaret ne comprit pas ce qu’il se passa alors en elle. Elle avait eu l’intention d’éclater de fureur, de hurler après lui, de le supplier de faire quelque chose, de le haïr pour ce qu’il avait osé faire… Mais toute cette rage, toute cette colère furent soufflées en une simple seconde. Cette unique seconde où elle lut sur le visage du grand Directeur un désespoir semblable au sien. Elle eut envie de pleurer… Ses épaules s’affaissèrent… Elle se crut faible. Si faible…

Caliban s’approchait de Nix et répétait plusieurs fois la même chose, comme un disque rayé, incapable d’aller au-delà de ces quelques mots… et Margaret l’entendait à peine. Sa respiration s’accélérait à nouveau, brûlante dans sa gorge, et son cœur lui faisait affreusement mal. Elle serrait fortement la main de sa fille, sans cesser de suivre des yeux les gestes de son mari… Elle souffrait de ne même pas être capable de cet accès de rage légitime. Pourquoi ? Elle l’ignorait… C’était comme si… comme si elle n’avait plus aucune raison de le détester, alors qu’il lui en offrait des milliers.

Immobile, assise par terre au pied du canapé, tremblant de tous ses membres, Margaret tenta d’assimiler les paroles de Caliban… Il ne savait pas… Il ne savait pas plus qu’elle se qu’il se passait… Se pouvait-il donc que même lui, ne puisse rien pour Nix ? Non, non… C’était impossible. L’esprit de la voleuse tenta de repousser au loin une conclusion qui ne lui convenait pas. La rage était toujours là, alimentée en grande partie par la peur de perdre un être cher… Mais cette rage, elle ne pouvait pas la laisser sortir… Elle n’y arrivait pas. Ses mots se coinçaient dans sa gorge, et des larmes se mirent à couler sur ses joues, faute de pouvoir mieux faire…

Caliban s’affala sur une chaise, et son geste la fit sursauter… elle était tellement à fleur de peau que le moindre mouvement la faisait tressaillir. Son regard glissa du visage pâle de Nix vers celui de son époux, qui n’était guère en meilleur état… Elle ne pouvait pas observer son propre visage, mais elle n’avait rien à leur envier… Elle avait tellement de choses à lui dire, à lui reprocher… Alors pourquoi diable se sentait-elle soudainement démunie, devant cet homme par qui tout le malheur arrivait, mais qui était effondré devant elle ? Margaret savait que la moindre petite chose pouvait achever de le briser… Elle eut peur…

Et les seuls mots qui parvinrent à franchir ses lèvres, furent les seuls qui n’avaient strictement aucun intérêt :


- C’est bon, je… je n’ai pas faim…

Encore une fois, comme en esprit de contradiction avec sa détentrice, le ventre de la voleuse gargouilla plus encore, ce qui l’agaça beaucoup plus profondément que cela n’aurait dû. Elle secoua vivement la tête, puis baissa les yeux vers son ventre pour s’exclamer, d’une voix bien trop stridente pour être seulement contrôlée :

- Bordel !!! J’ai pas faim, j’ai dit !... J’ai pas FAIM !

Margaret poussa un long soupir tremblant, et lâcha doucement les doigts de Nix pour plonger son visage humide de larmes entre ses mains, frémissant sous des sanglots qu’elle tentait de maintenir avec une sorte de vestige de courage. Cela ne dura quelques secondes, avant qu’elle ne se redresse, essuyant machinalement ses joues, et rabattant ses mèches rebelles derrière ses oreilles, dans un geste un peu maniaque… Elle reposa sa tête sur le bord du canapé, non loin du visage de Nix, et glissa à nouveau sa main dans la sienne, sans quitter Caliban des yeux. Il y eut encore beaucoup de mots qui se bousculèrent sur sa bouche, avant que certains ne réussissent à former une phrase complète…

- Cal… Dis-moi que tu sais ce qu’il se passe… Dis-moi que tu sais comment la guérir… Je ne te demande rien d’autre…

Sa voix était éraillée, ce qui la surprit elle-même, tout comme la teneur de ses paroles… C’était stupide. Vue la réaction de Caliban, il ne savait pas plus qu’elles se qui se produisait. Mais c’était une vérité bien trop difficile à assimiler… ou à accepter. Alors, tout en caressant la main de sa fille, Maggie s’entendit continuer faiblement :

- Je ne sais pas ce que tu as fait… Mais je ne suis pas complètement idiote… Elle crache quelque chose de gris… Du Flux… Est-ce que c’est un cas de rejet ?... Est-ce que… tu lui as injecté un autre Flux… pour la protéger pendant ton absence ?

La question n’était ni hargneuse, ni remplie de reproches cruels… Margaret voulait juste savoir ce qu’elle avait déjà deviné. Savoir… et lui laisser une chance de justifier ce qu’elle ne pensait pas pouvoir pardonner. Manipuler les gènes de sa fille comme un rat de laboratoire… c’était impardonnable. Mais à la place de la rage se substituait un sentiment plus fort qu’elle ne maîtrisait pas. L’amour… et le chagrin de voir se refléter la même douleur sur le visage de son époux.

Sa voix était presque calme, lorsqu’elle ajouta encore, du bout des lèvres :


- Je sais qu’il y a des choses que tu ne me dis pas… Je ne t’ai jamais rien demandé à ce sujet… Mais il s’agit de notre fille… Et je refuse de la perdre une seconde fois… Dis-moi… ce qu’il faut que je fasse pour l’aider… Ausculte-la maintenant pour savoir ce qu’il se passe…

Elle cligna des yeux, et son regard teinté de supplique et de désarroi se tendit plus encore vers Caliban, alors même qu’elle aurait dû plutôt le mordre pour ce qu’il avait osé faire, et qu’elle ne pouvait qu’à peine imaginer. Et puis, une dernière phrase lui échappa encore :

- Cal, relève-toi… J’en ai besoin…

Le murmure à peine audible pouvait se prendre au sens figuré comme au sens propre… et les deux étaient certainement à retenir. Margaret fixa encore un instant l’homme qui avait été toute sa vie, mais qui ne cessait de la trahir, en retenant sa respiration… Puis elle tourna la tête vers Nix, et lui offrit une nouvelle étreinte tremblante, comme si elle cherchait autant à recevoir du réconfort qu’à en donner… Elle ne la laisserait plus seule. Plus jamais…
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyDim 4 Mai - 17:04

Caliban releva à peine le regard de ses longs doigts, quand il entendit la voix de Margaret. Il semblait s’être détaché du réel, s’être enfuit pour mieux se protéger, pour être au-delà de toutes les douleurs… et surtout de ces douleurs qu’il avait réussi à produire. Dans sa tête, comme un disque rayé, et avec la précision temporelle d’un métronome, l’idée unique, et simple, que cela n’aurait pas dû avoir lieu, se répétait inlassablement. Le scientifique se remémorait ce qu’il s’était passé avant qu’il ne parte de l’Ecole, ce qu’il avait bien pu faire pour que sa fille soit dans cet état.

La crise d’hystérie de sa femme put cependant l’arracher à ses pensées, pour lui faire redresser la tête sur elle. Encore une fois, il se surprit à songer que malgré des traits tirés, malgré les larmes et les sanglots, elle était toujours aussi belle. La seule force que le temps avait sur elle, c’était de souligner une beauté qui l’avait surpris depuis leur première rencontre. Et puis, il connaissait tant ses expressions, son air farouche, qu’il regrettait… Bref, le problème n’était pas là. Le problème était que si Nix était en danger actuellement, elle n’était pas la seule, et le refus que Margaret imposait à l’idée de manger n’était pas ce qu’il fallait dans un cas pareil. Il afficha un air sévère – et pourtant si différent de celui que lui connaissaient les gens de cette Ecole, qu’il aurait pu sembler doux – face à sa femme, en plissant les lèvres.

Et pourtant, aucune parole ne franchit ses lèvres, et bien vite, il s’accorda le droit de regarder de nouveau ses longues mains, si charmantes, et pourtant si détestées à ses yeux. Le regard mi-clos, lointain, il se laissait de nouveau emporter… ou était plus présent que jamais dans la pièce, sous les mots de sa femme. Il était bien difficile de savoir, bien difficile de se rendre compte de ce qu’il pouvait traverser l’esprit de Caliban. Tout ce qu’il y avait à savoir, c’était plus regrettait ses actes plus que cela n’aurait pu être possible, et que les mots de Margaret le refroidissaient, probablement trop, l’emmenant dans les méandres de ses songes.

Et puis, soudainement, elle prononça ce qu’il fallait lui dire. Bien sûr, cela eut pour effet de lui planter une dague dans le cœur, et souligna plus encore les traits de son visage, marqués par son combat, par sa défaite, par la crainte de la mort de ses deux femmes, par ce qu’il avait appris de ce qu’il était arrivé dans cette Ecole… il semblait soudainement avoir gagné dix ans de plus, ou paraissait plus irréel encore, armé de sa taille immense et de sa maigreur due à une journée d’inquiétudes. Il posa son regard sur la voleuse, puis ferma les paupières, silencieux, avant de murmurer d’un ton sévère :


-Maggie, cela fait cinq jours que tu n’as pas mangé, alors tu vas te dépêcher de dévorer ce que je t’ai préparé, ou je te l’incruste dans les veines à coups de perfusions… Si tu refuses de perdre ta fille, alors fais en sorte qu’elle ne te perde pas.

Oh, bien sûr, il sous-entendait, sans en avoir l’air, qu’il ne voulait pas non plus la perdre. Bien sûr, ces mots n’avaient pas lieu d’être, simplement parce qu’ils étaient déplacés, parce que sa femme les aurait mal pris. Si elle voulait les comprendre, elle pouvait les deviner, sinon, le mieux était de ne pas sortir de leurs batailles habituelles. Il avait préféré se montrer dur, sévère, avec elle, parce que c’était le seul moyen de communication qu’ils se permettaient encore. Parce que c’était la seule chose qu’elle voulait bien entendre de lui. Et c’était tout ce qu’il osait lui dire.

Il se leva, immense et pourtant si faible, et s’avança vers les deux filles. Le cœur au bord des lèvres, il tentait d’avoir l’air plus fort qu’il ne l’avait jamais été, plus fort qu’il ne devrait l’être dans une telle situation. Caliban était toujours au bord du gouffre, toujours sur le point de se briser, mais il devait garder ses forces pour elles deux. Une de ses mains se posa sur la taille de Margaret, l’autre brisant le contact entre la mère et la fille, pour la faire se lever. Et si l’inventeur n’était pas très sportif, ses recherches et sa tendance à tout bricoler par lui-même lui avaient offert une force assez remarquable dans les bras. Se servant de cette froideur, et de cette force, justement, il amena Margaret jusqu’à la table, jusque devant un plat, et lui posa des couverts dans les mains.


-Maintenant tu manges avant de sombrer dans l’inconscience, s’il te plaît. Et si tu ne le fais pas pour toi, ni pour moi, fais-le pour elle.

Ensuite, ce fut en quelques enjambées qu’il se retrouva au chevet de sa fille, ses mains courant le long des bras de la jeune fille, puis sur son visage, pour terminer sur ses tempes. Son œil ne semblait rien fixer en particulier, comme s’il avait de nouveau dressé plus d’une protection entre les faits et ses réflexions. Au bout d’un temps de silence, il murmura dans le calme de la pièce…

-Oui, Nix a un nouveau Flux, mais je ne suis pas complètement stupide, j’ai vérifié que tout irait pour le mieux avant de le lui donner. C’est pour cela que je ne suis pas parti trop rapidement, pour vous rejoindre, j’avais besoin d’être sûr… J’ai fait des test, Nix a un sang exceptionnel, elle devrait accepter n’importe quelle sorte de Flux. D’ailleurs, elle parvient à contrôler celui qu’elle a au niveau de son œil avec plus de facilités que n’importe qui d’autre. C’est nous qui lui avons donné cela… du moins je suppose que cette tendance à ne faire qu’un avec le Flux, et à le contrôler à la perfection, tout en repoussant des limites, cela vient du fait qu’elle soit la seule à ma connaissance née de deux parents infectés. Surtout que ni l’un ni l’autre n’avons présenté de cas de rejet. Et que nous sommes les deux premiers infectés, donc que nos corps ont eu le temps d’accepter la présence du Flux avant la conception de notre enfant.

Il continuait à glisser ses doigts sur les veines de la demoiselle, probablement en train d’essayer de comprendre ce qu’il se passait en elle, toute en suivant les déplacements du sang et du Flux.

-J’ai vérifié. Je ne pensais pas que ce ne serait pas assez, mais j’ai vérifié. J’ai fait un test pour voir s’il y avait un risque. Je n’aurais rien risqué si on ne m’avait pas donné des résultats exceptionnels, dignes des capacités de mon enfant. J’ai vu… que tout irait pour le mieux. Je lui avais déjà fait trop de mal pour tenter quoi que ce soit de dangereux. Alors… alors soit j’ai raté mon expérience, ou du moins j’aurais mieux fait de faire plusieurs tests, soit… soit la personne qui a réussi à entrer dans mon laboratoire l’a fait avant que je ne parte, avant que je ne fasse la demande à ceux qui devaient m’accompagner… il est probable qu’elle ait été là quand j’ai fait la prise de sang de Nix… et même quand Adam et toi nous avez appelés la première fois de la Mine, puisque c’était à ce moment précis que nous avons parlé la première fois, Nix et moi, de lui infiltrer un nouveau Flux.

Caliban releva le regard vers Margaret. Depuis quelques temps, il évitait celui de Nix, même si ses gestes se faisaient rassurants et calmes sur elle. Peut-être s’en voulait-il de ne pas l’avoir suffisamment protégée. D’ailleurs, ce n’était même pas une probabilité, et il fuyait la possibilité d’être face à la rancœur de son enfant.

-Quelle que soit la personne qui a réussi à nous espionner, me pousser à une telle faute envers mon enfant… je n’ai pas de mots pour trahir ma colère. Et s’il y a une seule solution que je n’ai pas encore pu trouver pour sauver un cas de rejet, je la trouverai. J’ai simplement peur que cela soit impossible…

Soudainement, les yeux mi-clos, il activa son pouvoir sur celui de sa fille, tentant de contrôler ce Flux qui la traversait. Cet acte était certes dangereux, puisqu’il n’avait aucune idée de la réaction d’un Flux face à celui qui lui était égal. Il opposait deux forces qui, normalement, devaient avoir la même puissance. La seule chose qu’il espérait, c’était qu’un cas de rejet se courbe facilement face à un pouvoir contrôlé depuis des dizaines d’années.

Ce ne fut pas aussi simple qu’il le pensait, puisque son nez se mit à saigner sous l’effort, qu’il relâcha immédiatement, en fixant enfin le regard de son enfant. Caliban se redressa, alla jusqu’à une de ses armoires dissimulées dans le mur, qu’il ouvrit, pour en sortir un mini-laboratoire. En moins de trente secondes, il était de nouveau devant sa fille, l’œil sombre, à laquelle il fit une prise de sang, qu’il glissa dans une des petites machines de son labo. Debout devant ses instruments, il avait l’air de réfléchir intensément, avant de sortir deux boîtes d’un tiroir.


-En attendant des résultats, Nix, tu vas prendre ces deux cachets. Le jaune est pour calmer la douleur, tu vas le prendre maintenant. Pour le bleu, c’est un somnifère que tu prendras après manger, qui pourra t’offrir une nuit complète. Au moins tu pourras profiter de cette soirée. Nous avons tous besoin de manger, déjà. Et de passer une soirée tranquille…

Le père déposa les cachets sur la table basse, puis alla s’installer à table, le regard perdu, face à sa femme.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyDim 4 Mai - 17:05

Cette chaleur que lui procurait sa mère était une source de vie à laquelle Nix Leviaz n’était que trop peu habituée. Elle n’avait pas besoin qu’on le lui explique, pour comprendre que c’était là tout ce dont elle avait besoin. Une présence maternelle, ces baisers sur son front qui semblaient pouvoir rejeter la douleur même, et ces caresses qui lui faisaient comprendre ce pourquoi elle redoutait la solitude. Après, tout, pourquoi fuir cette affection, alors que tout allait au plus mal, alors qu’à quinze ans, elle savait que sa vie venait d’être sérieusement écourtée ?

Voilà une idée bien douloureuse. Et peut-être qu’il n’y avait rien de suffisamment fort pour exprimer sa détresse, elle qui se rendait soudainement compte qu’elle n’avait pas fait ce qu’il fallait, et que, même si elle avait agit avec justesse, ce n’était pas même la moitié de ce qu’elle voulait vivre. Peut-être que ce n’était jamais le temps pour personne, de fermer définitivement les yeux. Elle aurait au moins aimer savoir comment réagir face à une telle situation, mais elle était bien consciente qu’elle approchait d’une des limites dans les recherches de son père.

Son père qui, justement, entrait dans la pièce. Elle ne lui parla pas, ne le regardait qu’à peine, comme s’il aurait mieux fait de ne pas entrer. Elle lui en voulait de ne pas avoir prévenu une telle situation, regrettait de lui avoir donné cette idée, et ne voulait pas non plus qu’une quelconque rancœur salisse ses derniers instants… alors mieux valait ne rien dire, ne rien faire savoir, et se rapprocher un peu plus de sa mère, elle, l’Innocence. Si Nix avait su, un jour, qu’elle se tournerait vers le « bien »…

Le reste se passa vite, pour elle. Elle eut à peine le temps de se faire crier dans les oreilles, ce qui lui arracha un sursaut, que ses parents se trouvaient de nouveau dans une situation d’opposition. Comme d’habitude. Et cela la fatiguait. C’était aussi quelque chose qu’elle ne voulait pas voir, qu’elle voudrait régler définitivement avant de disparaître – et voilà, il lui arrivait une connerie et elle partait dans des sentiments nobles et des recherches pour rendre sa famille meilleure, un peu plus et elle se désespérait seule –, elle désirait voir ses parents heureux. Et elle savait qu’ils s’aimaient. Elle le sentait, elle savait si bien lire entre les lignes de son père, pour deviner ce qu’il ressentait. Bon sang, si jamais elle avait une solution pour tuer toutes les pétasses d’un coup…

Puis elle se laissa faire, sous les doigts de son père, qui lui étaient à la fois repoussants et rassurants. Voilà, elle devenait folle, en plus, la panique ne lui était pas de bon conseil. Elle s’accorda le droit de fermer les yeux, de demeurer silencieuses, sous les explications de son père, qui pourtant n’étaient pas de bonne augure. Nix Leviaz n’avait plus la force de chercher qui aurait pu faire tout cela, elle n’avait plus la force de réfléchir, à vrai dire, simplement d’entendre ce que son père lui demandait de faire. En prenant son verre d’eau, elle avala l’anti-douleur, soupira, puis se redressa pour aller rejoindre ses parents à table.

Un repas entre les Leviaz n’était pas forcément ce que l’on attendait d’un repas en famille. Simplement parce qu’elle avait des parents qui, bien que toujours mariés, ne se supportaient qu’à peine, et prenaient plus de temps pour s’engueuler qu’autre chose. Elle avait parfois l’impression d’être la seule à pouvoir se rendre compte qu’ils devaient se calmer, et mettre une bonne fois pour toutes les choses sur le tapis. Elle leur souhaitait de vivre ensemble. De comprendre qu’ils s’aimaient toujours. Nix retira la cloche de métal de son assiette, après s’être relevée pour chercher des verres et des serviettes pour tout le monde.

D’un simple coup de fourchette, elle attrapa un morceau d’omelette aux champignons. Son œil passait de son père à sa mère, attentif au moindre geste. Elle pouvait aussi noter que son père lui avait donné un médicament assez puissant, puisqu’elle ne ressentait déjà plus grand-chose. La jeune fille soupira un moment, puis dit d’une voix faible :


-On ne pourrait pas changer la punition qui… dit que je n’irai pas en vacances chez Maman ?

Bon, d’accord, pour trouver un sujet de discussion qui ne les mettrait pas en colère, il y avait mieux, mais c’était toujours autre chose qu’un silence qu’elle sentait trop pesant. Nix arrivait à un moment où elle ne voulait plus du silence, elle voulait savoir qu’elle vivait, que le monde pouvait encore vibrer autour d’elle. Qu’elle-même pouvait encore ressentir des choses.

-S’il te plaît, Papa… Je voudrais tant passer du temps avec elle…

Elle croisa un regard sombre de son père, qui acquiesça d’un signe de tête, probablement trop préoccupé pour répondre réellement. Et puis, il n’était pas compliqué d’attendre un peu de colère de la part de Margaret. La jeune fille baissa un instant l’œil, fautive, avant de se servir un peu d’eau.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyLun 5 Mai - 0:17

Maggie ne vit pas tout ce qu’il se passait sur le visage de Caliban… Elle ne remarqua pas l’inquiétude extrême qui semblait le vieillir, ni cet accès soudain de sévérité. Savait-elle ce que ses paroles pouvaient engendrer en lui, que ce soit en bien ou en mal ? En temps normal, oui, elle était consciente de chacune des réactions que pourrait avoir son mari à chacun de ses mots… C’était une manière, peut-être, de tenter de mieux le comprendre. Et de diriger, ne serait-ce qu’un bref instant, ce qu’il se passait dans sa tête. Mais là… là c’était différent. Elle ne comprenait qu’à peine ce qu’elle prononçait… ou peut-être ne le comprenait-elle que trop bien. Elle ne savait plus. Les yeux clos, elle se laissait plonger dans ce noir qui envahissait ses paupières et son âme tout entière, lui donnant une sensation de vertige, que seule la présence du corps tremblant de Nix contre le sien pouvait endiguer…

Alors elle ne saisit pas ce qu’il se produisit, lorsqu’un murmure étranger à leur bulle protectrice s’immisça jusqu’à ses oreilles. Une voix qu’elle connaissait par cœur… parce qu’elle l’avait trop entendue. Trop aimée peut-être… Il y avait dans cette voix un peu pâle, un accent d’autorité qui la fit froncer les sourcils, et rouvrir les yeux. Au prix d’un énorme effort sur elle-même, Margaret se redressa légèrement, seul geste qu’elle se résolut à faire pour s’éloigner de Nix, et se tourner vers son mari. Son cœur se serra douloureusement, sans qu’elle puisse comprendre s’il s’agissait d’appréhension, ou de rage cruellement bloquée par l’amour qu’elle lui portait encore. Ses yeux vitreux de larmes croisèrent les siens, et elle entre ouvrit la bouche…

La seule réponse qu’il voulut bien donner à toutes ses suppliques, fut une sorte d’ultimatum pour la faire se nourrir… L’instant qui suivit, Margaret se sentit muette de stupéfaction. Comment pouvait-il seulement commencer par s’occuper d’elle, quand leur enfant perdait peu à peu conscience ? Nix souffrait… Y avait-il quelque chose de plus important ? Où était donc l’intérêt de manger quelque chose, simplement pour faire plaisir à ce stupide estomac qui décidait d’émettre des bruits étranges en la faisant souffrir… juste pour le plaisir de le faire ? Elle n’avait pas faim… Enfin si, son ventre avait faim… Mais elle, se sentait bien incapable d’avaler quoi que ce fût. L’inquiétude lui coupait toute envie de manger. Mais Caliban n’avait pas tort… ce n’était pas une question d’envie, mais de nécessité…

Et la vérité, ce fut que les derniers mots de son époux lui plantèrent un poignard dans le cœur… et lui donnèrent la sensation d’atterrir brutalement au milieu d’une réalité qui la submergeait par sa force. Non, ne pas perdre sa fille… Ni lui enlever sa mère. Il avait raison… Il avait tellement raison… Il fallait qu’elle mange… Soudainement, cette idée qui jusqu’alors la révulsait, prit une toute autre allure. Elle se métamorphosa en un nouveau moyen de sauver Nix… Voilà… Dans l’esprit embrumé d’inquiétude de la voleuse, les deux notions sans lien apparent ne firent plus qu’une. Manger, pour sauver sa fille… Si Caliban n’avait pas espéré un résultat aussi radical, il risquait d’être presque surpris par la lueur déterminée qui se glissa dans les yeux de sa femme…

De sa femme qui ne bougea pas davantage de sa position, cependant… comme si son inconscient lui interdisait de s’éloigner à nouveau de sa fille, ne serait-ce que de quelques centimètres. Elle l’avait déjà fait une fois… c’était une fois de trop, qu’elle ne se pardonnerait jamais. Même en souffrant, même en se sentant rejetée, perdue, seule… elle n’avait pas le droit de la laisser. Maintenant, elle était punie pour sa faiblesse… et retrouvait son enfant, pour la voir lui être arrachée à nouveau.

Arrachée, justement, ce fut l’impression qu’elle eut lorsque la main de Caliban, sur sa taille, la fit sursauter, et que de la force de ses bras, il l’attirait vers lui pour l’éloigner de Nix. Dans un geste purement instinctif, Margaret tendit les mains vers Nix, et tenta de se débattre, bien vainement cependant, tant ses mouvements étaient teintés de lassitude… Elle voulut articuler quelque chose, une protestation, n’importe quoi… Mais ce fut en silence qu’elle se retrouva assise à la table, juste devant un plat qu’elle lorgna d’une œil perplexe, voir même haineux. Quoi, c’était ce machin inutile qui la forçait à s’éloigner de sa fille ? Elle ne voulait même pas ce qu’il y avait là-dedans… Puis elle sentit quelque chose de froid dans ses mains. Des couverts… Ses doigts se resserrèrent instinctivement sur la fourchette et le couteau qu’on venait de lui remettre, mais ses épaules s’affaissèrent, vaincues… Et un simple murmure de reddition franchit ses lèvres :


- D’accord, très bien… Je… je vais manger…

A peine avait-elle fini cette phrase, qu’elle sentit un vertige la prendre, et qu’elle se trouva obligée de lâcher ses couverts pour s’accrocher à la table, et inspirer profondément… Cet incident ne fit que confirmer les paroles de Caliban, comme une preuve on ne pouvait plus véridique. Oui… elle allait finir par s’évanouir, si elle continuait ainsi. Mais elle se sentait toujours aussi dégoûtée de devoir avaler quoi que ce fût… Il lui fallut prendre sur elle pour enlever la cloche qui retenait la chaleur du plat que Caliban avait vraisemblablement préparé… Doucement, elle baissa les yeux vers une simple omelette aux champignons… qui la fit inexplicablement sourire. Oui, c’était si simple… Mais il s’en était souvenu.

L’appétit lui revint quelque peu, sous une vague de chaleur éphémère qui s’était emparée de son corps, sans qu’elle puisse s’en expliquer totalement la raison. Elle s’empara à nouveau de sa fourchette, et la planta un peu violemment dans l’omelette, pour la porter ensuite à sa bouche. La chaleur et le goût délicieux des œufs et des champignons lui firent plus de bien qu’elle n’aurait pu seulement l’imaginer. Elle les laissa glisser dans sa gorge, s’abandonnant un instant à une satisfaction qu’elle s’en voulut de ressentir, quand sa fille allait si mal… Du coin de l’œil, elle surveilla les gestes de Caliban, qui auscultait Nix. Ce qu’il aurait déjà dû faire depuis bien longtemps, à son humble avis…

Son cœur accéléra ses battements, et elle suspendit sa seconde bouchée au-dessus du vide, la fourchette à quelques millimètres de sa bouche, dans l’attente d’une conclusion, qui, peut-être, ne lui plairait pas… Et puis son mari se mit à expliquer ce qu’elle avait déjà deviné. Alors il avait vraiment injecté un nouveau Flux à sa fille ? Margaret eut un haut-le-cœur à cette pensée, et reposa sa fourchette dans son assiette, pour plaquer une main devant sa bouche. Il avait beau assurer avoir fait tous les tests possibles et imaginables, avoir pris toutes les mesures nécessaires, et la sécurité maximale pour leur enfant… cette idée la terrifiait. Quoi qu’il pût en dire, il avait pris un risque. Maggie n’était pas stupide, elle non plus… Elle n’était peut-être pas scientifique, mais il y avait une chose dont elle était parfaitement consciente : le risque zéro n’existait pas.

En sachant cela, comment avait-il pu seulement essayer ? Elle secoua la tête… Même en se répétant cette phrase qui aurait dû l’emporter de rage, elle n’arrivait pas à lui en vouloir aussi violemment qu’elle l’aurait fait dans son état normal… Elle ne doutait pas de ses paroles, cependant… Mentir, non, elle ne l’en croyait pas capable. Dissimuler, peut-être… Mais pas mentir. Alors elle savait qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu… Mais cela l’excusait-il ? L’erreur n’était-elle pas humaine ? Si… mais elle n’était pas permise, si cela conduisait à faire courir un risque envers la santé de leur enfant.

Leur enfant… Leur enfant, qui, d’après les paroles de Caliban, avait un sang exceptionnel, et une capacité à gérer le Flux hors du commun… Margaret ne sut pas très bien ce qu’elle ressenti à l’écoute de ces quelques mots. Un mélange de peur et d’angoisse de l’avenir… Si son époux, peut-être, voyait en cette particularité un motif de fierté ou même simplement de soulagement, Maggie, elle, ne la comprenait pas ainsi… Tout au contraire. Elle aurait préféré ne pas transmettre un tel fardeau à sa fille… Oui, elle aurait tellement préféré…

Faute de mieux, elle ne se sentit le courage que d’hocher légèrement la tête en guise d’approbation, comme pour montrer qu’elle écoutait attentivement ce qu’on lui expliquait… et qu’elle ne bronchait pas. Ce qui aurait pu paraître assez inquiétant, du point de vue de Caliban. Les mains tremblant sur ses couverts, Margaret recommença à se forcer à manger, avec une lenteur modérée, mais presque fébrile… comme si son estomac, peu à peu, en se remplissant, en redemandait davantage, et bien plus vite… Ce qui ne la faisait que davantage souffrir, en réalité, de la précipitation qu’elle ne comptait pas avoir, à engloutir son assiette.

Il y avait des mots, dans tout ce que Caliban disait, qui la mettaient mal à l’aise… « Digne des capacités de mon enfant »… Margaret esquissa une grimace. Nix était digne de vivre une vie normale, douce et sans ce genre d’épreuves à surmonter. Elle n’était pas « digne » d’elle-ne-savait-quelle capacité soit disant hors du commun des mortels. C’était si ridicule… Mais qu’y pouvait-elle ? Absolument rien. C’était justement ce qui la mettait si mal à l’aise… Parce que la seule vérité qui ressortait de tout cela n’était pas seulement envisageable… N’était-ce pas Caliban, qui avait créé ce Flux en train de détruire sa fille ? Maggie frémit, et se refusa à continuer de raisonner ainsi… En quelques secondes, elle avait déjà avalé la moitié de son assiette, sans même s’en apercevoir, son attention entièrement portée sur les faits et gestes de son époux.

C’était à peine si elle avait le temps de profiter de son plat favori, abrutie par la faim qui en réclamait toujours plus… Pourtant, il y eut quelque chose qui stoppa net ses mouvements, une seconde fois. Quelque chose qui aurait pu innocenter Caliban du tout au tout… Une falsification de dossier. Oui, bien sûr… Bien sûr, un traître qui aurait transformé les résultats des tests. Cela ne pouvait être que cela… C’était si évident… Maggie ressentit presque une incroyable et irrépressible envie de sourire. N’était-il pas si facile de croire bien vite ce que l’on voulait entendre de toute notre âme ? Malgré sa rancœur envers Caliban, Margaret sentait, au fond d’elle, qu’elle n’avait nulle envie de le détester, bien qu’il lui en donnât chaque jour plus de raisons… Alors elle n’avait aucun doute. Aveuglée par un amour qui l’avait de nombreuses fois trahie, elle fut aussitôt certaine que l’erreur de son mari n’avait tenu qu’à une tierce personne. A ce monstre tapi dans l’ombre, qui avait mis sa fille en danger… C’était lui, qu’elle détestait.

La voleuse pinça les lèvres, les articulations devenues blanches à force de serrer violemment ses couverts, sous l’accès d’une colère aussi brutale que soudaine, envers un ennemi qui, peut-être, était imaginaire. Mais la rage fut soufflée à nouveau par l’inquiétude… et les paroles de Caliban, qui annonça sa crainte de ne pas pouvoir contrer un cas de rejet. Margaret crut qu’elle allait une fois de plus rendre tout son repas, mais son estomac n’était pas de cet avis, et elle se contenta de devenir plus pâle encore, tandis qu’elle continuait à engloutit une omelette dont elle n’avait presque plus conscience.

Oh, Caliban n’était pas pour autant sorti d’affaire. Il y avait beaucoup de détails, dans cette affaire, qui la révulsait, et tandis qu’il s’apprêtait à tester son propre Flux sur celui de sa fille, Maggie ne put s’empêcher de murmurer, entre deux bouchées précipitées :


- Ca n’excuse rien, Cal’… Je ne suis peut-être pas scientifique, je n’y comprends sans doute pas grand-chose, à ce genre de subtilité, ni à comment fonctionne cette « chose », mais il y a une chose que je sais… Ne prendre aucun risque, c’est impossible. Il y a toujours un facteur qu’on ne peut pas maîtriser… Il s’appelle l’inconnu. Ce n’est pas parce que Nix a soit disant un sang exceptionnel, que cela te donne le droit de penser qu’elle ne court pas plus de risques que les autres… Un Flux, c’est déjà bien suffisant… Si tu n’avais jamais essayé auparavant d’injecter un second Flux, je ne comprends pas comment tu as seulement pu tenter l’expérience sur ta fille en premier… Elle n’est pas différente. Le risque zéro n’existe pas… La preuve est faite…

Et elle aurait préféré qu’elle ne le fût pas, bien évidemment… Margaret allait continuer son monologue, mais la goutte de sang qui perla au nez de Caliban l’interrompit, et la fit virer à une couleur presque verdâtre. Qu’était-il en train de faire ? Il y avait tant de choses qui lui échappaient… Elle avait la sensation de ne rien maîtriser, ce qui était tout à fait vrai, et cette idée lui faisait mal. Sous ses yeux, son époux tentait quelque chose qui l’épuisait tout autant que Nix… Et elle, Margaret, ne pouvait rien faire d’autre que regarder. Et manger. Elle inspira profondément, pour calmer un agacement grandissant qui l’envahissait, et ferma les yeux, ratant pour l’occasion la prise de sang que Caliban fit à sa fille, avant de lui prescrire des médicaments…

Maggie soupira de soulagement à ce stade-ci… Voilà… Là, elle avait vraiment le sentiment que quelque chose était fait. Un anti-douleur… Si cela ne réglait pas le problème de Nix, cela lui éviterait des souffrances que sa mère ne supportait pas de voir sur son visage. Et s’il pouvait par là-même lui offrir une bonne nuit de sommeil, c’était encore mieux… Elle redressa lentement la tête vers Caliban, qui s’était assis en face d’elle, mais ne s’accorda le droit de l’observer que l’espace de quelques secondes, avant de replonger dans son repas, tout en jetant des coups d’œil inquiets en direction de Nix, le cœur battant encore un peu irrégulièrement.


- Une soirée tranquille…

Ce fut la seule chose qu’elle parvint à articuler, répétant les derniers mots de son époux, comme pour les faire résonner dans l’air autour d’eux, dans une sorte de réalité qui leur échappait. Tranquille… C’était l’un des termes qui la caractérisait le moins, en cet instant précis. Elle tremblait comme une feuille, et sa respiration refusait de se calmer. Sans compter son visage aussi blanc qu’un linge, et ses gestes précipités pour engloutir son assiette. De fait, son murmure aurait pu être ironique… mais il était simplement rêveur.

Et elle garda le silence, tout le reste du temps, jusqu’au moment où Nix vint les rejoindre à table, et se mit en devoir d’apporter verres et serviettes à tout le monde, ce à quoi sa mère voulut protester énergiquement. Mais elle n’en eut ni le temps, ni l’énergie, justement, et ne put que remercier sa fille d’un sourire tendre, tout en essuyant sa bouche du coin de sa serviette. C’était qu’elle ne mangeait pas tout à fait proprement, ne maîtrisant qu’à grand peine l’ardeur de son estomac. Elle réussit cependant à interrompre son appétit vorace pour relever un regard inquiet en direction de sa fille, et lui demander précipitamment, tendant une main pour toucher son front :


- Ca va mieux ma belle ? Le médicament fait son effet ? Dis-le, si ça ne va pas, surtout… Tu retourneras t’allonger… Je ne veux pas que tu te fatigues. Tu es sûre que ça va ?
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyLun 5 Mai - 0:18

[HRP : j'y crois pas, ça rentre pas en un seul !!]

Margaret exagérait sans doute un peu, mais sa réaction était bien légitime, et poussée par une sincérité absolue, qui la fit oublier de recommencer à manger… Et puis, il y eut un autre détail, qui la scia sur place… La demande de Nix à son père. Plusieurs questions sans réponses se bousculèrent dans l’esprit de Maggie, doublées d’émotion s paradoxales. Une punition ? Pourquoi ? Qu’avait fait Nix ? Et surtout… pourquoi une telle punition ? Comment Caliban avait-il pu oser décider une telle chose, sans même la tenir au courant ? C’était l’éloigner délibérément de sa fille… Elle ne supporta pas cette simple idée.

Le couteau retomba dans l’assiette avec un bruit métallique inquiétant, et les yeux d’abysse de Margaret se rivèrent sur le visage de son époux. Tout d’un coup, elle n’eut plus faim du tout. Soit que son estomac fût véritablement rassasié, soit que la colère l’eût emporté sur tout le reste… Quoi qu’il en fût, sa voix n’avait plus rien de doux, lorsqu’elle lança enfin :


- Je peux savoir à quel moment, au juste, tu comptais me tenir au courant de ce genre de punition ? … Non, je vais reformuler ma question : qui es-tu réellement en train de punir, Nix, ou moi ? De quel droit oses-tu décider seul de ce genre de choses ? Prive-la de ta présence si le cœur t’en dit, mais je refuse que tu prennes une quelconque autorité concernant ses rapports avec moi. Tu es… Tu es vraiment… Je…

Agacée de ne pas trouver le terme adéquat, Margaret baissa les yeux, secoua la tête en guise d’énervement certain, puis planta brutalement sa fourchette dans les restes d’omelette qui se battaient en duel dans son assiette. Son cœur battait encore la chamade, mais sous une rage et une blessure qui refaisait surface. Celle de se sentir rejetée… La peur qu’on lui ôte son enfant. Si elle n’était pas aveuglée par ce qu’elle prenait pour une trahison, peut-être aurait-elle vu le bon côté des choses : cette colère venait de la détourner de son inquiétude maladive concernant la santé de Nix.

Mais était-ce réellement mieux ? Du point de vue de Caliban, vraisemblablement pas… Il s’écoula un nouveau silence tendu, avant que la voleuse ne redresse subitement la tête, ses cheveux blonds barrant son regard furibond, alors qu’elle ajoutait :


- Et pour quelle raison Nix a eu droit à cette « punition » ? J’aimerais beaucoup être mise au courant… Histoire de trouver une punition adéquate, cette fois-ci…

Le ton hargneux de la femme ne laissait nulle alternative à son mari qu’elle fixait intensément. Puis, Margaret osa un regard en coin vers sa fille, légèrement interrogateur, comme si elle ne croyait pas un seul instant que Nix puisse réellement mériter une quelconque punition…
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyLun 5 Mai - 15:48

Caliban n’avait pas franchement apprécié que l’on remette en cause sa capacité à juger les pouvoirs de sa fille. Même s’il se trompait, cela se sentait dans son regard qu’il n’offrait pas à sa femme le droit de lui redire quoi que ce fut. Il semblait presque l’assassiner du regard, vouloir la faire partir de cette pièce, elle qui osait le juger. Il n’avait besoin de personne pour s’en vouloir. Ses doigts se serrèrent sur son couteau, alors qu’il baissait le regard sur la simple omelette aux champignons. Cette omelette, qu’il savait être le plat préféré de sa femme. Caliban n’oubliait pas ce genre de détails, même si le temps les avait éloignés, même si leurs blessures étaient nombreuses.

Cela se lisait dans son regard. Elle venait, peut-être sans même s’en douter, de lui faire du mal. L’homme se tendait, prêt à frapper, prêt à grogner de nouveau, à tenter de lui montrer qu’il pouvait se protéger. Mais Nix s’approcha d’eux, et parvint inconsciemment à éviter que le pater familias se mette en colère. Elle reçut un regard inquiet de la part de son père, qui se permit de ne pas faire de commentaires, cependant, et d’esquisser un sourire ironique sous l’assaut des questions de sa femme. Lui qui aurait pu réagir ainsi, il avait l’air presque moqueur face à la pauvre Margaret, qui, d’après lui, en faisait bien trop.

Ceci dit, le moindre amusement déserta son visage, avant même de s’être habitué à se trouver là. Nix leur offrit un excellent sujet de dispute, et le Directeur fronça les sourcils. Il avait l’air de nouveau redoutable, encore plus prêt à mordre qu’auparavant. Caliban ressembla soudainement à un serpent montrant ses crocs empoisonnés à un prédateur. S’il la laissa parler, c’était pour mieux lui répondre, pour mieux se laisser blesser, et donc pour mieux la mordre par la suite. Peut-être aurait-elle mieux fait de le définir, au moins, cela aurait pu le décider à faire autre chose que de se montrer menaçant…

Dans son œil se bousculaient une multitude de réflexions. Celles, notamment, qui soulignaient que c’était à lui de s’occuper de l’éducation de leur enfant, et que c’était donc à lui de choisir les punitions. Il avait l’air plus implacable que jamais, plus proche d’exploser qu’il en avait l’habitude. Pas question de se laisser faire. Et ce sourire qui glissait sur ses lèvres, qui n’avait plus rien de tendre, plus rien de paisible, comme il pouvait l’être avec cette femme, grandissait d’instant en instant…


-Jusqu’à preuve du contraire, j’ai tout de même autorité sur elle dans cette Ecole, et, au passage, je te rappelle que je ne me trompe que rarement dans mes recherches. Je ne me trompe que quand je ne fais pas de tests avant.


Il planta violemment sa fourchette dans l’innocente omelette, le regard empli de rage et de rancunes.


-« Ta » fille, comme tu le sais probablement, s’est fait une rivale en la personne de la professeur de la Luxure. Je lui ai demandé de se calmer un peu, d’avoir une discussion intelligente avec cette professeur, mais visiblement, Nix a jugé utile de chercher à étrangler mademoiselle Eden. Etant donné que je commence à en avoir marre de savoir que mon enfant veut « purifier » mon équipe pédagogique, je lui ai donné une punition pour lui faire comprendre le respect envers ceux qui ont autorité sur elle.

Il parlait, bien sûr, comme si Nix n’était pas présente dans la pièce. Et il semblait juger que sa punition était très bien choisie. Son œil sombre se plantait dans ceux de Margaret, sans laisser passer une seule once de faiblesse dans son expression. Il avait raison, et c’était tout.

-L’idée n’était pas de te punir, dit-il, alors que ses mots avaient un arrière-goût amer, comme s’il exprimait à quel point il sentait que l’avis de sa femme était déplacé, mais de faire comprendre quelque chose à « mon » enfant.

Caliban soupira.


-Mais puisque cela ne te plaît pas, puisque tu as encore quelque chose à redire de ce que je fais, alors très bien, je change la punition. Nix passera trois jours de vacances avec Eva Eden. Je sais qu’elle et son cousin avaient dans l’idée de partir un peu de l’Ecole à la Toussaint.

Etait-il nécessaire de dire qu’il ne laissait pas une seule chance de redire quelque chose à ses paroles, sans qu’il ne se mette réellement en colère ?
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyLun 5 Mai - 16:31

[HRP : bon, c'est pourri et court, mais comme j'ai pas le temps -____-]

Installée calmement devant la table, Nix adressait au morceau d’omelette qui lui faisait face un regard particulièrement déprimé. A vrai dire, ce plat ne lui disait rien, et ne soulevait à lui seul qu’une seule question : pourquoi mangeaient-ils cela ?

Bon, d’accord, elle était proche de la mort, elle devrait songer à autre chose à une omelette aux champignons. Mais d’une part, elle n’avait pas l’habitude de voir son père faire à manger – non, c’était généralement elle qui descendait prendre des restes, ou alors ils dînaient en bas, avec le commun des mortels – et d’autre part, elle ne savait pas ce qu’il y avait de spécial dans une omelette aux champignons. Peut-être était-ce simplement court à faire. Et peut-être que son père avait un don pour ce truc débile et baveux. Cela ne l’empêchait pas de songer qu’elle aurait préféré un bon repas venant des cuisines, comme ceux qu’elle mangeait avec Calypso. Et, malheureusement, penser à sa sœur n’était pas la bonne solution, puisque le souvenir de ce qu’elle lui avait fait vivre quelques heures auparavant – ou peut-être un jour, le temps passait si étrangement, désormais – était plus douloureux que tout le reste. Nix Leviaz s’en voulait d’être source de douleur.

Enfin bon, elle sentait bien qu’il y avait là un message qu’elle ne comprenait pas, dans ce truc bizarre. Et elle s’accorda une bouchée qui montrait bien facilement qu’elle n’avait pas plus faim que cela, et qu’elle se nourrissait bien pour faire plaisir à ses parents, que le reste ne lui était pas du tout important.

Elle aurait pu répondre à sa mère, au sujet de sa santé, par une simple banalité – un « ça ira, ne t’en fais pas » aurait largement suffit – mais encore une fois, elle se montra source de chaos et de souffrances. Si seulement elle avait pu connaitre la douleur seule, si seulement elle avait pu empêcher cette rage commune de la part de ses parents… peut-être aurait-elle pu être plus tranquille, plus heureuse, simplement en les sachant, eux, heureux d’être avec elle… et ensemble.

Elle était peut-être la seule à vouloir de toute son âme qu’ils se remettent ensemble. C’était ce qu’elle appelait parfois son côté enfant, celui qui demandait un couple de parents certains de leur amour, celui qui demandait que sa mère soit la seule à pouvoir approcher son père, celui qui demandait à ce qu’ils s’aiment, avec toute la justesse que cela demandait. Ce n’était pas parce qu’elle se vouait au Mal, à devenir Directrice de cet établissement après son père, qu’elle ne croyait pas à la force des sentiments. Et cela lui faisait plus mal encore que la folie du Flux qui se trouvait dans ses veines.

Alors les mots que prononça sa mère lui firent plisser les lèvres dans une moue douloureuse, qui n’était rien par rapport à celle qui suivit la riposte de son père. Alors ils ne pouvaient que se haïr ? Elle détestait cela, elle détestait cette saleté de situation. Ce fut un regard sombre qu’elle posa sur le visage paternel, qui parvint à lui donner une punition presque pire que celle qu’elle avait auparavant.


-Tu as oublié de souligner qu’Eva a utilisé son pouvoir sur moi.


Nix Leviaz ne l’avait visiblement pas supporté. Cependant, même si elle n’avait aucune envie de se retrouver en vacances avec les Eden, elle voulait calmer la situation entre ses parents. C’était au choix, perdre une occasion de les rapprocher, ou passer des jours en Enfer. Et elle avait pris sa décision, l’air de rien, assez rapidement.

Alors elle décida de tricher un peu… ou plus exactement de souligner un peu ce qu’elle pensait. La jeune Leviaz passa donc une main sur son front, avec l’air d’avoir un énorme mal de crâne, laissa s’échapper un léger gémissement, puis murmura doucement :


-Excusez-moi…

Avec l’air, bien évidemment, de s’en vouloir de les avoir coupés avec son gémissement.


-Est-ce que… ce serait possible de ne pas… se râler dessus, ce soir ? Je suis très fatiguée, je pense que nous avons besoin d’être ensemble… et pas pour réveiller nos colères, simplement pour profiter de cette occasion, et pour se rappeler qu’il n’y a pas forcément que de la rage en nous.

Elle esquissa un très léger sourire. Si le médicament calmait sa douleur, il la rendait un peu anémique… ou shootée, plus exactement.

-J’ai été très inquiète pour vous deux, je suis trop contente de vous revoir pour que la soirée soit gâchée par nos… par… ça. Tant pis pour la punition, je préfère passer du temps avec les Eden, que de ne pas pouvoir voir Maman pendant les vacances…
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyLun 5 Mai - 18:41

Les veines de la jeune infectée changèrent subitement de couleur, celle-ci approchait de sa couleur de cheveux même si elle n'en était pas pour autant plus rassurante que le grisâtre qu'elle avait vomit auparavant.
Sous la désorientation -et non pas la douleur parce qu'elle était shootée à haute dose- son coude heurta son verre et celui-ci manqua de dégringoler et se casser par terre.
Manqua, parce que soudainement ses cheveux se portèrent à la rescousse de ce malheureux récipient qui n'avait rien demandé, ce qui était plus étrange c'était que les cheveux de Nix semblaient répondre au moindre regard de la jeune fille.
Pas évident à gérer surtout dans ce genre de situation ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie du fait que son père ne comprenne rien à la situation dans laquelle est sa fille.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMar 6 Mai - 0:20

Si Caliban était plus proche de la colère que d’une quelconque trêve envisagée, s’il était tendu, prêt à mordre… Il n’était pas le seul. Autrefois, peut-être, Maggie aurait été impressionnée, intimidée, même, face à cet étrange sourire sans douceur qui se glissait sur les lèvres de son mari. Plus maintenant… Il n’y avait pas une once d’appréhension dans un regard d’abysse qu’elle rivait résolument vers le sien. Ne pas faillir, tout simplement… Parce qu’elle savait – ou croyait savoir – que le premier qui abaisserait sa garde souffrirait plus encore. Tout était si emmêlé qu’elle avait bien du mal à déterminer ce qu’elle ressentait vraiment. Peut-être un besoin tout simple de se protéger. Mais de quoi ? D’une blessure qu’elle avait déjà reçue… pour toutes celles qui l’avaient transpercée par le passé. Et celle, toute récente, d’apprendre qu’on voulait sciemment la priver de sa fille. Que lui, voulait l’en priver…

… et qu’il l’assumait tout à fait. Margaret n’était pas en mesure de se rendre compte que son mari fonctionnait exactement comme elle, et qu’il ne pouvait qu’attaquer, pour se défendre. Ce fut pour cette raison qu’elle lui en voulut plus encore de ce qu’il dit enfin. Elle pinça les lèvres, et s’offrit le droit de détourner son regard jusqu’à son assiette, non pas par faiblesse, mais par cette sorte de mépris glacial dont elle parvint à colorer malgré elle ses yeux. Il parlait d’autorité qu’il aurait sur Nix, plus légitime que celle d’une mère… Non, c’était bien plus profond que cela. C’était sa présence même, qui était soudainement balayée. En une simple phrase, Caliban gommait jusqu’à son existence au sein de leur famille. Et c’était plus douloureux encore que tout ce qu’il avait pu dire jusqu’à présent… Plus douloureux que l’inquiétude inhumaine qui la tenaillait concernant la santé de son enfant.

Cela lui coupa définitivement l’appétit. Les yeux dans le vide, elle faisait semblant de fixer assidument son omelette, le cœur au bord des lèvres, les paupières tremblantes, menaçant de laisser perler à nouveau ce qu’elle n’osera pas appeler des larmes. Mais elle ne pleurerait pas… Elle ne lui ferait pas ce plaisir. Au contraire… Maggie esquissa une moue purement ironique lorsque son époux lui assura qu’il ne se trompait jamais. Tiens… elle ne lui connaissait pas cette petite pointe d’orgueil… Elle aurait pu trouver la situation amusante, si elle n’était pas sujette à des coups de poignard sous chaque mot qu’il prononçait. La voleuse cligna des yeux, comme si ce geste allait pouvoir l’aider à rassembler un semblant d’esprit logique pour comprendre ce qu’il lui racontait…

… Ce pourquoi Nix avait été punie. Elle ne parvint pas à s’en empêcher… C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle se mette à sourire, malgré tous ses efforts. Pourquoi ? Elle était bien incapable de l’expliquer… Peut-être n’était-ce qu’une expression nerveuse, un besoin de chasser le chagrin qui la berçait… Elle n’arrivait pas à comprendre tous ces changements brusques d’humeur qui la rendait si lunatique, si inconstante… Mais voilà, c’était ainsi, et elle n’avait ni l’envie, ni la force, d’aller à l’encontre de cela… L’idée que sa fille s’en était pris à l’une des pétasses qui tournaient autour de son mari avait quelque chose de… d’amusant. Bon, d’accord… Elle n’aurait pas dû. En tant que mère, elle était presque coupable de se sentir encourager son enfant dans sa tentative « d’extermination » des poufs… Mais en tant que femme, - et femme aimante, il fallait bien qu’elle se l’avoue – cette pensée était tout à fait jouissive. Ce qu’elle ne put s’empêcher de faire savoir, en relevant discrètement la tête vers Nix, pour lui adresser un petit clin d’œil complice.

Certes, sur le principe, elle n’approuvait pas forcément une tentative de meurtre de la part de son enfant… Aussi pensait-elle, malgré tout, qu’une punition s’imposait. Elle essaya donc de raisonner avec une neutralité qu’elle ne pouvait pas avoir. Surtout pas quand la voix de Caliban avait cette teinte d’agressivité cruelle, qui la transperçait de part en part, et lui donnait la sensation de ne plus pouvoir respirer. La façon dont il insistait sur le « ta fille » et le « mon enfant » lui donnait envie de vomir. Ou de lui crever les yeux… Oui, cela aurait peut-être tendance à l’aider à passer ses nerfs.

Margaret redressa vivement la tête, cependant, en comprenant que son mari renonçait à sa punition comme à une faveur qu’il lui faisait – ce qui ne l’agaça que davantage – pour en donner une autre… qui la cloua sur place, tant elle la trouva singulière et… absolument déplacée. Quoi ? Nix en vacances avec cette… cette fille presque constamment les seins à l’air ? L’obsédée sexuelle avec son cousin qui ne valait guère mieux ? Eux deux, responsables de sa fille ? Non… Non non non, c’était négatif. Tout net. Sauf qu’elle n’était pas sourde… Elle avait bien entendu, dans le ton de voix de Caliban, qu’il n’admettrait aucune protestation. Cela ne l’énerva que davantage…

… L’orage allait donc franchir ses lèvres, lorsqu’une voix l’apaisa un instant. Celle de Nix, bien entendu… Maggie tourna automatiquement la tête dans la direction de sa fille, même si sa rage envers son époux n’en était pas moins diminuée. Elle était juste… en pause. Une pause qui sembla bien courte, après tout, puisque les paroles de Nix ne firent qu’accentuer sa rage… Ou peut-être la faisait elle dériver vers une autre personne que Caliban, après tout… Eva… Eva Eden avait utilisé son pouvoir sur Nix ? Les doigts de la voleuse se resserrèrent sur ses couverts, tant cette simple idée lui était insupportable. Elle allait la tuer… La tuer tout net, cette salope. Cet accès de violence ne la dérangea pas outre mesure. Elle inspira profondément, prête à cracher tout son venin à présent, autant envers Caliban qu’envers la personne qu’elle venait de se mettre à détester le plus, en cet instant précis.

Mais Nix avait la technique pour détourner l’attention de sa mère… Dès l’instant où elle se mit à gémir en feignant un mal de crâne, Margaret retint carrément sa respiration, et toutes ses réflexions acerbes s’évanouirent sur ses lèvres. Le peu de couleur qu’elle avait gagné à manger – ou à s’énerver – désertait à nouveau son visage, et elle tendit une main pour la poser, tremblante, sur l’avant-bras de Nix, le cœur battant la chamade…


- Ma chérie…

Si elle avait su que les premiers mots qu’elle prononcerait, après tant d’agressivité de la part de Caliban, serait des mots pleins de douceur… elle n’y aurait jamais cru. C’était ainsi. Margaret inspira profondément sous le petit monologue de sa fille, qu’elle écouta en fermant doucement les yeux, avec une sorte de douleur et de résignation. Elle se mordit la lèvre d’un air coupable… Nix avait parfaitement raison. Elle était d’ailleurs la seule personne censée autour de cette table… Et rien que pour elle, peut-être pouvait-elle faire un effort, après tout… Puisqu’elle le lui demandait… Le moment était sans doute venu de montrer jusqu’à quel point elle l’aimait, non ? Et s’il fallait pour cela qu’elle domine toute sa peur, sa rancœur et son besoin de se protéger… elle le ferait.

Quitte à ravaler toute cette rage… Oui, elle pouvait bien y arriver, après tout. Mais quel était le plus dur à endiguer, la colère ou le chagrin ? Les yeux de Maggie brillaient de larmes, lorsqu’elle les riva sur le visage de sa fille, qui accepta, sous la stupéfaction de sa mère, une punition qu’elle savait détestable, juste pour… passer du temps avec elle. Margaret en ressentit une joie mêlée d’amertume, le tout dans un chaos confus qui la laissa interdite, jusqu’au moment où elle murmura doucement, comme en guise de reddition :


- Bien sûr, oui… Je peux le faire…

Oui, enfin… Elle aurait pu. Sauf qu’il se produisit un incident qui n’était nullement prévu au programme. A savoir que les cheveux de la jeune fille décidèrent soudain de n’en faire qu’à leur tête. Et l’expression était faible… Sous le coup de la surprise, Maggie sursauta et retira sa main qu’elle tenait toujours posée sur l’avant-bras de Nix. Elle étouffa un cri de surprise derrière ses doigts, et pâlit sous l’étrange couleur que prirent les veines de sa fille.

Ce fut trop. Trop pour ses bonnes résolutions… Margaret darda sur Caliban un regard acéré qui n’était pas plus ni moins intransigeant que celui qui lui faisait face. Et puisqu’elle était loin d’être indifférente au malaise de sa fille, elle ne cria pas et prit ses suppliques en considération. Autrement dit, ce fut en murmurant, du bout des lèvres, d’un ton acide, qu’elle lança enfin, avec un signe tremblant du menton vers l’étrange chevelure de Nix :


- Et ça ? Ca tu ne vas tout de même pas oser me dire que c’est normal, et que tu maîtrises parfaitement la situation ?... L’erreur est humaine, Cal… Et tu es humain. Alors je veux bien croire que tu sois surdoué dans ce domaine… J’en suis même sûre… Mais tu ne me feras jamais avaler que tu ne peux pas te tromper.

Margaret ne fixait plus que son époux, évitant habilement le regard de Nix, de peur de flancher… et de se retrouver rongée par la culpabilité. Son cœur lui faisait mal, comme protestant énergiquement contre une haine qui n’était pas réelle, mais qui franchissait malgré tout ses lèvres, seule rempart à une menace qui n’aurait pas dû exister. Elle avait presque de la peine à articuler, et ses yeux la brûlaient…

- Je peux toujours te dire ce que j’ai à te dire, sans crier… Dans le calme…

Oui, certes… Mais ce n’était pas ce calme tendu, oppressant, qui s’installait entre eux, que Nix avait réclamé. Bien loin de là. Margaret n’était pas sourde aux appels de son enfant. Elle était seulement trop faible pour y faire face… Peut-être n’en avait-elle pas conscience, mais entrer dans le jeu de Caliban, c’était là sa plus grande faiblesse. Sa voix tremblait un peu, alors qu’elle ajoutait, de ses mots si vifs :

- Je te l’ai déjà dit… Tu ne me fais pas peur… Blesse-moi, et je ne m’en relèverais que davantage…Tu veux me faire croire que je n’ai pas mon mot à dire dans l’éducation de ma propre fille… Tu veux que je commette encore une fois l’erreur de l’abandonner… Tu as tort, Cal… Ca n’arrivera pas. Et tant que je vivrais, tu n’auras pas tout pouvoir sur la vie de Nix… Comment pourrais-tu comprendre ? Tu n’as jamais compris, cela ne commencera pas aujourd’hui… Je l’ai portée, Caliban… Je l’ai sentie grandir en moi… Comment oses-tu seulement me faire comprendre que je n’ai aucune légitimité à faire partie de sa vie ?

La voleuse se releva d’un geste si subit qu’elle en fit tomber sa chaise derrière elle. Elle croyait peut-être s’être assez rassasiée, mais c’était faux, et en réalité, son estomac criait encore satisfaction, jusqu’à lui en donner un vertige qu’elle voulut ignorer. Elle baissa les yeux vers sa fille. Des yeux qui imploraient le pardon… Des yeux d’animal blessé. Et sa voix mourut sur ses lèvres, alors qu’elle lui murmurait :

- Excuse-moi, Nix… Je… J’ai trop mal…

Cela ne voulait pas dire grand-chose… et tellement à la fois. Son regard se redressa brusquement vers Caliban, et sans lui laisser le temps de réagir, elle saisit sa propre assiette, qu’elle avait vidée à une vitesse phénoménale, pour la lui lancer à la figure. Elle ne prit même pas la peine de vérifier que son projectile avait ou non atteint sa cible, et s’éloigna résolument de table, pour venir se laisser retomber d’un seul coup sur le canapé qui avait accueilli Nix quelques instants plus tôt, les bras croisés, les lèvres pincées… et le cœur suspendu entre deux battements.

Elle ferma douloureusement les yeux, et murmura en conclusion, le ton nettement moins hargneux, à présent, comme si toute son agressivité s’était enfuie suite à ce geste de rage pure et simple :


- Quant à la punition de Nix… Je n’aime pas la savoir en de si mauvaises mains… Mais… mais je préfère encore cela à te laisser la séparer de moi… J’irai les voir, ces gens… Pour leur faire savoir ce que j’en pense…

[HRP : Voilà je laisse le soin à notre Pnj adoré de préciser ce qu'il advient l'assiette^^]
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMar 6 Mai - 16:24

Il tourna le visage vers sa fille, lorsque celle-ci eut l'air de subir une douleur à la tête. Le Directeur, autrefois si menaçant vers sa femme, se contenta d'une moue désolée vers son enfant, l'oeil brillant de larmes. Alors il baissa quelque peu la tête, se mordillant la lèvre, puis soupira légèrement. La douleur de son enfant lui faisait mal, et l'idée simple qu'il y soit pour quelque chose le rendait malade. Silencieux, et résolu à le demeurer, il planta sa fourchette dans l'innocente omelette, avec un regard désolé.

Quand il aperçut le geste malheureux de son enfant, il entrouvrit la bouche de surprise... notamment parce qu'il n'y eut, au final, aucun mal. Le sang de sa fille avait changé de couleur, et ses cheveux s'étaient... déplacés, pour attraper l'objet qui chutait. D'accord. Crinière préhensible. C'était Crinière préhensible qu'elle avait utilisée, à un niveau très élevé. La question était de savoir comment.

Il eut à peine le temps de se la poser - et certainement pas celui de trouver une réponse - que sa femme commença à lui parler. Au début, le visage tourné vers Nix, immobile, l'oeil rivé sur les cheveux de la demoiselle, il ne sembla même pas entendre Margaret, comme s'il l'avait déjà rayée de la situation, de ce repas où il avait l'air de juger qu'elle n'avait pas sa place. Il hésita même à lui faire la réflexion qu'on lui avait demandé de se taire. Il était toujours sur ses gardes, probablement plus que jamais, puisqu'il avait obtenu le droit de voir quelque chose qu'il ne s'expliquait pas.


-Je ne peux pas me tromper.

Il prononçait cela plus comme une raison de ne pas se tuer dans l'immédiat, que comme un défi à sa femme. Et tant pis si elle le prenait mal, tant pis si elle lui faisait une quelconque réflexion, il savait ce qu'il faisait, il avait toujours su. C'était bien la seule chose qui lui permettait d'avancer, cette impression d'avoir toujours un but, toujours un moyen d'aller plus haut. S'il n'était pas aussi bien qu'un être humain, au moins, on lui avait donné un cerveau qui pouvait comprendre la vie. Comprendre ce qui faisait un être humain, et ce qui pouvait l'améliorer.

-Et je ne suis pas humain.

La voix du Directeur était plus proche des ténèbres, appliquant ses paroles comme une sentence, comme un couteau que l'on appliquait sur ses veines. non, il n'était pas humain, il était beaucoup moins que cela, il ne méritait même pas de vivre. Il se sentait parasite, dans cette réalité, comme un être qui s'accrochait aux autres pour se les approprier. Et après tout c'était ainsi qu'il vivait. Son oeil ne quittait pas sa fille, mais il était difficile de savoir sur quoi ses pensées avaient dérivé.

Sa femme qu'il semblait consciencieusement ignorer ? Son enfant qui venait de faire quelque chose qui ne devrait pas être ? Ou bien sa propre incapacité à vivre ? ... En réalité, il pensait à son sang, à son propre sang qu'il commençait à vouloir couler. La voix de Margaret lui fit enfin tourner le visage vers elle, mais la regardait-il réellement ? Rien n'était moins certain. Il était même compliqué de savoir s'il comprenait réellement ce qu'elle lui disait. S'il enregistrait ce qu'il fallait.


-J'ai tort...

L'assiette vola vers lui, mais il ne broncha pas. Il ne bougea pas plus lorsqu'elle fut arrêtée par la chevelure de sa fille, pas plus lorsque Margaret alla s'asseoir plus loin. Il ne fit pas réellement attention à ce qu'elle lui disait... ou ne l'écoutait que trop bien.

-D'où tiens-tu ce pouvoir, Nix ? Je n'ai pas de copie des Flux, seulement les données pour les créer dans un ordinateur, et je doute que quiconque puisse en trouver le code d'accès. Tout ceci est impossible.

Il soupira, passant une main sur son front.

-Mais j'ai tort... et je suis fatigué de me tromper. Faites donc sans moi.

Une goutte de sang tomba sur son assiette, entre deux champignons qui n'avaient rien demandé. Ce n'était que la première venue d'un filet douloureux, naissant du désir morbide de l'Envie.

-C'est mon enfant, c'est la seule à avoir confiance en moi. Blesse-moi, Maggie, tue-moi si cela te chante, je m'en moque, mais ne me prends pas ma fille. Ne me prends pas celle qui m'aime...
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMar 6 Mai - 17:01

Nix avait observé que ses parents marchaient dans sa combine. Bon, tant mieux. Elle ne s'en voulait pas plus que cela d'avoir menti - d'une, plus d'un cours avait le mensonge pour sujet, de deux, elle l'avait fait pour leur bien - , alors elle se contenta d'un léger sourire à sa mère, pâle copie du regard vaguement amusé qu'elle avait eu, alors qu'elle avait vu que sa mère la soutenait dans son attaque contre Eva. Nix ne s'en voulait absolument pas d'avoir cherché à mettre fin aux jours de la furie sexuelle. Avec un peu de chance, le calme viendrait dans la pièce.

Et merde, c'était pas le moment de faire tomber un verre - comme si cela pouvait être le moment... - . Nix fronça les sourcils dans son énervement... qui passa d'un sujet à un autre, alors qu'elle aperçut son sang changer de couleur, et ses cheveux venir à son aide alors qu'elle tendait la main pour rattraper le pauvre verre. Ok. Elle n'avait encore jamais vu cela avec son pouvoir. C'était un nouveau truc imprévisible et débile. Et c'était un peu de poudre sur un feu qu'elle peinait à étendre. Maintenant, elle ne pouvait plus que faire le compte à rebours de la rage de sa mère, sensible, à ses côtés.

Cela ne manqua pas. Margaret décida de faire ses réflexions à mi-voix, et Nix voyait la détresse dans les yeux de ses deux parents, tout en sachant qu'ils étaient parfaitement incapables de s'observer suffisamment l'un l'autre pour se rendre compte qu'ils se faisaient souffrir. Elle leur en voulait d'en arriver là, elle leur en voulait de se blesser, de se haïr. Au moins, elle n'avait plus le besoin de faire semblant d'avoir mal à la tête et d'en avoir marre : cela venait tout seul, sous ses lèvres plissées de colère.

A l'instar de ses parents, elle avait une formidable capacité à se refermer, elle qui aimait tant la présence des autres. Elle ne répondit plus à personne, ne soutint aucun regard, se contenta de serrer plus que jamais ses poings sur les pauvres couverts. Saletés de parents sourds à leurs propres sentiments. Elle n'avait aucune chance d'arriver à ses fins avec eux. Elle leur en voulait de plus en plus.

Nix sentit que l'assiette allait partir. Elle désira la rattraper, et le fit avec ses cheveux. Evidemment, cela lui donnait un temps d'arrêt, comme peu de temps auparavant avec le verre : elle avait encore tendu la main pour toucher l'objet, mais ses cheveux étaient plus rapides que ses doigts. Elle en aurait ri si ses parents ne lui tapaient pas sur les nerfs.

Sa mère alla s'asseoir dans le canapé, son père divaguait dans sa folie, et elle, elle sentait bien qu'elle allait finir par exploser. Comme eux, se laisser partir dans la colère, puisque c'était tout ce qu'ils savaient entendre. Son oeil eut l'intelligence de passer de l'observation de sa mère à celle de son père, et elle vit quelque chose qui l'horrifia simplement, le sang paternel. C'en était trop.


-Arrête ça immédiatement !

Dit-elle en se levant, et en fixant son père, les poings serrés par la rage. Elle allait engueuler ses parents... chose qui n'était pas si surprenante de la part de quelqu'un qui avait le caractère de Nix, et qui, vu comme elle était partie, n'avait pas peur d'une autre punition.

-Arrêtez vos conneries tous les deux !

Le visage sympathique de l'enfant avait fait place à une expression terrible, à un regard presque flamboyant. Décidément, elle avait bien appris l'enseignement de sa grande soeur : ne pas se déranger pour laisser échapper sa rage à sa manière.

-Je suis là, alors arrêtez de parler comme si je n'existais pas ! Arrêtez de vous engueuler, aussi ! Bon sang, j'ai vu Papa se ronger les sangs pendant des jours, mourir de peur pour ce qui arrivait à sa femme... Et je suis prête à parier que nous avons tous eu très peur les uns pour les autres. Alors voilà, après tout ce que nous avons vécu en deux jours, on arrive là, dans la même pièce, et tout ce que nous savons faire...

Elle reprit sa respiration.

-... Tout ce que nous savons faire, au lieu de nous dire à quel point nous sommes heureux de nous savoir en vie, c'est la même chose que d'habitude : on se fout sur la défensive, ce qui veut dire, dans cette connerie de famille, qu'on fait mine de s'attaquer pour déplacer l'attention, et pour éviter de trop souffrir.

Nix Leviaz ferma l'oeil un court instant. Peut-être qu'agir ainsi, que se laisser porter par la rage, n'était pas bon pour son coeur, qui balançait du Flux dément dans ses veines

-Je tiens à peine debout, bordel, je ne sais même pas ce qu'il m'arrive, comment ça se fait que j'ai l'air de collectionner tous les putains de Flux de cette Ecole. Et de toutes manières, je me fous du pourquoi, du comment, je me fous de tout cela. Si cela se trouve, je ne passerai pas les vacances, peut-être pas la nuit, et tout ce que je peux faire, c'est espérer trouver une solution que je suis bien incapable de voir seule, parce que je ne suis qu'une pauvre gamine... Je sais que vous pouvez trouver cela égoïste, mais je crois que j'ai assez de peine en pensant que chaque seconde où je vous vois est peut-être la dernière, pour supporter de vous voir vous blesser.

Elle prit une serviette de table, pour essuyer le sang qui glissait sur le visage de son père. Heureusement qu'elle n'était pas douée de tous ses moyens, oui, heureusement, sinon elle aurait explosé bien plus fort.

-Et comment faites-vous pour ne plus pouvoir lire entre les lignes ? ...

Des larmes commençaient à couler sur la joue de son oeil encore vif. Un sanglot la coupa un instant, avant qu'elle ne reprenne.

-Je ne me souviens plus très bien de vous deux. Peut-être... peut-être que je n'ai pas eu le droit de vous voir heureux ensemble. Et puis je n'ai que ce que me raconte Papa... Mais... mince, comment deux personnes qui se sont aimé suffisamment fort pour se donner la force de tout plaquer, de se couper du monde pour n'être plus qu'un... comment deux personnes qui s'aiment encore peuvent-elles avoir un tel besoin de se faire du mal ? Regardez, j'en viens à souffrir avec vous...

Bon, il fallait qu'elle se calme, vite, son coeur battait trop fort. Elle avait peur de ce que pouvait faire son rejet...


-Je ne suis à aucun d'entre vous. Je suis l'enfant de votre amour, je suis autant l'un que l'autre. C'est tout. Mais j'ai trop besoin de vous fuir quand vous vous acharnez à vous blesser...

Nix passa une main dans ses cheveux qui bougeaient seuls, de manière un peu chaotique, puis sortit de sa poche le médicament pour dormir, qu'elle posa sur la table. Elle se rassit, simplement, les coudes sur la table, le regard ancré à ce pauvre cachet.

-Alors dites-le moi immédiatement. Si votre soirée va se résumer à vous envoyer des objets au visage, à faire couler votre sang et à vous engueuler, je prends immédiatement ce médicament et je vais me coucher. Je n'ai pas besoin d'assister à ce duel... Sinon, je vais voir s'il y a du dessert dans le frigo, et j'aimerais savoir si vous en voulez un.
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Margaret Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMer 7 Mai - 0:59

Ce fut avec une lenteur exaspérante qu’un regard aussi abyssal qu’assassin se tourna en direction de Caliban. Margaret tremblait toujours, sans bien savoir s’il s’agissait de son manque de nourriture, de sa lassitude, ou de cette capacité qu’avaient ses nerfs à n’en faire qu’à leur tête, ce soir… et pas seulement ce soir. Elle s’en voulait… terriblement, de n’avoir pas pu accéder à la requête de sa fille. C’était si simple, ce qu’avait demandé Nix, pourtant… Un peu de calme. Se taire… Il suffisait de se taire. Mais Caliban ne le faisait pas plus qu’elle-même… Et ce regard noir qu’elle lui dédia, était lourd de sens… Ce n’était pas de la haine… Non, c’était cette agressivité défensive qu’elle ne pouvait empêcher. Et voilà… voilà qu’il déclarait n’être pas humain… Elle le détesta. Elle détesta ses mots, parce qu’ils parvenaient à lui faire plus mal encore que ceux, acides, qu’il lui avait lancé un peu plus tôt.

Il le faisait exprès. Il le faisait forcément exprès, pour la faire tomber plus encore… Il savait que cela la détruisait davantage de le voir dans cet état, que de le voir la repousser. Ou bien… s’il ne savait pas… C’était qu’il n’avait rien compris. Encore une fois… Elle lui en voulut. D’être si aveugle… Elle s’en voulut, elle aussi, de l’être tout autant. Quel con… Oui, il n’y avait pas de terme plus adéquat que celui-là. C’était un con, qui prenait un plaisir sadique à la faire souffrir… Parce qu’il ne savait plus quoi faire d’autre, en face d’elle. Parce que l’un comme l’autre, ils avaient oublié. Elle aurait pu en être anéantie… elle l’aurait voulu, oui. Se laisser retomber, simplement, sur ce canapé… Pleurer toutes ces larmes de petite fille aux rêves brisés, quelque part au fond de son cœur. Mais elle s’était juré que cela n’arriverait plus… En somme, elle s’était juré de le détester… Et elle se trahissait elle-même, de l’aimer au point d’être obligé de le mordre pour l’éloigner d’elle.

Margaret cligna simplement des yeux lorsque les cheveux étranges de sa fille parvinrent intercepter le projectile. Aucun commentaire ne franchit ses lèvres, mais une lueur inquiète traversa son regard, qu’elle fit dériver jusqu’à sa fille… Son cœur loupa un battement. Comment pouvait-elle seulement prendre le temps de se quereller avec ce connard, quand Nix souffrait d’une « maladie » mystérieuse qui lui conférait des pouvoirs bizarres et inattendus ? Elle se sentait si impuissante, face à un tel phénomène… C’était l’œuvre de son mari, qui agissait dans les veines de Nix. Tout était son œuvre, il fallait bien se l’avouer… C’était pour cette raison qu’elle était partie. Et aussi pour cette raison qu’elle en était revenue.

La voleuse crut qu’elle allait pousser un cri de désespoir lorsqu’elle entendit Caliban questionner sa fille au sujet de ce qu’il venait de se produire… Impossible. D’après lui, tout ceci était impossible. Caliban Leviaz lui-même n’avait strictement aucune idée de ce qui était peut-être en train de tuer son propre enfant. Et il ne se trompait jamais, hein ? Maggie aurait pu trouver cela infiniment ironique, si elle n’était pas morte de peur du danger que courait sa fille.

Une autre peur vint s’ajouter à la première… Celle qui naquit alors qu’elle aperçut une goutte de sang s’étaler sur le repas de son époux. Ce fut de la haine et de la panique mêlées, qui la firent se raidir sur le canapé, aux aguets… Son regard acéré ne quittait plus le visage de celui qu’elle aimait encore, bien malgré elle. Alors c’était tout ce qu’il avait trouvé ?... Tout ce qu’il pouvait faire pour la blesser encore ? Elle ne le supporta pas… D’un geste vif, elle se redressa de son long… Et les paroles de Caliban la clouèrent sur place, hébétée sous l’effet de la colère. Quoi ? Qu’avait-il dit ? Non… cela ne pouvait pas être cela… Il n’avait quand même pas osé insinuer que c’était elle, Margaret, qui lui arrachait son enfant ?... Non, il n’aurait pas…

Margaret crispa les poings si violemment qu’elle s’enfonça profondément les ongles dans la chair de ses propres paumes. Ses yeux se perdirent dans le vide, tandis qu’elle s’imaginait ce que ses pulsions lui feraient faire… Connard… Comment avait-il pu dire une chose pareille ? Elle se voyait déjà lui sauter au cou et le frapper jusqu’à ce qu’il comprenne à quel point elle avait mal… Elle se voyait le faire souffrir autant qu’elle l’aimait… Elle l’aurait fait… Elle se serait tout bonnement jetée sur lui, avec l’allure d’une lionne à la crinière fauve…

Mais une voix la brisa tout net… Sous les exclamations de Nix, Maggie sentit ses genoux se dérober sous elle, et retomba littéralement sur le canapé, baissant aussitôt les yeux jusqu’au sol, comme semblant trouver un intérêt certain dans les nuances de ses reflets. Elle ressembla soudain à une enfant… Face à sa fille, face à ses mots, elle se sentait si petite, si ridicule, si dérisoire… qu’elle n’osait plus seulement bouger, ni même oser une respiration. Son souffle s’était bloqué dans sa gorge, douloureusement. Son cœur tambourinait violemment contre ses côtes, et ses yeux lui offraient une vision de plus ou plus trouble… Bien vite, des larmes chaudes vinrent couler le long de ses joues aux traits fatigués, et ses épaules furent agitées de sanglots silencieux.

Elle n’avait plus l’air d’écouter grand-chose… Peut-être que le monde extérieur lui était devenu bien trop hostile, et qu’elle n’avait pas pu faire autrement que de s’en détacher… Ou peut-être n’entendait que trop bien ce que les paroles de Nix signifiaient. On avait donc parfaitement raison, lorsque l’on disait que la vérité sort toujours de la bouche des enfants… C’était comme si Nix arrachait un voile que sa mère s’était forcée à maintenir devant ses yeux. Tout lui apparaissait plus nettement, plus douloureux aussi… Parce que cela prouvait qu’elle avait tort. Que tout ce qu’elle faisait jusqu’ici n’avait pas de sens. Qu’au lieu de faire ce qu’elle pensait être le mieux pour sa fille, elle la faisait souffrir. Encore… Elle était impardonnable. Ils l’étaient tous les deux… Nix avait raison. Tellement raison… Pourquoi fallait-il que leur seul moyen de communication soit cette violence, cette agressivité stupide qui les montait les uns contre les autres… jusqu’au pire ?

Les lèvres de Margaret tremblèrent… Elle n’avait pas la réponse à cette question. Elle ne voulait pas la chercher, par peur de ne pas l’apprécier. Cela l’effrayait… La femme qu’elle était devenue l’horrifiait. C’était de sa faute… C’était Caliban qui l’avait ainsi métamorphosée en cette sorte de furie sans âme qu’elle devenait en face de lui. Non…. Elle avait tort. Elle seule était maîtresse de ce qui lui arrivait… Alors si elle n’était pas capable de se maîtriser… Elle n’avait plus rien à faire ici. Le message était clair… Limpide… Cruel…

Ce qui le fut plus encore, ce fut les paroles que sa fille prononça par la suite… C’était cette probabilité qu’elle ne vive pas jusqu’au lendemain. L’idée apparut à Margaret comme inacceptable. A tel point qu’elle ne voulut pas la comprendre, ni même seulement l’envisager. C’était impossible… Tout bonnement impossible. Im-po-ssible… Cette potentialité ressemblait dans son esprit à une idée si vague qu’elle n’existait même pas. Ou presque pas… Elle planait, subtilement, diffuse, dans son esprit tourmenté… Pour mieux la détruire… Margaret eut un haut-le-cœur, cependant, et dans un geste inconscient, ramena ses genoux contre elle, les enlaçant de ses bras, couchée en chien de fusil sur le canapé… Comme une enfant qui aurait fait une terrible bêtise.

Ce qui était le cas… Elle ferma doucement les yeux, pour laisser tout le reste s’éloigner d’elle, et ne retenir rien d’autre que la voix de Nix, qui disait des choses si vraies. Bien trop vraies… Maggie ne se supporta plus… Elle ne supporta plus de savoir qu’elle était cause de souffrance pour son enfant. De l’entendre pleurer, avoir mal avec eux… Tout. Tout sauf ça…

Alors lorsqu’elle entendit cette sorte d’ultimatum franchir les lèvres de sa fille, elle savait déjà ce qu’il fallait dire. Pourquoi ?... Pourquoi n’y arriverait-elle pas ? C’était si simple… Gagner, ce n’était pas mordre le plus fort. Gagner, c’était apaiser la souffrance de leur fille, la serrer dans ses bras, faire fuir son chagrin… Cela aurait dû être son seul but. Alors gagner, c’était se taire… Ne rien lui dire de mauvais, parce que personne, dans cette pièce, ne le méritait vraiment…

En un geste infiniment agile, que souligna une combinaison noire qui avait dû fortement souffrir dans le périple de la mine, Maggie se releva du canapé. Ses larmes, elle les chassa d’un revers de main déterminé. Elle n’avait pas besoin d’avoir peur… Pas besoin d’être agressive… Juste de s’occuper de sa fille. C’était la seule chose qui comptait désormais… Son pas était pourtant hésitant, tandis qu’elle s’approchait de la chaise de Nix, comme si elle craignait d’être repoussée, pour une conduite qui était inacceptable. Pourtant, elle le fit… Son cœur suspendit ses battements, mais elle se pencha pour passer ses bras autour des épaules de Nix, douce et chaleureuse, alors qu’elle posait son menton dans le creux du cou de la jeune fille.

La voix de Maggie avait retrouvé un accent de douceur qui la métamorphosait… La furie était devenue mère…


- Excuse-moi, Nix… Je ne veux pas te faire du mal… Je ne l’ai jamais voulu… Crois-moi, je ne ferais jamais rien qui puisse te faire souffrir… Cela me fait plus mal encore. Tu as raison… Je ne veux pas être cette femme qui hurle et qui lance des objets en travers de la pièce… Cette furie me fait peur… Je veux juste être ta mère. Et je veux m’occuper de toi, simplement…

La main de la voleuse se posa sur le cachet de somnifère que Nix fixait avec une attention douloureuse, et l’éloigna légèrement de sa fille, tout en se redressant légèrement, pour tenter un sourire dans sa direction. Sourire qui, bien que pâle et timide, semblait sincère, et dénué de toute hypocrisie.

- Alors ne prends pas ce cachet maintenant, s’il te plaît… Plus tard, lorsque tu auras besoin de sommeil… Je veux que tu restes un peu avec nous… Parce qu’il va y avoir un « nous », maintenant. Je sais que c’est inutile… de se faire du mal, pour se protéger. Je le sais, parce que cela te fait souffrir, toi… Et cela, je me suis juré que cela n’arriverait plus.

Le regard que Maggie adressa à sa fille était une demande de pardon… alliée à la détermination la plus évidente qui fût au monde. Quel que fût le monstre qui sommeillait en elle, elle ne le laisserait pas détruire le bien-être de sa fille. A aucun prix…

- Je vais m’asseoir, et nous allons finir ce repas… sans en tâcher les murs. C’est une promesse. Et je vais t’en faire une autre...

Margaret glissa sa main dans celle de son enfant, qu’elle trouva un peu trop froide et moite à son goût, mais elle tenta d’y faire abstraction. Son cœur battait encore bien trop irrégulièrement, mais cela lui suffisait à vivre et respirer, c’était donc déjà bien plus qu’elle n’aurait pu lui en demander. Sa voix devint un simple murmure, doux et rassurant :

- Ma chérie… Ne crois pas un seul instant que tu vas nous laisser tous seuls. C’est impossible… Impossible, tant que je serais là. Je te l’ai dit… personne ne m’arrachera à toi une seconde fois. Même pas des cheveux bioniques… Alors tu vas dormir cette nuit… Je viendrais te lever demain matin, et tous les matins qui suivront… Parce que je t’aime…

Ses doigts entremêlés dans ceux de Nix s’en détachèrent pour remonter le long de la joue de la jeune fille, en une caresse tendre et affectueuse, accompagnée d’un sourire un peu complice, qui n’en paraissait que plus réel. Maggie semblait faire preuve d’un violent courage pour chasser au loin toute sa peine et son amertume, au profit d’un calme olympien… presque irréel. Elle alliait à ses paroles douces une petite touche d’humour timide qui ne lui allait pas si mal. Et dans son regard encore brillant de larme, c’était une lueur chaleureuse qui l’avait emporté.

Oh bien sûr, elle était encore pâle… Bien sûr, elle évitait de regarder Caliban… Bien sûr… Mais elle n’avait plus rien dit pour relancer une quelconque dispute. Et un sourire, à la place d’une expression de haine, sur son visage, la transformait littéralement, sa beauté douce et simple pointant un œil timide sur ses traits fatigués. Elle s’éloigna enfin de Nix, après une légère pression sur son épaule, et s’en alla redresser sa chaise, pour annoncer ensuite :


- Je ne suis pas contre un peu de dessert… Il me semble que mon estomac pourrait encore engloutir une cuisine entière… Moi pas, mais lui, si… Et c’est lui qui a l’air de vouloir commander… En revanche, tu ne bouges pas de là, Nix… C’est moi qui vais les chercher, ces fameux desserts…

Elle lui planta un baiser volatile sur la joue, puis s’éclipsa rapidement, pour revenir tout aussi vite avec de quoi combler encore un peu leur faim à tous les trois. Ses yeux étaient rougis de larmes, mais rien ne laissait penser qu’elle aurait pu pleurer encore un peu, le bref temps ou elle s’était retrouvée seule. Elle détacha d’un geste machinal ses cheveux ambrés, qui retombèrent en cascade dans son dos, sans qu’elle y prenne garde, puis elle distribua les desserts, sentant son cœur louper un battement lorsqu’elle se força à s’approcher de Caliban pour le servir. Involontairement, sa main effleura la sienne, et elle s’empressa de la retirer pour s’éloigner rapidement, comme un rêve… Qu’était-ce frisson qui l’avait saisie à son contact ? De la peur ? Un dégoût ? Ou autre chose qu’elle ne voulait pas s’avouer ?

Elle revint sagement s’asseoir à sa place, fixant un instant son dessert, comme par peur de redresser à nouveau la tête, honteuse d’on-ne-savait-trop –quoi… Et puis elle le fit, pourtant. Son regard d’abysse rencontra celui de Caliban, d’une façon si différente qu’il fut bien difficile de croire qu’il s’agissait de ces mêmes yeux assassins. Ils étaient purement interrogateurs… Il y avait une question, que Maggie laissait en suspension entre eux. Allait-il faire de même ?... Ou n’y arriverait-il pas ?

Autant parce que le silence tendu n’était pas de bon augure, que parce qu’elle sentait sa tunique l’enserrer plus que nécessaire, Margaret se décida alors à ajouter soudainement :


- J’aurais besoin de prendre une douche, après manger… Cette tenue me donne l’impression de s’être substituée à ma peau, depuis le temps que je la porte… Et j’ai besoin de me calmer… Est-ce qu’il y a encore… quelques vêtements à moi, ici… dont je pourrais me servir ?
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Caliban Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMer 7 Mai - 15:53

Le cri de son enfant sembla réveiller suffisamment l'Envie pour qu'il dépose son regard sur elle, et qu'il se mette à boire ses paroles, comme s'il n'y avait plus que son enfant dans cette pièce. Un instant, il laissa son coeur se gorger de fierté, de savoir que c'était là son enfant, sa fille, qui prononçait de telles paroles, qui se permettait de reprendre la situation en main. Bien sûr, c'était tout autant douloureux de savoir qu'il n'avait pas su le faire de lui-même. Et les mots que Nix utilisait n'étaient pas là pour faire du bien, pour panser les blessures. Ils étaient simples, au fond, elle montrait ce qui la faisait souffrir, ce qu'il fallait faire pour que tout aille mieux. Et elle avait raison.

Il baissa un instant la tête, désolé d'en être arrivé à parler d'une telle façon. Et s'il prenait toutes les remarques de plein fouet - comme son Péché, autant que son habitude d'être humain le poussaient à le faire à chaque fois - , il parvenait pour une fois à garder le silence, à ne pas s'énerver. Il avait entre aperçut sa femme se lever, prête à le mordre, prête à le mettre à terre une bonne fois pour toutes. En un sens, il regrettait que Nix ait réussi à les arrêter. Au moins, cela aurait pu mettre un point à cette histoire. Mais non, elle cherchait à améliorer leurs relations, à tous les trois.

Caliban hésita à se lever pour prendre sa fille dans ses bras. Sa femme le précéda, alors, il se contenta de fermer les yeux, avec une esquisse de sourire. Il les écoutait, bien sûr, toutes les deux, sans se permettre de faire de réflexions, sans les couper. Ses doigts courraient le long de la nappe, près de lui, avec une sorte d'amusement... comme s'il était soudainement bien rassuré de ce qu'il se passait entre eux trois.

Et lorsque Margaret parla de ce qui prenait d'assaut les veines de son enfant, Caliban se contenta de se servir un verre de vin, en soulignant les paroles de sa femme.


-Il est hors de question que tu nous laisses, Nix. Je ferai tout ce que je peux, et tout ce que je pourrai, pour t'aider. Et je te jure que tu vas guérir.

Dans son oeil brillait une détermination toute particulière, celle qui l'avait brûlé quelques heures auparavant pour sa femme, celle qui le pousserait à dépasser ses limites pour son enfant. Le Directeur porta ses lèvres dans le liquide rouge, semblant ignorer celui qui le rappelait, et qui coulait le long de son front. Un court instant, Caliban se demanda comment le Flux de sa fille pouvait bien colorer ses veines, alors que jusqu'ici, cela n'arrivait jamais. S'il avait compris, son sang aurait dû être d'une couleur proche du gris.

Il avait du mal à savoir comment son cerveau parvenait à penser à ce genre de choses, dans une telle situation. Contre lui-même, il soupira, pour reprendre la conversation.


-Ta mère a raison. Nous ne te ferons plus de mal... nous voudrions juste que tu nous pardonnes de t'avoir fait souffrir.

Dans le même temps, Margaret était en train d'aller chercher les desserts. il avait vu la transformation du visage de sa femme et l'avait trouvée encore plus belle ainsi. Bien, il ferait mieux de ne pas le dire, pour éviter de faire une bêtise. Mais cela ne l'empêchait pas de la fixer, comme il aurait pu observer le fruit interdit. Elle lui était intouchable, mais si désirable, soudainement, dans sa féminité, dans ce qu'elle était devenue. L'or qui auréolait ses cheveux avait quelque chose de terriblement attirant. Il ne descella pas les lèvres.

Caliban lui adressa un vague sourire, quand elle lui donna son dessert. Leurs mains se frôlèrent, il sentit lui aussi comme un vague frisson, une pulsion qui le poussait à lui prendre la main. Heureusement, il fut immobile, comme plongé dans ses pensés qu'elle venait de briser.


-Merci.

Puis, alors qu'il gouttait une cuillerée de yaourt purement banal, avec à peine un peu de sucre, elle lui posa une question à laquelle il répondit immédiatement, sans réfléchir :

-Il y a toute une armoire de vêtements à toi, ou qui pourraient t'aller, dans ma chambre. Au cas où...

Au cas où... ? Au cas où elle revenait, bien sûr, mais mieux valait ne pas le dire.

-Enfin bref, je reviens, j'ai deux ou trois trucs à enlever dans la salle de bain.

Bon, c'était mystérieux, mais cela le força à engloutir ce qu'il lui restait de dessert, pour entrer dans la salle de bain. Caliban monta sur le tabouret qui traînait, puis récupéra les caméras qui observaient en continu sa salle d'eau. Trois petites machines fort esthétiques se retrouvèrent dans sa main. Dans le même temps, il prit deux serviettes, une qui paraissait immense, et l'autre, plus courte, pour les cheveux de sa femme.

Et en repassant par sa chambre, il s'arrêta devant un pan du mur, qu'il fit coulisser. Une armoire en grande partie habitée par des combinaisons noires, mais aussi par des habits tout autres, colorés par exemple - dont une magnifique petite robe du même bleu que les yeux de sa femme - , se présenta devant lui. D'un froncement de sourcils appréciateurs - on ne fera pas de commentaires sur la façon d'apprécier de Caliban, il fronce les sourcils s'il veut - , il jugea les vêtements qui n'attendaient que Margaret, puis retourna dans le salon, avec, dans les mains, les serviettes et les caméras.


-J'ai retiré le système de surveillance de la salle de bain. Tu pourras donc te sentir tranquille là-dedans. Voici des serviettes...

Noires et violettes, les serviettes, c'était l'Envie.

-... et en passant dans la chambre, tu verras que j'ai laissé ouvert la porte de l'armoire avec des vêtements pour toi. Prends ce que tu veux, normalement ils devraient t'aller comme il faut, et tu devrais trouver un peu de tout... C'est... au cas où tu reviennes.

Le Directeur posa les serviettes sur le canapé, puis se rassit à table, avec un sourire. Un vrai sourire, de ceux qui rassuraient, de ceux qui avaient ponctué leur vie commune.

-Pour ce qui est de la douche, tu trouveras aussi un bouton noir. J'ai installé une fonction massage. Plus tu le tournes, plus les jets d'eau seront forts, mais fais attention, il est assez sensible, comme bouton, je voulais le rendre un peu plus fiable, mais je n'ai pas eu le temps... Tu me dis si tu veux que j'aille chercher quelque chose d'autre à manger, pendant que tu te douches. Ils doivent bien avoir quelque chose dans les cuisines.

Ouais, bon, voilà, maintenant il était devenu agréable, cela pouvait presque faire peur. Attentif à ce que pourrait lui demander sa femme, il se leva, cependant, pour s'installer devant le mini-laboratoire où il avait visiblement commencé une expérience avec le sang de sa fille. De nouveau silencieux, il prit un échantillon qu'il observait au microscope, notant sur un calepin à portée de main tout ce qui lui passait par la tête.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyMer 7 Mai - 23:35

C'était magique, une mère. Il suffisait que Margaret la prenne dans ses bras, pour que Nix se calme, pour qu'elle puisse entendre ce qu'on lui disait, pour qu'elle puisse comprendre la force de la présence de cette femme. Et si pendant des années elle l'avait rejetée, elle ne savait plus très bien pourquoi, désormais. Il n'y avait plus de raisons au mal qu'ils se faisaient les uns les autres, elle avait su le dire, elle espérait qu'on l'écoute, qu'aucun d'eux deux ne craquent, qu'elle ne rentre pas dans leur jeu.

Le câlin, la chaleur que lui offrait sa mère, étaient mieux que tout. Elle se sentait forte, heureuse, elle sentait sa peine se diluer, se calmer peu à peu, contre cette femme qu'elle ne connaissait qu'à peine. Nix avait toujours eu besoin de chaleur, toujours eu besoin de toucher les autres, leur sensibilité, pour mieux se faire comprendre. Pour mieux comprendre, aussi. Elle s'accorda le droit de fermer les yeux, de se laisser porter à la dérive, dans un monde simple, parfait, où elle n'était qu'une enfant. La présence de sa mère lui offrait quelque chose de plus, quelque chose qu'elle n'avait pas trouvé dans cette Ecole, et qu'elle ne voulait pas encore nommer.

Rien de plus n'avait d'importance, désormais. Rien de plus que la chaleur qu'elle ressentait au fond de son coeur, qui calmait la panique, l'effroi d'un enfant qui venait de retrouver ses parents, et qui ne voulait pas les perdre. Un simple câlin ne pouvait pas vaincre un cas de rejet, mais si Nix avait été un peu fleur bleue - ou agréable, ou simplement sympathique - , elle aurait pensé que l'amour pouvait calmer sa souffrance. A défaut de grands sentiments, elle se contenta de voir dans les étreintes de sa mère un baume incroyable, merveilleux, et de prendre Margaret comme une guérisseuse.

L'Ecole aurait pu cramer, qu'elle n'aurait pas pour autant quitté sa mère. Et toc ! Non, elle n'en voulait à aucun de ses parents... enfin, d'un côté, si, elle voulait leur dire qu'elle aurait préféré qu'ils s'aiment comme avant, mais ce n'était pas à elle de le faire, n'est-ce pas ? C'était à eux devoir l'intérêt dans une telle chose, à eux de comprendre qu'ils s'aimaient, et qu'ils y gagneraient à se le dire. Alors Nix décida de rester silencieuse, ne répondant à sa mère que par la chaleur de son corps qu'elle rapprochait du sien.

Tout ce qu'elle voulait, c'était ne pas être seule, c'était être certaine de pouvoir compter sur quelqu'un... pas forcément pour la soigner, mais surtout pour ne pas avoir peur de l'obscurité, de la possibilité de ne plus rien être, simplement, de devenir un souvenir parmi tant d'autres. Elle voulait avoir des parents, avant la fin, avoir une famille complète, savoir qu'ils vont bien... qu'ils peuvent l'aimer pour ce qu'elle était.

Peut-être bien qu'au final, elle était un peu fleur bleue. Et elle ne comptait pas le faire savoir, c'était certain. Elle goûta seule le plaisir de savoir que ses parents allaient l'aider, et se contenta d'esquisser un sourire qui se voulait rassurant à sa mère. Face au dessert, elle était fort probablement de meilleure humeur que sa joueuse qui se battait contre une barre d'espace et qui réclamait qu'on lui roule une pelle pour la remercier de son courage... et oui, tout à fait, "ça, c'est fait...", puisqu'elle parvenait de nouveau à sourire.

Un silence un peu gênant s'installa entre eux, mais ce ne fut guère important... puisque ses parents parvinrent à entamer une discussion pacifique. Il n'y avait probablement rien de plus merveilleux aux yeux de leur fille... enfin, à l'oeil, qui brillait, de leur fille. Elle avait appris à se contenter des petites choses, avec eux, l'air de rien. Nix suivait leur discussion, le regard aimant, puis vit son père se lever, revenir, donner quelques conseils, et s'installer pour ses recherches. Bon. Elle termina son repas, et alla sur les genoux de son Directeur de paternel.

D'ici, elle pouvait suivre les observations, et même donner son avis. En attendant que sa mère revienne de la douche, c'était parfait. Et c'était tout ce qu'elle voulait : la possibilité de comprendre quelque chose... même si, au bout de quelques minutes, elle s'ennuyait plus qu'autre chose, et profitait simplement de la chaleur de son père...


(HRP : Désolée, c'est nul et inutile, mais j'ai fait ça sans barre d'espace... et ma patience s'est trouvé une limite)
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Margaret Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyVen 9 Mai - 0:15

Margaret ne savait plus quoi penser… A vrai dire, cela commençait à devenir une habitude, cette terrible façon de ne plus être en mesure d’aligner deux pensées cohérentes ou potables, en présence de son mari et de sa fille. En un sens, cela aurait pu l’agacer, cette sorte de confusion absolument incontrôlable qui la submergeait avec eux. Elle ne pouvait pas se mentir, après tout… Entre eux deux, elle était perdue. Tout simplement perdue. Elle pouvait mordre, hurler… et se radoucir l’instant d’après. Elle pouvait voir la froideur et le mépris sur le visage de Caliban laisser place subitement à une expression presque… rassurante. C’était déstabilisant. Oh, si elle avait pu sortir de son propre corps pour s’observer avec ce regard étranger qu’elle aurait aimé avoir, elle aurait pu constater qu’elle était elle-même tout aussi déstabilisante que son mari.

Mais voilà… Elle l’entendait approuver soudainement les paroles qu’elle avait prononcées, s’excuser, rassurer Nix… la remercier. Oui, un merci banal, mais qui lui réchauffa le cœur, avec une intensité qui lui fit presque peur. Qu’était-il en train de se passer ? Son mari était-il encore lui-même ? Pourquoi tout devenait subitement différent ? Elle aurait dû rester méfiante, sur ses gardes… Elle ne sentit rien d’hostile. Néant… Plus aucune agressivité ne traversait la pièce, plus aucun éclair de colère quasiment palpable… Plus ce besoin de se rassurer en s’attaquant les uns les autres. Margaret était en train de découvrir avec un délice effrayant, que ne pas répondre, ne pas mordre en retour… lui faisait plus de bien encore. Etait-ce une faiblesse, ou une force qu’elle avait eu, de baisser les armes la première ? Elle n’était pas en mesure de répondre à cette question… Tout ce dont elle était certaine, c’était qu’elle allait mieux… La fatigue alliée au traumatisme de tout ce qui était arrivé faisait se succéder en elle des émotions contraires.

Maggie était un véritable paradoxe… Elle-même ne se comprenait pas entièrement. Pourquoi éprouvait-elle ce besoin irrépressible de sourire ? Elle s’en voulut, et se réjouit tout à la fois de ne pas parvenir à s’en empêcher. Elle n’aurait pas dû, n’est-ce pas ? Sa fille était encore si pâle… elle était en danger. En danger de mort… Et pourtant, Margaret arborait ce petit sourire en coin, un brin rêveur, qui illuminait son visage d’une lueur nouvelle et apaisante. Oh, il ne fallait pas s’y tromper… c’était toujours une inquiétude mortelle qui guidait le moindre de ses gestes, et la moindre de ses respirations. Mais indéniablement, elle ressemblait davantage à une femme, qu’à ce monstre de colère à peine humain… A une femme perdue, plus exactement.

Une femme qui entre ouvrit la bouche, lorsqu’elle entendit son mari lui répliquer immédiatement qu’il possédait déjà une armoire pleine de vêtements pour elle. Peut-être avait-elle l’intention d’y répondre quelque chose… Elle ne sut pas vraiment pourquoi elle avait ouvert la bouche, mais puisqu’aucun son ne daigna en sortir, elle la referma sagement, et ne put s’accorder longtemps le droit de fixer Caliban, avant de se sentir obligée de baisser son regard d’abîme vers son propre yaourt. Elle avait eu un étrange frisson… et ce fut avec une sorte de timidité charmante qu’elle se contenta d’hocher la tête en guise d’approbation.

Son cœur était subitement serré, et sa gorge nouée, à tel point quel eut bien du mal à avaler sa cuillerée. Il n’avait pas fini sa phrase… Au cas où… Peut-être n’y avait-il pas de fin, après tout ? Oui, peut-être que rien n’était réellement terminé. Margaret sentit ses mains trembler, et vit le danger arriver à grands pas. Non… ne pas penser à cela, et surtout pas maintenant. Elle inspira profondément, et fut fortement tentée de poser ses mains sur ses joues, pour en vérifier la chaleur. Elle les sentait la brûler. Et cette confusion nouvelle lui causait d’autant plus d’angoisse… Comment un homme qu’elle venait de traiter de connard, cinq minutes plus tôt, pouvait-il réussir à la mettre dans un tel état ? Quelque chose clochait…

Heureusement pour elle, Caliban lui offrit une diversion qui lui permit de ne pas s’étendre sur la question. Relevant la tête dans un geste vif, lorsqu’il annonça qu’il avait quelque chose à enlever, la voleuse fronça les sourcils d’un air perplexe, et concentra sa curiosité sur ce détail pourtant insignifiant. Elle le regarda avaler son yaourt à une vitesse ahurissante, puis disparaître dans la salle de bain. Qu’est-ce que c’était au juste, ces « deux ou trois trucs » ? Maggie était loin d’être dupe… et connaissant son mari, elle n’eut pas besoin d’énormément de temps pour trouver la réponse d’elle-même.

Une réponse qui se trouva justifiée précisément par le retour de Caliban, et son annonce… Bien sûr, des caméras de surveillance. Super utile, dans une salle de bain où seuls Nix et lui-même pouvaient se rendre. Maggie ne put empêcher une moue ironique à ses propres pensées. C’était pousser la paranoïa peut-être un peu loin, non ? A moins que… qu’il se permette d’y inviter des poufs, dans cette foutue salle de bain. Stop. Mauvaise pente… De toute façon, elle n’avait pas envie d’y penser. Juste de se doucher… Et elle choisit délibérément de voir dans le geste de Caliban une attention particulière qui la fit sourire. Se sentir tranquille… Oh, il faudrait bien plus que cela, pour qu’elle soit un jour tranquille. Mais elle voulait bien admettre que c’était un début…

Alors elle esquissa un nouveau mouvement de tête en guise de remerciement, lorsqu’il lui montra des serviettes, qu’il posa sur le canapé. Puis elle sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge. Si… il venait de la finir, cette phrase. Au cas où tu reviennes… Ces mots lui semblaient si lointains, si dénués de sens, et si clairs à la fois… Margaret redressa son regard vers lui, et rencontra ce sourire vrai, sur le visage de son époux. Cela n’arrangea pas son trouble, qu’elle ne tenta même pas de cacher. Il la connaissait trop bien pour ne pas s’en rendre compte… Tout comme elle savait pertinemment qu’il aurait mieux valu ne pas évoquer une éventualité si… irréelle. Etait-ce donc si improbable ? Pourquoi cette idée qui s’était mise à germer dans son esprit lui paraissait à la fois si effrayante et si… évidente ? Entre deux échos contradictoires au milieu de sa conscience endolorie, Maggie trouva la présence d’esprit d’articuler enfin ce qui lui sembla être tout à fait plausible :


- Je… Merci beaucoup… C’est… plus qu’il n’en faut.

Très bien. C’était amplement suffisant. Maintenant stop. C’était facile, il suffisait de faire marcher ses jambes pour se redresser, et se diriger vers la salle de bain. Mais d’abord, commencer par arrêter de sourire bêtement… Et baisser le regard. Oui, surtout baisser le regard. Ce fut plus difficile que cela en eut l’air. Maggie inspira profondément, et se fit violence pour détourner la tête du sourire rassurant de son époux. Elle eut bien du mal à analyser ce qu’il dit par la suite. De quoi ? Une fonction massage… Etant donné qu’elle était tout bonnement incapable de traduire ce qu’il expliquait, elle fit le choix d’éviter de s’en servir, justement. Puisque de toute façon, elle ne saurait pas comment s’en servir… Ceci étant, elle nota cette attention soudaine qu’il avait pour elle, et qui ne l’aida pas à garder une contenance.

Lorsqu’elle l’entendit suggérer d’aller chercher quelque chose aux cuisines, elle secoua légèrement la tête d’un geste négatif, accompagnant son mouvement d’un sourire hésitant, qui ne la rendait que plus charmante, bien malgré elle cependant.


- Non, merci… Ca ne sera pas la peine… Si je mange de trop, je vais très mal dormir… Et je crois que j’ai besoin de sommeil, comme tout le monde ici.

Son regard s’accrocha à celui de Nix, et elle lui adressa un sourire tendre. La vérité c’était que de toute façon, ventre plein à ras bord ou non, elle allait mal dormir… ou ne pas dormir du tout, compte tenu de l’inquiétude qui la taraudait au sujet de sa fille. Elle n’en dit rien cependant, et se leva enfin de sa chaise pour se saisir des serviettes qui lui étaient destinées, et se diriger rapidement vers la salle de bain, se faisant violence pour ne pas jeter un regard par-dessus son épaule, en partant. Elle s’arrêta un instant devant l’armoire pleine de vêtements qui semblaient être à sa taille, et sentit inexplicablement des larmes lui monter aux yeux. Rapidement, elle s’éclipsa jusque dans la salle de bain, avant que certaines d’entre elles ne se décident à glisser le long de ses joues.

Elle ne sut pas très bien pour quelle raison, mais cela lui fit du bien… Immobile devant le miroir, elle s’accorda un moment pour observer ses traits tirés, ses cheveux défaits, ses joues creuses et humides. Elle était effrayante… Non, pathétique. Le terme exact c’était pathétique. Un soupir, puis elle détourna les yeux de son propre reflet, avant de se débarrasser habilement de cette combinaison fort pratique pour les vols en tout genre, mais nettement moins agréable, lorsqu’on la porte une semaine d’affilée… L’eau chaude de la douche lui fit un bien qu’elle ne s’attendait pas à trouver. Et lorsqu’elle en sortit au bout d’une bonne vingtaine de minutes, elle se sentit… nouvelle. Et d’attaque. Si l’on pouvait dire cela ainsi… Elle s’enroula dans la grande serviette, la fixant rapidement autour de sa poitrine, puis entreprit de se sécher consciencieusement les cheveux. Ce qui lui prit un certain temps, vu la longueur de ces-derniers.

Puis elle quitta enfin la salle de bain, ses pieds nus frôlant à peine le sol de cette démarche de voleuse si particulière. Maggie se planta devant l’armoire, et tendit une main vers l’une des combinaisons noires qui lui tendaient littéralement les bras. Elle interrompit son geste, un étrange frémissement traversant sa colonne vertébrale. Alors ses doigts coururent le long des vêtements, hésitants, s’arrêtant à plusieurs reprises sur une robe ou une autre. Et plus particulièrement sur celle qui était aussi bleue que ses yeux. Elle se mordit la lèvre, le cœur battant la chamade. Prise d’un besoin subit de voir ce qu’ils advenaient des deux personnes qu’elle aimait le plus au monde, elle pivota sur elle-même, et fit quelque pas vers le salon, pour se pencher plus ou moins discrètement dans l’encadrement de la porte.

Ses yeux d’abysse aperçurent une Nix sagement assise sur les genoux de son père. Ce spectacle la fit sourire doucement, tandis que ses cheveux humides retombaient sur son épaule, la chatouillant. Ce contact la fit revenir à la réalité. Inexplicablement rassurée, elle revint jusqu’à l’armoire, et saisit la robe bleue, qu’elle enfila sans plus d’hésitation. Et puis elle revint dans le salon, ses cheveux ambrés un peu en bataille, retombant le long de ses hanches pour les souligner d’une manière étonnamment gracieuse. La robe battait l’air autour de ses jambes, en un mouvement hypnotique dont elle n’avait pas conscience, et le bleu du tissu reflétait un regard qu’elle posa sur Caliban et Nix.

A vrai dire, elle se sentait soudainement gênée. Ses combinaisons noires étaient peut-être mornes et habituelles, mais au moins, elles lui donnaient la sensation d’être bien dans sa peau, quoique enserrée dans un tissu épais. Là, c’était précisément l’inverse. Elle se sentait trop libre… Le tissu lui paraissait si léger qu’elle avait même l’impression d’être totalement nue. Ce qui ne l’aidait pas franchement… Après un discret raclement de gorge, Maggie esquissa un léger sourire, avant de venir s’installer sagement sur le canapé. Là, elle observa un instant les faits et gestes de son époux, rassurée de le voir faire ce qui pour elle était la seule façon de sauver la vie de leur fille. Puis, au bout d’un temps qu’elle ne réussit pas à déterminer, elle osa murmurer :


- Est-ce que… tu trouves quelque chose d’intéressant ?... Nix, si tu ne te sens pas bien, n’hésite pas à nous le dire. Je ne veux pas que tu te fatigues.

Elle y ajouta un sourire tendre en direction de son enfant, mais n’osa pas lui faire signe de la rejoindre sur le canapé, bien qu’elle l’aurait beaucoup aimé. Nix avait l’air calme et tranquille, sur les genoux de son père. Elle ne voulait pas que cela cesse par sa faute. D’un autre côté, plus les secondes s’écoulaient, plus elle aurait eu besoin d’une diversion pour éviter une gêne qu’elle ne comprenait pas de l’envahir toute entière.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptySam 10 Mai - 14:29

Immense, Caliban n'était pas plus gêné que cela par la présence de sa fille sur ses genoux, puisqu'en aucun cas, elle n'altérait ses gestes. Alors, sans un mot, il faisait des recherches sur le sang de son enfant, avec une froideur assez particulière dans ses gestes, une froideur qui l'empêchait de réfléchir à ce qu'il s'était réellement passé. Sans se tromper, il jugeait que s'il s'arrêtait sur les causes, il ne s'occuperait pas suffisamment de la façon de la guérir.

Alors, ses doigts agiles devaient le conduire, il devait observer chaque chose venant de ce sang, de ces cellules qui se trouvaient face à lui. Et chaque indice, chaque chose qui n'aurait pas du exister, allait lui sauter aux yeux comme une évidence. Déjà, il se coupait du monde qui l'entourait, tout à une série de calculs et d'expériences, de comparaisons entre les faits et le possible, qui lui demandaient une concentration excessive. Et les remarques gisaient là sur son carnet de notes, qui se remplissait peu à peu d'écritures bien difficiles à comprendre.

Alors, quand Margaret revint dans la pièce, il n'y fit tout d'abord pas attention : il avait enfin trouvé quelque chose de remarquable, un fil à tirer de ce noeud, pour mieux comprendre la situation. Elle alla s'installer dans le fauteuil, il ne l'avait toujours pas regardée. Elle parla, il ne s'accorda le droit de répondre qu'un...


-'Tends.

Et elle devait le connaître suffisamment bien pour savoir que c'était là une bonne chose, qu'il avait trouvé une idée, que ses doigts qui filaient dune fiole à l'autre, que son oeil unique posé sur le microscope, étaient de bonne augure. Au bout de quelques minutes à noter ce qu'il voyait, au bout de quelques manipulations, il soupira enfin, et passa une main dans ses cheveux. Il avait lui aussi bien besoin d'une bonne douche. Mais l'heure n'était pas à ce genre de pensée.


-Il y a plusieurs choses qui... ne vont pas.

Bon, on pouvait s'en douter, tout de même. Caliban mordilla un instant son stylo, tout en fronçant les sourcils d'un air pensif. Il semblait chercher ses mots, ses réflexions, un moyen d'être juste dans ses paroles, au final.

-Je pense qu'il y a effectivement trois Flux dans les veines de Nix. J'essaye de les séparer les uns des autres, mais je risque de mettre du temps. J'aimerais être certain du troisième... de celui des cheveux. Pour comprendre comment cela se fait qu'il est là... En tous cas, ce n'est pas lui qui met le bordel dans les veines de notre enfant... ou peut-être que si, je ne sais pas trop, c'est encore flou. Disons que c'est celui que je lui ai injecté avant de partir qui est rejeté. C'est clair, dans l'échantillon : il ne parvient pas à se mêler à son sang. C'est donc bien un rejet, même s'il ne se comporte pas comme les autres rejets. Je n'ai jamais vu cela... son sang comporte normalement deux Flux, qu'il accepte sans aucun problème, mais en rejette un troisième. Je dois comprendre pourquoi.

Le père de famille déposa le stylo sur son bureau, puis baissa les yeux sur ses expériences.

-Je dois encore vérifier, mais je crois savoir pourquoi Nix est aussi fatiguée... aussi diminuée, dirons-nous. Ses veines sont trop peuplées. Même s'il n'y avait pas de rejet, elle serait mal... son coeur pompe trop de choses. Et si, comme ça, je dois lancer une idée pour la guérir... il faudrait purger ses veines. Pour en retirer le Flux que j'ai injecté en trop... avant que ce ne soit son propre sang qui s'en aille, et que son corps n'ait plus suffisamment de liquide vital.

Il sentit comme un frémissement de la part du corps qu'il avait tout contre lui.

-Pour l'instant, c'est quelque chose que je ne sais pas faire, et qui serait infiniment dangereux. Jusqu'ici, retirer le Flux des veines de quelqu'un... c'est le tuer. Même pour un cas de rejet. Là, il faudrait que j'enlève ce risque, que je puisse décider ce que je retire des veines de Nix... j'ai peur que cela me prenne du temps à mettre en place. Et que la moindre faute soit fatale. Il serait presque plus prudent d'observer ce que son corps peut faire seul... et de toutes manières, je dois vérifier toutes mes observations. Ne pas tirer de conclusions trop hâtives... je suis presque sûr, mais...

Sa phrase demeura en suspens. Il venait de tourner le visage vers le canapé, vers sa femme, sentant bien que ses paroles étaient bien difficiles à entendre. Et il la vit, dans cette robe qu'il avait observée quelques instants auparavant. Il s'accorda un sourire, la trouvant charmante, la poussière partie.

-Tu es magnifique dans cette robe, Maggie... Tu devrais la garder... Je m'excuse, mes paroles ne sont pas très positives...

Non, c'était certain. Il fit signe à sa fille de se lever, puis se tordit les doigts dans un geste profondément torturé.

-Je vais me doucher... aussi. Ca me permettra de réfléchir.

L'homme se leva. Il avait l'air d'avoir pris un coup bien plus violent que ceux du cyborg, quelques heures auparavant. Soudainement, il était presque évident de remarquer à quel point il avait l'air mal, avec sa barbe naissante, avec son oeil délavé, ses doigts frémissants. Le moindre de ses muscles semblait lui faire mal, son corps se souvenait de chaque coup reçu, de chaque brûlure.

Mais il souriait toujours avec cet air agréable. Il avait toujours l'air d'avoir un regard aimant pour les deux femmes qui partageaient avec lui cette pièce. Il était rassurant. Brisé mais rassurant... et ce fut ainsi qu'il quitta la pièce pour se diriger vers sa couche.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptySam 10 Mai - 16:21

Au bout d'un moment, Nix ne parvint plus à suivre les faits et gestes de son père. C'était probablement sa fièvre... ou simplement le fait qu'à force de ne rien comprendre, elle avait lâché prise sur les événements, et songé à ne porter d'intérêt qu'à la chaleur de son père. Il se battait pour elle, et elle ne savait pas comment se rendre utile. C'était douloureux, mais... bon... tant pis.

Depuis toute petite, elle suivait du regard des expériences de son père. Elle avait appris à manier le Flux, comme lui, à savoir ce qu'il apprenait des propriétés de ce liquide. C'était un peu devenu son expérience et sa recherche. Parce qu'il y aurait peut-être un jour, avait-elle pensé, où elle serait seule face à ce pouvoir qu'elle devait partager. Maintenant, cette pensée n'avait plus lieu, et elle l'acceptait comme un regret. Tant pis... tant pis, il y avait d'énormes chances qu'elle parte avant ses parents.

L'oeil clos, elle accueillit ce qui devenait petit à petit une certitude avec un frisson. C'était étrange comme elle se sentait comme avortée. Elle n'avait pas eu le temps de prouver sa valeur, de mériter d'être la fille de ses parents. Elle n'avait pas eu le temps, non, et elle ne l'aurait probablement jamais. La tristesse la fatiguait plus que tout. Plus que les battements douloureux de son coeur, qui devenaient presque habituels. Elle songea aux cas de rejets de l'Ecole. A Liz, cette fille qui l'avait croisée dans les couloirs, alors que son père venait de partir, et qui lui avait tendu la main. Elle se souvenait avoir souffert le martyr, en avançant dans les couloirs avec celle qu'elle ne connaissait qu'à peine, au final, pour atteindre les Appartements de sa soeur. Elle lui avait parlé, un peu, et se souvenait de quelques phrases de la jeune fille de l'Avarice... "J'ai oublié la douleur, j'ai appris à vivre avec." et "On finit par accepter la mort... moi je l'attends."

Nix se demandait si Hansael avait la même façon de penser à ce sujet. S'ils finissaient forcément par accepter la mort et la souffrance, si plus rien n'avait d'importance. Et puis, peut-être qu'elle avait déjà avancé sur cet étrange chemin. Peut-être... parce qu'elle sentait bien que cela n'était que minime, dénué d'intérêt, face au cas de ses parents. Elle ne voulait pas les quitter. Tout se résumait à cette pensée, à cette certitude.

Sa mère revint dans la pièce, mettant fin, un court instant, à un flot de ténèbres. La demoiselle sourit en voyant à quel point cette femme qui lui avait donné la vie était belle. Bon, elle avait probablement un avis fort subjectif, mais tout de même... tout de même, elle était bien plus charmante que toutes ces jeunes sans saveur qui traînaient autour de son père. Père qui commença à s'expliquer... à dire ce qu'il se passait en elle, comme si elle n'était pas là, comme si elle n'était qu'un cas scientifique parmi tant d'autres, comme si elle n'avait comme arrogance que le fait de se montrer hors norme. Nix avait l'habitude, il parlait souvent ainsi. Elle avait jugé que c'était pour se créer une barrière face à la douleur... parce qu'elle ne lui reconnaissait pas ce ton détaché qu'il montrait avec d'autres personnes.

Oh, les mots qu'elle entendait étaient durs, froids, coupants. Peut-être s'y attendait-elle, déjà, avant même qu'il ne les prononce. C'était terrible. Terrible que de s'imaginer ce qui n'allait pas. Que de penser que c'était un des gestes de son père qui avait tout balancé dans le chaos. Sans le savoir, après lui avoir donné la vie, il venait la reprendre. Comme elle souffrait... elle en sentait son ventre se tordre, menacer de renvoyer cette mystérieuse omelette aux champignons. Les paroles de son pères se bataillaient dans sa tête. Alors, il ne savait pas s'il pourrait l'aider... c'était dangereux, même, d'agir ?

Rester là à attendre que cela bouge n'était pas conforme à son caractère - à son Péché non plus - , c'était se résoudre à périr, se résoudre à s'asseoir au coin de la route, pour attendre la voiture qui l'écraserait. Elle n'était pas comme cela. Elle savait que son père allait l'aider... mais même sans lui, elle chercherait. Elle n'aurait de cesse de chercher une solution.

Nix aperçut son père s'en aller vers la douche. Elle reprit sa respiration, douloureuse, désormais debout en plein milieu du salon. Elle avait besoin de s'occuper les mains et les idées. Le visage en partie dissimulé derrière ses cheveux pâles, elle entreprit de débarrasser la table, rapidement. Pour ignorer les larmes qui coulaient le long de sa joue, qui allaient jusqu'à tremper son cache-oeil. Elle s'arrêta un court instant au-dessus de la poubelle, les mains vides repliées contre la couture de son pantalon. Courageuse, elle devait être courageuse. Oublier... non, accepter la difficulté, la douleur... mais pas la mort. Pas la fin.

Ses cheveux fermèrent la poubelle, elle reprit sa marche lente vers le canapé, vers sa mère. Elle avait besoin d'aide. Besoin de son père. Besoin d'entendre que tout ceci n'était qu'un cauchemar, qu'une connerie de son subconscient. Voilà, peut-être en était-elle restée à ce jour passé dans la neige, à parler - un peu - avec Hansael. Le reste n'était qu'un rêve. Et en se réveillant, elle appellerait sa mère, pour lui redire tout ce qu'elle avait dit avant l'arrivée de son père. Pour lui dire qu'il l'aimait encore. Plus qu'il n'en avait seulement l'air.

Voilà, c'était ce qu'il fallait faire. Très bien. Parfait.

Un vertige la prit. Non, plus qu'un vertige, puisqu'elle sentit sa conscience s'effriter. Sa chevelure tenta un instant de la rattraper, de s'accrocher au canapé qu'elle avait presque atteint. Trop tard, Nix chuta, perdit conscience, et se cogna au passage contre la table basse, se mettant à saigner au niveau de l'arcade gauche.
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyDim 11 Mai - 0:40

Maggie ne parut pas vexée le moins du monde d’obtenir pour toute réponse un « attends » à demi-prononcé. Au contraire, elle se redressa légèrement, les lèvres tordues en une moue d’appréhension et d’impatience. Pourquoi impatience ? Parce qu’elle connaissait assez son mari pour savoir qu’il ne venait de pas de l’envoyer tout bonnement sur les roses, juste pour le plaisir de le faire. Les yeux abyssaux de la voleuse observaient avec une intensité décuplée à présent chaque geste, chaque respiration de Caliban, comme si la réponse à ses questions silencieuses s’y trouvait ancrée. Elle retint son souffle, suspendue littéralement aux lèvres du Directeur, qui s’obstinait à garder le silence, trop concentré pour s’interrompre… Qui s’obstinait à la laisser dans une ignorance pire encore que la vérité qu’il pourrait énoncer. Margaret tenta de ralentir les battements de son cœur, en vain. Sur ses genoux, ses doigts s’étaient refermés sur les plis de sa robe, qu’elle tournait et retournait en tout sens d’un geste affreusement nerveux. Elle était si pâle qu’elle paraissait au bord de l’évanouissement.

De temps à autre, son regard glissait en direction de Nix, avec autant d’intensité que lorsqu’elle fixait les gestes précis de son père, mais nettement plus d’inquiétude. Oh, Margaret avait dépassé depuis longtemps le stade de l’inquiétude. C’était l’angoisse horrible, la terreur constante… Quelque chose qui ne devrait pas exister. Et qui était là, pourtant, en elle. Cette peur atroce faisait vibrer chaque cellule de son corps, comme un état second et permanent, qu’elle ne devait plus jamais quitter. Ni dompter. Elle pouvait juste la laisser croître en elle, jusqu’à lui donner envie de vomir, de hurler, de frapper un mur, ou quelqu’un… Pourtant, c’était avec une infinie douceur qu’elle contemplait sa fille. Son enfant… Celle qu’elle avait portée, nourrie en son sein… Celle qu’elle n’avait pas vraiment vu grandir, mais qu’elle venait de retrouver… pour mieux la perdre ? Pourquoi la vie se montrait-elle d’une ironie si cruelle ?

Maggie voulait se lever, venir prendre sa fille dans ses bras, trouver la solution que Caliban cherchait juste devant elle, suspendu entre deux battements de cœur… Elle n’en eut pas la force. Ou peut-être éprouva-t-elle une faiblesse de plus. Elle n’osa pas. Elle ne voulait pas croire ce que son corps la poussait à faire. Prendre sa fille dans ses bras, par peur que cela soit la dernière fois… Non. Il n’y aurait pas de dernière fois ce soir, ni les jours qui suivront. Elle le lui avait promis… Mais pouvait-elle seulement promettre quelque chose qui n’était pas en son pouvoir ? Alors que la cruelle réponse s’imposait à son esprit, la voleuse entendit la voix de son époux s’élever à nouveau. Comme une sorte de sentence… Au moment où de petits points rouges commençaient à danser devant ses yeux, Margaret se rendit enfin compte, judicieusement, qu’il était plus que temps qu’elle recommence à respirer.

Elle inspira profondément, et referma plus encore ses poings sur cette robe qu’elle martyrisait involontairement. Ses mains étaient moites, sa tête lui tournait… Elle aurait voulu s’évanouir, pour ne plus ressentir cette inquiétude qui la martelait inlassablement. Mais non… Elle cligna des yeux, fronça les sourcils, et écouta… Ecouta… Ecouta encore… Face à Caliban, la voleuse semblait s’être brusquement métamorphosée en une statue de marbre. Aussi belle que définitivement immobile. Glacée d’effroi ? Non… ce n’était pas véritablement de la terreur qu’on lisait dans ce soudain arrêt sur image. C’était l’âme toute entière d’une femme, suspendue dans les airs, au beau milieu d’un flot de paroles qui l’atteignaient sans vraiment l’atteindre… Son esprit analytique se battait férocement en duel contre son cœur souffrant. Il y avait la rage, l’amertume, la culpabilité, l’envie de fondre en larme… en face d’un raisonnement logique et froid, qui calculait au fur et à mesure des mots du Directeur les différentes possibilités qui s’offraient à eux.

Elle n’avait pas cette même connaissance du Flux… Elle ne savait pas même véritablement les sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de cette étrange invention de son époux. La seule chose dont elle était certaine, à présent, c’était qu’elle s’était soudainement mise à le haïr. Pourquoi ? Etait-il utile de poser la question ? Il détruisait sa fille. Ce fut la toute première conclusion à laquelle Maggie arrivait, tout en s’abreuvant des explications de Caliban comme d’une source inépuisable. Celle qui l’amènerait finalement à la solution… Parce qu’il y avait une solution. Il y en avait forcément une. Elle refusait purement et simplement de penser un instant le contraire. Trois Flux… C’était… inhumain.

Un frisson brisa l’immobilité parfaite et inquiétante de la voleuse. Elle battit des paupières, mais garda un silence irréel, le cœur battant la chamade, à tel point qu’elle avait l’impression que toute l’Ecole pourrait l’entendre. Il tambourinait jusqu’à ses tempes, avec une ardeur qui l’oppressait. Et Caliban parlait encore… Il avouait n’être sûr de rien. Il expliquait… il expliquait pourquoi sa fille était si pâle… il expliquait pourquoi elle allait peut-être mourir. Non… C’était trop. C’était un cauchemar. Un horrible cauchemar. Fermer les yeux… Fermer les yeux maintenant, et se réveiller. Maggie aurait voulu redevenir cette enfant qu’elle n’avait jamais vraiment été. Se blottir dans les bras de quelqu’un, et pleurer tout son saoul, tandis qu’on lui murmurerait que le vilain cauchemar s’en était allé.

Mais il n’y avait jamais rien eu de plus vrai que les battements sourds de son cœur. Ils se ralentissaient… bien trop, sans doute. Lassé… il battait avec une sorte d’amertume, plus lent de minute en minute, comme un supplice qui s’éternise, jusqu’au moment où le prochain battement de viendra pas. Comme si… comme si, inconsciemment, elle préférait encore mourir à la place de sa fille. Elle pouvait, n’est-ce pas ? Si une vie devait être ravie, pourquoi pas la sienne, plutôt que celle de son enfant ? Elle n’avait pas peur de la mort… Elle avait peur de celle des autres. De ceux qu’elle tenait si chèrement dans son cœur, sans jamais pouvoir le leur dire. Doucement, Maggie ramena une main jusqu’à son cœur, dans un geste qu’elle ne comprit pas. Ses yeux, deux puits sans fond, fixaient douloureusement le visage de son époux, qui apportait soudainement une petite lueur dans les ténèbres de son regard.

Une lueur qui rima avec le mot solution… Pour s’éteindre tout aussi rapidement, éphémère… Car rien n’était si simple. L’on avait beau le chasser, le désespoir revenait toujours en toute hâte, quand l’espoir avait bien du mal à pointer simplement le bout de son nez. Margaret avait mal… terriblement mal pour sa fille. Elle s’en voulait… Elle s’en voulait d’être si impuissante. La voir souffrir sans rien pouvoir y faire. Ne même pas être en mesure de venir en aide aux recherches de Caliban. N’être là que pour sourire et poser des questions, suspendue aux lèvres de ceux qui voudraient bien lui répondre. Elle voulait agir… avoir l’impression d’y faire quelque chose. Elle s’en voulait de se sentir si mal, quand sa fille souffrait bien davantage, et qu’elle avait besoin d’elle… Elle maudit sa faiblesse. La sienne, et celle de Caliban… C’était lui. Lui la source de ce qui arrivait. Maggie ne pouvait pas s’en empêcher. La vérité était là, crue et terrible : il avait lui-même causé la perte de sa fille.

La voleuse chassa violemment cette pensée, loin dans les ténèbres d’un mystérieux inconscient. Ce n’était pas le moment… Il souffrait autant qu’elle. Plus, peut-être, de ce qu’il venait de se produire. Elle le lut sur ce visage fatigué qui se redressa vers elle, et qui la chamboula, pour une étrange raison qu’elle ne chercha pas à comprendre. Il sembla passer comme une décharge d’électricité statique, et la statue qu’elle était devenue parut revenir à la vie, tandis que Caliban se permettait un compliment irréel, compte tenu de son discours inquiétant. Horriblement inquiétant. Un discours qui se résumait, dans l’esprit de Maggie, à : Nix va peut-être mourir, il y a peut-être une solution, mais aucune garantie de réussite… juste de l’espoir.

Est-ce qu’il lui en fallait plus ?... L’espoir, c’était ce qu’elle savait faire le mieux, n’est-ce pas ? Alors pourquoi se sentait-elle si démunie ? Dans n’importe quelle autre circonstance, les mots du Directeur auraient pu la faire réagir. En bien ou en mal, d’ailleurs… Elle aurait pu rougir, se sentir gênée… Ou bien au contraire lui balancer une réflexion bien sentie au visage. Là, ce fut à peine si elle parut entendre. Comme une automate, elle releva la tête pour l’observer se lever… et tout ce qu’elle fut capable de faire, suite à tout ce qu’elle venait d’entendre, ce fut d’hocher doucement la tête en guise d’assentiment, d’une manière étonnamment neutre. Qui ne dénotait que davantage de son angoisse profonde. Elle ne dit rien, cependant… Qu’y avait-il à ajouter à cela ? Elle ne pouvait pas l’aider… pour elle, ce n’était pas ce troisième Flux, que Nix avait en trop, mais déjà les deux autres. C’était trop pour un être humain… l’explication était aussi simple que ça. Et d’autant plus douloureuse.

Défier les lois de la nature pouvait s’avérer terriblement dangereux. Caliban venait d’en avoir la preuve… Cette idée lui donna la nausée. Elle ferma les yeux, pour calmer un vertige, puis tenta un vague sourire en réponse à celui de son mari qui s’éloignait, pour disparaître dans la salle de bain. Elle n’aurait su en expliquer la raison, mais il émanait de lui quelque chose de rassurant. De purement paradoxal… Suite au départ du Directeur, Maggie resta quelques instants inerte, comme hébétée, fixant le vide devant elle… Jusqu’au moment où un bruit de vaisselle parvint jusqu’à elle, la faisant cligner des yeux, comme sortant d’un songe. Aussitôt, elle tourna la tête en direction du bruit, et se rendit compte avec effroi que c’était sa fille, qui entreprenait de débarrasser la table.

En un mouvement vif, de pur réflexe, Margaret se redressa et entre ouvrit la bouche, pour protester énergiquement. Elle ne voulait pas que Nix se fatigue… Son enfant était en danger de mort. Un truc immonde se baladait dans son sang, aspirant sa vie… Et elle… débarrassait la table. Alors Maggie comprit… et referma la bouche. Elle s’avança jusqu’à la table et entreprit d’aider Nix à faire un peu de ménage, sans pour autant lui demander d’arrêter pour s’asseoir. Elle croyait comprendre ce qu’il se passait dans la tête de la jeune fille… et en aucun cas elle ne voulait l’empêcher d’essayer de se sentir mieux. Si pour se changer les idées, elle voulait débarrasser la table… Maggie la laisserait en débarrasser des millions, pourvu qu’elle se sente un peu mieux après. Mais tout en fixant les étranges cheveux de Nix, qui masquait son visage, sa mère avait le cœur lourd… Lourd de ne pas être capable d’apaiser sa propre fille. Lourd de ne même pas pouvoir deviner si elle pleurait ou non…

Margaret sentit ses jambes trembler sous elle, et se rassit sur le canapé, la respiration saccadée, les yeux fixés sur les gestes de Nix, qui revenait vers elle, et qui… perdit conscience, sous un sursaut violent et un cri de sa mère. La voleuse bondit sur ses pieds en un réflexe miraculeusement rapide, mais qui ne suffit pas à atteindre sa fille à temps… Le teint déjà pâle de Margaret vira au violet, puis au verdâtre lorsqu’elle vit le sang de la jeune fille s’écouler au-dessus de son œil. La panique s’empara de ses mains, qui se mirent à trembler.


- Nix !!!

Etait-ce vraiment elle, qui venait de hurler de cette voix suraiguë, méconnaissable ? Elle ne se posa pas la question. Son cœur avait cessé de battre. Il était mort sous l’inquiétude. L’angoisse avait gagné… Maggie ne maîtrisait plus aucun de ses gestes, et pourtant, ils étaient incroyablement calculés. C’était comme si… comme si elle s’observait de l’extérieur de son propre corps… Elle tendit les bras, hissa le corps inconscient de sa fille contre le sien avec une force qu’elle ne s’imaginait pas avoir, puis la déposa délicatement sur le canapé. En quelques mouvements précautionneux et teinté d’un sang-froid qu’elle n’avait pourtant pas, elle positionna la jeune fille le mieux qu’elle put, de telle sorte qu’elle ne risqua plus rien. Puis elle se pencha, et vérifia son pouls… Tout en elle hurlait de frayeur… Elle, détachée de toute réalité, s’empressait autour de Nix, et perçut les battements irréguliers du cœur de sa fille.

Ce contact fit repartir son propre cœur, quoique bien difficilement, et elle tamponna précautionneusement le filet de sang qui s’échappait du front de la jeune fille. Margaret réfléchissait à toute allure… Bien. Elle s’était évanouie sans doute par fatigue. Du moins, c’était ce qu’elle préférait croire. Sa respiration était à peu près normale… Mais Maggie n’était pas médecin. Juste mère… Cette coupure au front était bénigne. Impressionnante à première vue, mais elle ne faisait pas plus de deux petits centimètres de long. Et rien de bien profond… Bon. Alors se calmer, tout de suite… Et faire quelque chose d’utile.

A peine avait-elle prononcé intérieurement cette résolution qu’elle sentit ses jambes se redresser d’elles-mêmes, et ses pieds la porter à toute vitesse en direction de la salle de bain, la tête tourbillonnant de milles craintes insupportables. C’était à peine si elle se rendait compte d’où elle mettait les pieds, lorsqu’elle osa appuyer sur la poignée de la salle de bain, et constater que Caliban n’avait pas jugé utile de la fermer à clef. Elle s’y engouffra donc, trébuchant sur des vêtements qui traînaient, et se rattrapant de justesse à la poignée.

Haletante, tremblante, elle redressa la tête, et articula péniblement :


- Cal, elle… s’est éva…

Le mot resta momentanément en suspension au bout de ses lèvres, tandis que la surprise se succédait à des émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres, sur son visage. Ses yeux fixèrent le corps nu de celui qu’elle connaissait par cœur, comme si elle peinait à analyser la situation telle qu’elle se trouvait être réellement. Dans un souffle, elle termina, la main serrée sur la poignée, pour éviter de perdre l’équilibre :

- … nu… heu... nouie.

Maggie ferma les yeux, sans même s'apercevoir de son petit lapsus révélateur, et du potentiel ridicule de la situation. Elle aussi, aurait bien voulu s’évanouir…
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Caliban Leviaz
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MessageSujet: Re: Soirée en famille [Leviaz]   Soirée en famille [Leviaz] EmptyDim 18 Mai - 20:36

C'était sous l'eau que Caliban sentait ses idées les plus claires. Depuis toujours, il prenait soin de s'enfouir sous la pluie, sous l'eau plus généralement, comme si toutes ses capacités n'étaient réelles que dans le liquide. C'était une des raisons pour lesquelles il s'était attaché à ce Val sous les neiges, à ce lac artificiel qu'il avait créé grâce au barrage. Le froid et l'eau : il était dans son royaume, au fond. Une fois nu, il avait pénétré dans sa douche ignorant royalement le bain qui ne lui servait que très peu souvent, que quand il avait du temps pour lui. A son souvenir, cela revenait à un siècle... cela faisait bien tout ce temps qu'il n'avait pas pensé à lui-même. A moins que ce ne soit qu'une idée, qu'une impression qui faisait de ces derniers jours d'inquiétudes et de combats des années sombres.

Il laissait ses doigts errer le long du robinet, puis sur le fameux bouton pour la fonction massage. S'il ne se permettait qu'une douche, il avait besoin de se ressourcer, de devenir liquide, juste un instant, pour mieux pouvoir penser à sa fille. Il détestait ce qu'il leur arrivait en ce moment. D'une part, parce qu'il était hors de question que son enfant souffre, pour une quelconque raison. D'autre part, parce qu'il ne se sentait pas capable de l'aider. Il était comme cela, non ? Incapable. Il n'était que le responsable de nombreux fléaux. Alors en quel honneur pourrait-il sauver, lui, sa fille ?

Les jets d'eau martyrisaient les muscles de son dos. Enfin, ce n'était pas non plus négatif. Après ces nombreuses tensions, il avait l'impression de passer à la machine à laver, suite à un besoin de purification. Automatiquement, il laissa ses pensées errer jusqu'à ses soucis les plus inquiétants... et ce n'était pas le statut de l'Ecole, qui lui faisait du mal, c'était... c'était sa fille. Sa fille qu'il ne voulait pas perdre. Sa fille qui risquait de mourir par sa faute. Il se devait donc de se souvenir de tout ce qu'il avait observé d'elle jusqu'ici. A quel moment avait-elle eu ce Flux inconnu ? S'il lui semblait évident que ce soit le dernier pouvoir qu'il lui avait insufflé qui avait secoué son système sanguin, cela n'expliquait pas pourquoi il n'avait pas remarqué le Flux inconnu. Pourquoi avait-il fait une faute aussi... détestable ? A quel moment avait-il baissé sa concentration pour en arriver là ?

Un instant, il se demanda si l'état de Nix et le piège dans lequel ils étaient royalement tombés avaient un lien, ne serait-ce que quelconque. Il avait suffisamment confiance en sa fille pour savoir que si elle n'avait eu aucun problème, elle aurait su gérer la situation. Là, elle n'avait pas pu superviser. Heureusement qu'Eva avait su prendre la chose en main... sans la professeur de la Luxure, il n'y aurait peut-être pas eu de survivants. Caliban commença à se savonner, le front plissé par une ride témoignant ses réflexions. Ce furent ces-dernières qui l'empêchèrent d'entendre ce qu'il se passait dans le salon. Il aurait pu, s'il n'était pas sous l'eau, pouvoir faire attention à le bruit de la chute, ou simplement au cri de sa femme. Mais non. Il se rinçait, profitant des derniers instants sous l'eau à sentir ses pensées précises...

... et la porte s'ouvrit, poussée par sa femme qui manqua de tomber. Il avait eu le temps de sortir de la douche pour tenter de la rattraper, mais elle avait retrouvé son équilibre, et, trempé, ses cheveux plaqués à son visage, et dans le plus simple appareil, il fixait Margaret avec un regard inquiet. Evanu ? Eva nue ? Pourquoi lui parlait-on d'Eva à cet instant précis ? Surtout qu'il serait plus juste d'entrer en trombe en s'étonnant qu'Eva soit habillée, que nue... Et puis son cerveau se remit en marche, après ce court instant où il avait été comme avorté - ou éjecté - de son propre élément. Sa fille s'était évanouie.

Le Directeur arracha littéralement deux serviettes du porte-serviettes - logique - pour en nouer une autour de sa taille, et s'essuyer vivement les cheveux, le visage et les mains avec l'autre. Un seul regard fut accordé au salon, pour qu'il puisse juger de la situation. Il fut dans son bureau en très peu de temps, prit le combiné du téléphone et tapa le numéro du médecin scolaire. Violette McGuire. Son impatience, alors qu'il écoutait les tonalités de l'appareil, était presque sensible. Quand enfin elle décrocha, il était loin d'avoir la voix d'un amant à sa maîtresse. Caliban semblait avoir tout oublier, et n'avoir retenu qu'une seule chose : Nix était dans un état critique. Ce fut donc un père au bord de la crise de nerfs qui parla au Docteur.


-Violette, j'ai besoin de toi. Nix vient de s'évanouir, elle s'est blessée au front. Elle est dans un état critique, quelque chose d'anormal se passe avec son Flux... difficile à expliquer au téléphone, je te demande juste de venir la soigner et me dire si elle craint quoi que ce soit. Au cas où, si tu as des médicaments pour calmer la douleur et pour endormir, je suis preneur.

Et sans attendre de réponse, il raccrocha, pour aller ouvrir la porte, puis retourna dans sa chambre, pour enfiler un boxer noir et une chemise blanche qu'il ne boutonna pas - pas le temps -, pour ensuite s'installer près de sa fille. Assis par terre, les cheveux encore humides, il se rongeait les sangs. Sa femme avait fait tout ce qu'il fallait pour mettre en sécurité Nix avant l'arrivée du médecin, il était donc parfaitement inutile, là, avec un visage marqué par la peur et les remords, qui venait de prendre soudainement quelques années de plus. Cela lui était, d'ailleurs, au moins aussi douloureux que le reste.

Il n'était rien... rien que celui qui blessait son propre enfant.
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